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Eboulements de sites d’or : Les filons du désespoir

Publié le jeudi 9 avril 2009 à 01h49min

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La série noire sur le site du métal jaune de Doré (dans le Yatenga) se poursuit. Dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril 2009, trois orpailleurs y ont encore trouvé la mort par suite d’éboulement. En février dernier, quatre chercheurs d’or de la localité avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances.

Et Doré, contrairement à son nom aux consonances hâlées, n’est que le drame qui cache la calamité qui sévit sur bien de sites d’orpaillage où ne règne qu’une seule règle : pas de règle.

En août 2008, trente-quatre corps sans vie sont exhumés des décombres de la mine d’or de Boussoukoula dans le sud-ouest burkinabé. Dans la mine désaffectée de Poura, deux effondrements, survenus, l’un en juillet et l’autre, en août 2006 ont causé le décès d’au moins une vingtaine de personnes. La même année à Kyon, dans le Boulkiemdé, le site aurifère d’Epara a mangé, comme on le croit chez nous, deux personnes.

Et la liste macabre est loin d’être exhaustive. Incurie de la part des enragés du métal précieux ? Comportement suicidaire dû à la pauvreté ? Incapacité des puissances publiques à organiser un secteur d’activités en passe de transformer les trous en caveaux collectifs pour tous ceux qui s’y aventurent ?

Tous ces trois facteurs à la fois. Une responsabilité collective. Un cocktail mortifère qui a fini par transformer les sites d’orpaillage en fosses communes. En pareille circonstance douloureuse, il faut, malgré tout, éviter de sauter de l’autre côté du cheval : pointer du doigt l’Etat et rien que. Si les autorités nationales et locales ont tort de ne réunir ou de ne pouvoir faire appliquer les mesures de sécurité autour de certaines zones aurifères, les orpailleurs qui ont fait de la désinvolture leur modus operandi sont les premiers responsables de ce qui leur arrive.

La pauvreté, quelle que soit sa sévérité, ne saurait excuser l’insouciance de ces « s’en fout la mort » qui rusent avec le destin. Stupéfiant comportement qui rappelle celui de ces jeunes Africains qui, pour fuir la misère dans leurs pays, tentent de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune. Bien que ces traversées se soldent le plus souvent par des tragédies, les candidats à l’émigration clandestine foisonnent sur le continent noir.

A quelques mois de la saison pluvieuse, moment des grands risques d’éboulement, le drame de Doré sonne comme une alerte. Mais, malgré l’arrêté gouvernemental qui interdit l’exploitation artisanale des sites durant l’hivernage, l’on ne pourra rien contre cette ruée suicidaire vers les galeries, ou plutôt vers les filons du désespoir au bout desquels se trouve la mort.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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