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Plantes génétiquement modifiées au Burkina : Après le coton, cap sur le niébé Bt

Publié le lundi 23 mars 2009 à 00h10min

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Pour l’année 2008, le rapport sur l’état mondial des Plantes génétiquement modifiées (PGM) indique un accroissement de la superficie mondiale cultivée avec les plantes biotechologiques et un accroissement du nombre de pays engagés sur cette voie. Les informations ont été dévoilées par Burkina Biotech Association (BBA) au cours d’une conférence de presse, le 18 mars 2009 à Ouagadougou. C’était en présence du ministre délégué chargé de l’Agriculture.

Le Burkina Faso et l’Egypte ont rejoint en 2008, l’Afrique du Sud sur la liste des pays africains engagés dans la culture des Plantes génétiquement modifiés (PGM). Et cela porte le nombre de pays cultivant des PGM à 25 à travers le monde. De 6 pays en 1996 (première année de commercialisation) à 8 pays en 2003 et 25 pays en 2008, on assiste à une augmentation du nombre des pays adeptes de la biotechnologie agricole. Des 3 nouveaux pays enregistrés en 2008, deux sont issus du continent africain (Burkina Faso, Egypte). La Bolivie est le 3e pays. Sur les 25 pays cultivant des PGM, 15 sont en développement et 10 sont développés. Selon les estimations, si la tendance à l’adoption des PGM se poursuit, le nombre de pays sera porté à 40 d’ici à 2015.

En Afrique où les défis en termes de sécurité alimentaire et de production agricole sont grands, les spécialistes estiment que l’adoption de la culture des PGM par ce continent est une bonne chose. Ainsi, la décision du Burkina Faso en 2008 de produire 7 500 hectares de semences de coton Bt et de l’Egypte de commercialiser pour la première fois, 700 ha de maïs Bt est d’une importance stratégique pour le continent africain. Pour la première fois, il y a un leader commercialisant des PGM dans trois régions du continent : l’Afrique du Sud en Afrique australe, le Burkina Faso en Afrique de l’Ouest et l’Egypte en Afrique du Nord.

Les PGM occupent plus de terre

La surface cumulée des PGM de 1996 à 2008 dépasse (800 millions d’hectares). Le soja est toujours la principale PGM. Il est cultivé sur 65,5 millions d’hectares, soit 53% des surfaces mondiales des PGM cultivées. Il est suivi du maïs (37,5 millions d’hectares, soit 33%), du coton (15,5 millions d’hectares ou 12%) et du colza (5,9 millions d’hectares ou 5%).
De 1996, date du début de la commercialisation, à 2008, la tolérance à un herbicide a été le principal caractère des PGM. Mais de plus en plus, les PGM à double ou triple caractère ont fait leur apparition. Dix pays ont cultivé des PGM à caractères combinés en 2008.

Les caractères combinés selon le Dr Roger Zangré de Burkina biotech association (BBA) sont un aspect très important et la tendance du futur. "Ils répondent aux besoins multiples des agriculteurs et des consommateurs". Les caractères combinés sont de plus en plus développés par dix pays : Etats-unis, Canada, Philippines, Australie, Mexique, Afrique du Sud, Honduras, Chili, Colombie et Argentine. Sept des dix pays sont en développement. Pour la Commission mondiale sur l’environnement, "le développement durable est le développement qui satisfait les besoins du présent, sans compromettre la possibilité des générations futures à satisfaire leurs besoins propres". Vues sous cet angle, indique le Pr Alassane Séré, président de BBA, "les PGM ont contribué fortement au développement durable de plusieurs façons significatives" : contribution à la sécurité alimentaire et aux aliments plus abordables (prix plus bas), conservation de la biodiversité, contribution à l’atténuation de la pauvreté et de la faim, réduction de l’empreinte environnementale de l’agriculture.

A cela s’ajoute la limitation du changement climatique et la réduction des gaz à effet de serre, la contribution à la production rentable de biofuel et la contribution à des bénéfices économiques durables.
Après avoir récolté pendant longtemps 450 kg de coton conventionnel à l’hectare, Casimir Zoungrana de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) a été agréablement surpris par son exploitation de coton Bt en 2008 : 1,287t/hectare. Sur le même terrain, le rendement de coton Bt est d’environ 3 fois celui du coton conventionnel. Face à un tel résultat, le représentant du président de l’UNPCB à la conférence de presse est convaincu de ce qui suit : "le coton Bt participe à la lutte contre la pauvreté (...) merci aux chercheurs burkinabè qui ont fait un bon travail au profit de leur frères cotonculteurs (...) ceux qui s’élèvent contre le coton Bt veulent mettre le Burkina Faso en retard".

Du niébé Bt au Burkina

Pour le ministre délégué en charge de l’Agriculture, Abdoulaye Combary, après le coton Bt, le Burkina Faso va bientôt passer au niébé Bt. Des chercheurs burkinabè se sont investis dans cette recherche qui va connaître aussi l’implication de producteurs burkinabè. Le Burkina Faso, le Ghana et le Nigeria représentent à eux trois 70% de la production mondiale de niébé. Pour le ministre Combary "le Burkina Faso est en mesure de fournir une production plus importante de niébé si le ravageur marcuta vitrata, foreur des gousses, ne dévastait pas tant la production au point de remettre en cause notre sécurité alimentaire et les alternatives pour l’amélioration des revenus agricoles". Et comme pour réaffirmer l’option prise par le pays en faveur des OGM, le ministre délégué ajoute ceci : "Au Burkina Faso, nous nous sommes dotés d’instruments environnementaux, juridiques et de protocoles de recherche transparente pour ne pas laisser le doute nous conduire au renoncement". En attendant le niébé Bt, le Burkina Faso, pour le coton Bt, est passé au cours de la campagne agricole écoulée, à la production de semences des variétés FK 37 et STAM 59 A.

L’objectif est l’emblavement, cette année, de près de 450 000 hectares de coton Bt (Bollgard II). La capacité de la recherche burkinabè à produire les semences Bt lève la contrainte de la dépendance vis-à-vis des firmes étrangères. Aujourd’hui, le pays sert d’exemple dans l’espace CEDEAO pour ses capacités de développement de la biotechnologie avec le coton Bt dans un contexte juridique de biosécurité.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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