Montée en D1 : L’AS Koupèla saura-t-elle se défaire de ses démons internes ?
Problèmes de primes et de salaires, refus de joueurs de s’entraîner, crise entre coach, joueurs et dirigeants du club, depuis plusieurs mois une tempête secoue l’AS Koupèla. A l’instar des autres saisons, les vieux démons de l’AS K, ont refait surface. De la première place que l’AS Koupèla croyait enlever haut les mains à la phase aller de la D2, le club a été devancé par le Nalambou FC de Fada.
En observant certains faits et gestes, nous alertions dans l’un des numéros de Sidwaya du mois de juin 2008, que si rien n’est fait, il y a fort à parier que l’AS Koupèla (ASK) connaisse une crise. Et c’est ce qui est arrivé. Problèmes de primes et de salaires, refus de joueurs de s’entraîner, crise entre coach, joueurs et dirigeants du club …. Cela fait des mois que l’AS Koupèla est ébranlée. Pour les observateurs avisés, les vieux démons de l’AS Koupéla ont refait surface. Le premier cité de ces démons porte le nom : rumeur et intrigues. Le coach Kassem Bamba, nouvellement engagé, n’a pas mis du temps à vivre l’amère expérience.
Le 13 juin 2008, l’ASK devrait jouer à domicile contre Canon du Sud, un club de Ouagadougou. Quelques jours avant, le coach Kassem Bamba apprend que des joueurs veulent vendre le match. Des noms sont cités. Vrai ou faux ? Le coach n’hésite pas à prendre ses responsabilités. Il écarte de l’effectif près de huit (08) joueurs-clés. Les conséquences sont automatiques et fatales. L’AS Koupèla est battue à domicile 1à 0 par Canon du Sud. C’était la première défaite de l’AS-Koupèla dans la D2. Les supporters de Koupèla, tels qu’on les connaît, sont exaspérés. S’en suivent des invectives à l’endroit du coach. Quelques semaines plus tard, le coach découvrira qu’en fait, ce n’était qu’un montage d’anciens membres du bureau du club. Pour quel but ?
Mystère et boule de gomme. Mais Koupéla avait perdu ses trois points.
Fort heureusement, le coach, en bon pédagogue, réussit à calmer la tempête. Les matchs suivants, l’ASK remonte la pente et en déplacement, étrie Kaya 4 à 1 et bat à domicile le Santos FC, 1 à 0. L’on était maintenant à une journée de la fin du premier tour. Si Koupéla gagnait son dernier match contre le Nalambou FC de Fada, il prenait la tête de sa poule. Mais c’était sans compter avec les effets du plus pugnace des démons du club, à savoir le nerf de la guerre. L’argent. A l’instar des autres années, sur le plan financier, la situation de l’AS Koupéla est pitoyable, cette saison. Les caisses sont vides. Le bureau dirigeant semble naviguer à vue.
Les vieux démons ont refait surface…
Malgré cette donne, le club a recruté le nouveau coach pour un salaire mensuel de cent mille (100 000Fcfa). Aux joueurs, il a été promis 22. 000 Fcfa comme salaire mensuel et 20. 000F de prime de signature. Mais peut-on tenir ces promesses avec une caisse vide ? Ne pouvant pas payer les joueurs, les dirigeants se sont vu obligés de s’entendre avec une restauratrice de la place qui nourrit les joueurs à crédit. Conséquence. A la fin de la phase aller, l’ASK se retrouve avec une dette envers la restauratrice d’environ un million deux cent mille (1 200 000 FCFA). Aucun joueur n’a eu droit à ses primes, n’en parlons pas de salaire. S’il est vrai que les joueurs ne souffrent pas de faim, puisque mangeant chaque jour chez la restauratrice, les dirigeants du club ne devraient pas oublier que des joueurs vivent avec leurs épouses et des enfants. Et qu’en conséquence, il faut souvent de l’argent de la popote pour Madame. Aussi, n’en pouvant plus, les joueurs décident de prendre en otage le dernier match.
