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Expertise militaire burkinabè : De l’ombre à la lumière

Publié le lundi 11 août 2008 à 10h49min

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Djibrill Yipènè Bassolé est, depuis le 1er août 2008, le négociateur en chef de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations unies au Darfour. Avec sa nomination, c’est la diplomatie burkinabè qui gagne en galons. Mais bien plus, c’est l’Armée nationale qui en tire une légitime fierté. Djibrill Bassolé n’est-il pas avant tout un bidasse bon teint, un officier supérieur de gendarmerie ?

Il n’est pas exagéré d’affirmer que les Forces armées burkinabè reviennent de loin, grâce au choix porté sur le ministre des Affaires étrangères. C’est une franche revanche sur l’histoire, quand on sait que la même armée avait mauvaise presse, ou du moins n’avait pas bonne presse il y a de cela quelques années seulement. Comment oublier, en effet, que ces militaires étaient voués aux gémonies par les grandes puissances occidentales, particulièrement au début des années 1990 ?

Cela coïncide tout naturellement avec la guerre civile libérienne où les soldats burkinabè étaient aux côtés de leur allié Charles Taylor. Ils étaient même en première ligne. A ce qu’on dit, ils auraient infligé des défaites mémorables aux soldats d’un pays de la sous-région qui a vocation d’être le gendarme de l’Afrique de l’Ouest. L’humiliation était si douloureuse que le chef d’état-major général des Armées de l’Etat en question avait menacé de larguer des bombes sur Ouagadougou pour réparer en partie le préjudice subi par ses hommes au Liberia. C’est dire que les soldats burkinabè ont en eux une valeur intrinsèque ; et ils auraient un attachement certain à l’honneur. N’est-ce pas pour cela que le général Sangoulé Lamizana, en bon soldat, a choisi d’être mis en bière au cimetière militaire de Gounghin, à coté du soldat inconnu ?

Dans l’histoire politique mouvementée du Burkina Faso, ce sont les hommes en treillis qui ont toujours joué les premiers rôles dans les changements intervenus au sommet de l’Etat. Les coups d’Etat à répétition sont leurs œuvres. Du reste, malgré les costumes cravates qu’il porte allègrement de nos jours, Blaise Compaoré, l’actuel chef de l’Etat, est un capitaine à la retraite. C’est donc moins la valeur de leurs actions que l’opportunité de celles-ci qui était en cause. Mais il y a belle lurette que les militaires burkinabè ont fait leur mue, si bien que leur professionnalisme et leur dévouement ont été reconnus par la communauté internationale. Le chef suprême des armées, lui-même, a accumulé des victoires diplomatiques. Ainsi, alors que des diplomates chevronnés ont « cassé leur pipe » dans la recherche de solutions à la crise ivoirienne, c’est le militaire Compaoré qui a su trouver le remède adéquat pour remettre le processus de paix sur les rails.

L’expertise burkinabè a aussi été appréciée par le savoir-faire des forces paramilitaires qui se sont dignement comportées dans les missions de maintien de la paix des Nations unies, particulièrement en Haïti. Au Burundi et en République démocratique du Congo, ils ont également fait œuvre utile. La désignation de Djibrill Bassolé - ci-devant ministre des Affaires étrangères mais surtout colonel de la gendarmerie - par l’Union africaine et l’ONU comme médiateur en chef de ces deux structures au Darfour est donc une promotion logique. En outre, le pays des Hommes intègres doit déployer sur le terrain quelque 800 hommes dès le mois de septembre pour assurer la sécurité des paisibles citoyens de cette partie du Soudan. C’est une autre expérience qui sera certainement mise à profit pour arracher d’autres lauriers.

Adam Igor

Journal du jeudi

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