Coupe du Faso 2008 : L’EFO décroche le Graal
Un triplé de Eric Dagbeï a permis à l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) de briller de tous ses éclats au firmament. En disposant de l’USO 3 buts à 2 en finale de la coupe du Faso, la reine des stades, en plus de confirmer sa bonne tenue cette saison, réalise un remarquable doublé (championnat + coupe nationale). Il y a belle lurette qu’une formation n’avait réalisé pareille performance.
Ce qui est dommage avec les grosses affiches (de football s’entend), c’est que le spectateur, qu’il soit assis en tribune ou calé au fond de son fauteuil, n’est jamais assuré de la qualité du jeu qui va lui être proposée. Pire, ce qui souvent devrait être une superbe fête pour les amoureux du sport-roi se transforme en un spectacle pitoyable. La finale de la coupe du Faso 2008 ayant opposé l’EFO à l’USO n’a pas atteint cette extrême mais elle n’a pas non plus embrasé les foules.
Le spectacle aurait pu être plus intéressant si sur la faute de main de Idriss Konaté consécutive à un coup-franc de Alain Milougou, l’arbitre ivoirien Arthur Dominique Koffi avait fermé les yeux sur un hors-jeu de position pour accorder ce “but casquette” (2e mn). Cet avertissement sans frais a vite scié le moral des Unionistes de Ouagadougou. Du coup, le ballon tourne souvent en rond, et pas seulement en raison de sa circonférence. Le jeu d’un côté comme de l’autre se délite une fois arrivé aux abords de la “Terre promise”. Avantage tout de même aux Stellistes, qui, mieux outillés techniquement que leurs adversaires, monopolisent le cuir. Sans génie et sans réussite dans leur volonté d’ailleurs d’élever le rythme.
Le triplé de Dagbeï
Dans les rangs stellistes, un joueur était assis sur le banc et attendait patiemment son heure. Les circonstances vont évoluer en sa faveur, et, quand Abdoulaye Yaméogo sur un duel se blesse, il prend pied sur l’aire de jeu. Eric Dagbeï, à lui tout seul, allait porter l’EFO à bout de bras pour aller crucifier l’USO. Le show Dagbeï commence à la 34e mn quand sur un billard, il se retrouva au bon endroit et au bon moment pour ouvrir le score. Il était même à un doigt de réaliser le doublé avant la pause mais il manquera l’immanquable (45e mn). Avec l’ouverture du score, l’USO était comme la tête dans un sac. Les Unionistes ont proposé un ersatz de football jusqu’à la période d’oxygénation. Sommée de réagir, l’USO ne tardera pas à se signaler. Ce, sur un coaching gagnant de son entraîneur. Félix Kaboré, entré en jeu, remettait les pendules à l’heure sur sa première balle (52e mn).
On pensait sans doute sortir de la léthargie de cette finale. Mais les enfants de Larlé allaient choisir encore de décélérer. Là où l’EFO proposait un rapide jeu de passes et une véritable cohésion d’ensemble, l’USO répondait par des initiatives individuelles, le plus souvent vouées à l’échec. Dans l’adversité, les Unionistes de Ouagadougou n’ont pas su répondre collectivement. Eric Dagbeï, dans une défense de l’USO aux abois redonnait l’avantage à l’EFO (69e mn). Idriss Konaté permettait même aux enfants du colonel Tientarboum de rester en vie quand sur une tête à bout portant de Oumarou Nebié, il alla chercher, on ne sait où, une claquette pour mettre le ballon en corner au prix d’une élongation. Il n’a fait que retarder l’échéance. Eric Dagbeï (encore lui) viendra taper plus fort sur la tête du clou unioniste, réalisant ainsi son triplé de la soirée (81e mn).
Le collectif de l’USO se liquéfie sous le poids de la pression. Les hommes de Isaac Aquaye ont rompu sous le poids de l’adversité qui a mis en lumière certaines de leurs lacunes mentales. Un collectif en déliquescence, des individualités en difficulté, l’USO ne pouvait plus espérer grand chose. La réduction du score par Roger Nikièma (90e + 4 mn) dans le temps additionnel n’aura fait qu’aviver des regrets que l’USO a traînés sur le chemin de son retour dans son quartier général. L’EFO, elle, décroche le Graal. Avec ce doublé, ses supporters sont plus que jamais dans le nirvana. Il y a bien longtemps qu’ils attendaient cela.
Béranger ILBOUDO
Les impressions du Premier ministre, Tertius Zongo
Il faut que nos stades se civilisent un peu, qu’on voie des jeux plaisants mais qu’on voie des spectateurs qui viennent pour supporter leurs clubs. La façon dont la finale s’est passée montre que notre football a gagné en maturité. Le jeu était plaisant. Il y avait des spectateurs des deux camps qui rigolaient entre eux et qui ne soutenaient que le match. Donc on a vu de très belles choses.
Le coup de pousse du gouvernement pour les deux clubs qui représenteront le Burkina en campagne africaine, nous devons le faire et je peux vous assurer que le gouvernement depuis un certain temps essaie de faire sa part, de dire ce qu’on peut faire et de dire ce qu’on ne peut pas faire. On ne peut pas tout faire, mais nous pensons que le premier élément de la réussite, ce sont les joueurs eux-mêmes. Qu’ils soient convaincus qu’ils représentent des clubs. Et si ce n’est qu’eux onze qui montent sur le terrain, c’est parce qu’on a estimé que c’est eux qui peuvent défendre les couleurs. Donc je continue d’encourager les joueurs, j’encourage l’encadrement à se mettre au sérieux, à mettre de la discipline et vous pouvez être sûr que l’Etat va les soutenir.
Adama SALAMBERE
Sidwaya