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Lycée provincial du Zondoma : Les cours suspendus

Publié le vendredi 23 janvier 2009 à 16h02min

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Les enseignants du lycée provincial du Zondoma ont décidé de l’arrêt des cours le lundi 19 janvier 2009. Ils demandent à voir les notes qui leur ont été attribuées par leur proviseur. Ils exigent en outre le retour du censeur affecté sans son consentement au cours du mois de novembre et aussi la gestion rationnelle du patrimoine du lycée.

Lycée provincial du Zondoma. Lundi 19 janvier 2009. 9 heures. Les élèves présents depuis 7 heures discutent par groupes dans la cour. Les enseignants, eux, sont en concertation devant le bâtiment administratif principal. Visiblement un malaise couve au sein de l’établissement. A peine arrivé sur les lieux, un enseignant, détaché de ses camarades est venu à notre rencontre. Renseignements pris, nous sommes invité à nous installer dans la salle des professeurs.

« Nous avons arrêté les cours pour exiger des réponses claires à une plate forme revendicative que nous avons soumis depuis le mois de décembre à notre hiérarchie. Nous sentons qu’on veut nous tourner en rond. A Partir d’aujourd’hui si on ne trouve pas des solutions à nos préoccupations, nous ne remettrons plus pied en classe », martèlent nos interlocuteurs. Le premier point concerne l’affectation du censeur survenue au cours du mois de novembre, jugée arbitraire par ses défenseurs. « Elle ne rencontre pas l’assentiment de l’intéressé, et la diligence avec laquelle le dossier a été traité laisse entrevoir un règlement de compte », argumentent-ils.

Pendant que nous échangions, un des délégués du personnel, parti répondre à un coup de fil dans le bureau du proviseur, est revenu rendre compte à ses camarades, disant que le directeur régional de l’Enseignement secondaire a annoncé la réaffectation du censeur sur autorisation du ministère de l’Enseignement secondaire. « Pas question de reprendre les cours tant qu’il ne reprend pas service », apprécie l’ensemble du groupe. Ils préviennent d’ailleurs que même si le censeur revenait, ils ne reprendront pas les cours sans la satisfaction du deuxième point de leur revendication notamment le retour des fiches de notation.

A ce propos, les enseignants en veulent au proviseur d’avoir fait acheminer clandestinement les fiches à la hiérarchie sans passer par la phase d’entretien précédant la notation, ni les informer de la note qui a été attribuée à chacun d’eux conformément aux dispositions du nouveau système de notation des agents de la Fonction publique. Il leur serait revenu que leurs notes seraient les plus mauvaises comparées à celles des autres de la région du Nord. C’est pourquoi, leur détermination à découvrir le sort qui leur a été réservé et au besoin demander des explications à qui de droit en se fondant sur l’esprit de la loi. « C’est grâce à nous que le lycée, successivement quatre années durant, produit de bons résultats au sortir des examens scolaires. Il n’y a pas de raison que nous nous laissons brimer », soutiennent les grévistes.

Les professeurs avaient auparavant observé un arrêt de travail le 15 décembre 2008 pour exiger la résolution de ces deux points cités plus haut. Les élèves les avaient appuyés le même jour par une marche en direction du haut-commissariat pour exiger la reprise des cours. Ce qui aboutit à une rencontre de concertation entre les protestataires et le DR de l’enseignement secondaire du Nord en présence des autorités provinciales du Zondoma. « A cette occasion, le DR régional avait promis de tout mettre en œuvre pour une issue favorable en utilisant les congés du premier trimestre à cette fin » explique Zakaria Sawadogo, délégué du personnel. Promesse n’aurait pas été tenue.

Las d’attendre, deux semaines après la reprise des classes, les enseignants confient avoir approché le proviseur pour s’enquérir de l’évolution des points de discorde. Ils auraient été écœurés par les réponses et le comportement de ce dernier à leur égard. Sur le champ, ils ont pris l’ultime décision de ne plus remettre les pieds en classe tant que leurs revendications ne sont pas exaucées. Rencontré dans son bureau, le proviseur, Yacouba Traoré, avoue avoir transmis les notes sans un conciliabule avec chacun de ses agents. « J’ai reçu une fiche pour chaque agent au lieu de quatre, je n’ai reçu ni lettre de mission ni de contrat.

On m’avait donné comme instruction d’attribuer des notes entre 6 et 8 pour ne pas pénaliser les agents afin qu’ils puissent bénéficier de leurs avancements. C’est ce que j’ai fait », se défend l’incriminé. Selon lui, c’était en fait une simple formalité pour combler un retard qui concerne l’année 2007/2008. « Moi-même qui suis assis, je n’ai pas vu ma note, ni une copie de ma fiche », jure-t-il la main sur le cœur. Il minimise en disant que les notes précédentes ne seront pas prises en compte et que le personnel devrait être réévalué à travers de nouvelles fiches en sa possession.

Ses subalternes ne croient pas à cette dernière explication. Campés sur leur position, ils attendent le retour des fiches précédentes ou rien. Lesdites fiches, à en croire le proviseur, sont dans les tiroirs du ministère de la Fonction publique. Le premier représentant de l’Enseignement secondaire du Nord aurait promis, au dire du proviseur, d’user de tout son pouvoir pour renvoyer les fiches dans les prochains jours. Chose que les enseignants disent attendre avant de lever le mot d’ordre. Au sujet du censeur, le proviseur chante n’avoir aucune raison de vouloir de son affectation.

C’est le 23 novembre 2008, que le partant, Adama Ouattara, a reçu la décision le nommant censeur au lycée professionnel de Ouahigouya sans un remplaçant à son ancien poste. « Le personnel appréciant le travail abattu par le censeur, et son sens de l’organisation, ne souhaite pas le voir partir contre son gré », ne cessent de répéter ses collègues. Les élèves, par la voix de leur délégué, souhaitent ardemment qu’un terrain d’entente soit trouvé afin que les cours reprennent dans la sérénité.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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