L’enfant fait partie des groupes vulnérables. Et l’infection à VIH constitue une situation aggravante. Selon les spécialistes, depuis plus de 20 ans, l’humanité vit la pandémie du VIH/Sida. Mais très tôt, les épidémiologistes et les différents acteurs de la lutte contre le Sida se sont impliqués dans la prise en charge de l’infection chez l’adulte.
La situation étant tout autre chez l’enfant pour lequel les actions, les programmes spécifiques en sa direction n’ont été que récents.

Aussi, la prise en charge des enfants infectés ou affectés par le VIH/Sida reste une préoccupation en Afrique. De ce fait, il a été créé en 2001, le Réseau africain pour les soins aux enfants infectés et affectés par le VIH/Sida, dénommé en anglais, "African network for the care of children affected by aids (ANECCA)". Le secrétariat exécutif d’ANECCA est basé en Ouganda. Afin d’accroître l’implication des acteurs de terrain dans la lutte contre le Sida, une branche pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (ANECCA-AOC) a aussi vu le jour en mars 2007 en Côte d’Ivoire avec une désignation des points focaux des pays de ces deux régions. Ainsi, la section du Burkina a installé son équipe de travail et en même temps, lancé ses activités, le 14 juillet 2008. Le noyau de travail mis en place est constitué d’une douzaine de personnes de plusieurs sensibilités : pédiatres, obstétriciens, sages femmes, infirmières, sociologues, juristes, assistantes sociales, journalistes et communicateurs. Le Réseau ANECCA-AOC poursuit plusieurs objectifs.

D’abord, fournir un soutien aux pays et aux personnels de santé pour renforcer les soins pédiatriques VIH en collaboration avec les sociétés nationales de pédiatrie. Ensuite, établir des partenariats avec les organes nationaux de prise en charge des personnes vivant avec le VIH, dont les enfants infectés, avec pour cible, une mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre des activités d’extension des soins pédiatriques VIH.

Enfin, faire le plaidoyer pour un plus grand accès des communautés aux soins pédiatriques VIH. Pour le point focal ANECCA-Burkina, Alice Zoungrana, le réseau Burkina voudrait aller au-delà des aspects sanitaires. Car l’enfant n’a pas seulement besoin de soins médicaux. Il a également besoin d’être protégé par un cadre normatif spécifique qui prenne en compte sa vulnérabilité particulière. "Il a besoin de soutien dans la gestion du vécu quotidien difficile dans la mesure où il s’agit d’une pathologie chronique ; à cela, il faut ajouter les violences liées à la stigmatisation.

Les lois en matière de VIH/Sida jusqu’à présent ne prennent pas suffisamment en compte les aspects pédiatriques", soutient-elle. Le représentant du ministre de la Santé, Baba Hama, qui a lancé les activités du réseau, a embouché la même trompette : "Les tout-petits n’ont pas été pris en compte dans cette lutte, alors que dans le monde, un enfant meurt chaque minute du Sida et le nombre d’enfants infectés par le VIH en 2007 est estimé à plus de 2,3 millions. Très peu d’enfants reçoivent le traitement nécessaire à leur survie. Au regard de ces chiffres, il est évident que les enfants vivant avec le VIH/Sida en Afrique ont bel et bien été oubliés". Aussi, a-t-il ajouté, le Burkina Faso compte plus de 400 sites PTME et 10 structures sanitaires assurant la prise en charge du VIH pédiatrique.

Cependant, l’engagement du gouvernement ne pourrait aboutir que si la communauté elle-même s’implique pour un changement de comportement. La marraine du Réseau, Mme le Médiateur du Faso Amina Moussou Ouédraogo a félicité et encouragé les membres de l’ANECCA-Burkina tout en leur demandant de mettre tout en œuvre pour la réalisation des objectifs qu’ils se sont fixés, à savoir, le renforcement et l’extension des soins pédiatriques VIH au Burkina Faso et l’épanouissement des enfants.

Boureima SANGA

Sidwaya