L’astuce étant de mettre la pression sur les dirigeants du club pour avoir leurs salaires. Ainsi à l’approche du dernier match contre le Nalambou FC de Fada, les joueurs refusent de s’entraîner. C’est à la veille du match, que le club renoue avec le terrain. Mais, le moral n’y était pas. En dépit des conseils, certains joueurs optent de ne pas jouer, s’ils ne rentrent pas en possession de leurs primes et salaires. C’est le cas du gardien titulaire Agassa. Résultat. L’ASK s’incline par 0 à 1 à Fada et perd du coup, la première place. Avec 15 points, Koupéla est désormais deuxième à un point du Nalambou FC. L’atmosphère se dégrade. Il fallait nécessairement réagir pour que le club ne sombre pas. Comme à chaque année, on fait appel aux « pompiers ». Il s’agit du colonel Jean Baptiste Parkouda et Salif Kaboré, DG de la SONABEL. Une mission est dépêchée à Ouagadougou. Elle revient avec une enveloppe d’environ cinq cent mille francs. On essaie d’éponger les dettes urgentes. Le duo colonel Parkouda-Salif Kaboré fait le déplacement de Koupéla et tient un tête-à-tête avec le coach. Celui-ci reçoit des garanties pour son traitement salarial mais aussi des consignes claires. Il devrait avoir pour seul objectif, la montée du club en D1. Désormais, le coach n’aura à répondre que d’eux.
Le colonel Parkouda et Salif Kaboré comme « pompiers »…
Kassem Bamba reprit en main ses hommes et entama le second tour. Le premier match se solde par une belle victoire à l’extérieur sur l’Union sportive de Pô, 2 à 1, le samedi 19 juillet dernier. Le second match, à Koupèla, l’ASK l’emporte par 2 à 0 face à l’ESO de Ouagadougou. L’on se disait que tout est rentré dans l’ordre pour le club. Mais erreur. Depuis lundi 28 juillet, le terrain est vide. Ni joueur ni coach ne sort pour les entraînements. Renseignements pris, le coach et ses hommes sont en grève pour réclamer primes et salaires. Le mardi 29 juillet, une rencontre de concertation entre dirigeants et le coach se termine en queue de poisson. Au même moment, d’autres problèmes, pas des moindres, tapissent dans l’ombre. Il s’agit notamment des équipements sportifs. L’ASK souffre cette saison d’un manque criant d’équipement. Le club ne dispose qu’un seul jeu de maillots. La preuve, le gardien titulaire par exemple, n’a qu’une seule paire de gants qu’il utilise et pour les séances d’entraînement et les compétitions.
Côté supporters, le club n’attend rien comme appui. Que peut-on espérer de supporters désorganisés et sans bureau de coordination ? Quand il s’agit d’invectiver, plusieurs supporters sont forts mais quand il s’agit de mettre la main à la poche, on n’en voit peu. De soutiens des fils et filles de la province, le club n’en espère pas beaucoup. En dehors du colonel Parkouda, Salif Kaboré et Idrissa Yamba dit Idrissa le gros (président du club), la plupart des fils et filles de la province, certainement découragés par la gestion chaotique des finances du club des années passées, ont fermé leurs bourses aux sollicitations des dirigeants du club. Cette situation avait d’ailleurs conduit au renouvellement du bureau du club en 2007. Ce renouvellement avait suscité des espoirs pour le club. Plusieurs avaient alors cru que cette année serait la bonne pour la montée en D1.
Du reste, tout avait d’ailleurs bien démarré pour l’AS Koupèla, cette saison. Coup sur coup, l’équipe a aligné des victoires sur ses installations comme à l’extérieur avec en prime, une historique victoire sur l’ASFA Yennenga aux éliminatoires de la Coupe du Faso. Dès son arrivée, le coach Kassem Bamba avait acquis la confiance du public sportif du Kourittenga. Normal. N’est-ce pas lui qui a fait monter l’USY (l’Union sportive du Yatenga) en D1, la saison dernière ? A la 2è journée de la phase aller, il nous faisait la déclaration suivante : « J’ai les joueurs qu’il faut pour monter l’équipe en 1ère division ». Mais l’AS Koupéla saura-t-elle vraiment se défaire de ces vieux démons ? Wait and see.
Onésime Aké Loba LANKOANDE
AIB/Koupéla
Sidwaya