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Marche sur le MESSRS : L’ANEB rengaine

Publié le vendredi 11 juillet 2008 à 11h01min

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Il n’y a pas eu de cortège d’étudiants en direction du ministère des Enseignements le 10 juillet 2008. En lieu et place, l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB), a tenu un meeting à la Bourse du travail. En l’espace d’une demi-heure, son président, Moumouni Derra, a donné les raisons d’un tel choix.

Ouagadougou, en cette première décade de juillet, est assez arrosée. Avant 8h hier, presque deux mille étudiants, selon nos estimations, ont envahi le cadre de la Bourse du travail. L’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB) avait sonné sa trompette les appelant au ralliement pour une descente sur le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS).

La vaste cour de la Bourse du travail est devenue subitement une boîte de sardines, près de lâcher. Ils sont-là, tirant à boulets rouges sur la présidence de l’université, poussant des jurons contre le MESSRS, décochant des flèches contre le pouvoir.

Des chants et des cris de guerre en langues nationales couvrent et dominent le vrombissement des moteurs. Le ciel de Simonville est un peu nuageux. L’air est moite, le temps clément. Les manifestants déclarent qu’ils sont "en situation". Bon nombre d’entre eux sont vêtus en jean, chemisette, et chaussés en baskets pour la circonstance ; car la marche peut se transformer en un marathon.

Personne ne semble avoir oublié le 17 juin dernier. Ce jour-là, le ministre de la Sécurité, Assane Sawadogo, a qualifié les affrontements entre étudiants et forces de l’ordre "de véritables guérilla urbaine". Mais, ce matin, il n’y a aucune silhouette de policier dans les environs.

La mélodie guerrière continuait devant nous, derrière nous, autour de nous, lorsqu’arriva "la minute de cris et de pleurs". C’est un moment pendant lequel de véritables pleurs et cris de détresse éclaboussent la quiétude de toute âme sensible. Il a fallu user de micro pour que les manifestants essuient leurs larmes, car le président de l’ANEB, Moumouni Derra, doit intervenir. Il va enfin indiquer l’itinéraire de la marche.

La marche, les étudiants l’attendent impatiemment. Le président vient de se positionner sous les persiflements des militants surexcités. Le silence s’installe. Le leader de ce mouvement estudiantin débute son discours, mais n’a pas la latitude de poursuivre aisément. L’auditoire vient de comprendre que "la marche est suspendue".

Les visages deviennent ternes, la mobilisation commence à foutre le camp. L’orateur use de stratagèmes pour maîtriser le public avant de livrer les motifs de cette décision. "Nos revendications n’ont pas changé", poursuit-il. L’ANEB attend toujours le départ des forces de l’ordre du campus ; le rétablissement des prestations et des allocations sociales ; la réouverture de l’université et le traitement diligent des plateformes revendicatives. Pour le mouvement estudiantin, la suspension de la marche est motivée par l’implication des Centrales syndicales dans les négociations.

Les étudiants affirment également qu’ils ont gagné la bataille médiatique. Selon eux, l’opinion publique a pris fait et cause pour eux. Ils ont aussi révélé que les professeurs ont démenti avoir participé à des prises de décisions portant sur la fermeture de l’institution académique.

"Pour ne pas donner raison à nos détracteurs qui nous accusent d’être des va-t-en-guerre, nous avons décidé de suspendre donc la marche", souligne-t-il. Il a ensuite encouragé ses camarades à ne pas céder à la provocation et à rester solidaires. L’ANEB a enfin annoncé une conférence de presse pour le samedi 12 juillet et une assemblée générale le 17 juillet 2008, toujours à la Bourse du travail. Un autre 17 poindrait-il encore à l’horizon ? Le temps nous répondra.

Emile Gandéma

Alima Koanda (stagiaire)

L’Observateur

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