Après l’"appéritif" en Tunisie le 1er juin dernier, les Etalons ont pris leur "déjeuner" le 7 juin 2008 au stade du 4-Août de Ouagadougou. Ils avaient au menu un plat d’"Hirondelles", directement commandé du Burundi. Ce fut un plat chaud, malgré la tentative de résistance des éléments tels Dugary, Yamin et autre Vladimir. Ces athlétiques joueurs des Itambas Murugambas (Hirondelles) voulaient coûte que coûte éviter les coups de sabots des "chevaux" bien dressés par un Portugais : Paulo Duarte.

Dans ce match de la 2e journée des éliminatoires cumulées de la CAN et du mondial 2010, l’objectif des Etalons était clair : battre les "Hirondelles" pour se mettre objectivement sur la voie du 3e et dernier tour qui désignera au bout du compte le qualifié pour le mondial et ceux pour la CAN 2010. Cette formation des Etalons résolument tournée vers l’offensive a fait l’essentiel : deux coups de tête de Moumouni Dagano qui ont fait mouche aux 23e et 45e mn, et le stade du 4-Août explose. L’homme de Sochaux en avait vraiment envie car il confiera en fin de match : "Je suis personnellement heureux car le public m’attendait ce soir. J’ai marqué les 2 buts du match et cela est bon pour le moral."

Si les Etalons ont ouvert le score à la 23e mn, c’est bien grâce à ce service de Soumaïla Tassembedo venu du côté droit et qui a mis la belle détente de Dagano en valeur. Une autre belle détente à la 45e mn sur un corner savamment botté par le jeune de l’OM, Charles Kaboré, fait également trembler les filets adverses. L’essentiel venait d’être fait en 45 mn, mais non sans frayeur pour les Burkinabè. Cette faute de Paul Koulibaly à la 25e mn a mis le Burundais Henri Mbazumutina dans les conditions idéales pour tester le portier burkinabè, Daouda Diakité, qui a été obligé de faire appel à sa claquette pour sauver ses perches. Les Etalons ont eu parfois des moments de frémissements car les Burundais ont tenté de poser le jeu avant de se cantonner en défense, compliquant la tâche des poulains de Duarte.

La défaite burundaise s’est signalée à la 17e lorsque son attaquant Yamin Selema, qui, au lieu de jouer le ballon, a joué le défenseur burkinabè, Mamadou Tall. Une agression inexpliquée que l’arbitre gabonais, Sébastien Ndumegil, ne sanctionnera pas. Il fait signe de relancer le jeu. Mais son premier assistant, Patrick Bimbyo, stoïque, l’appelle sur sa ligne et fait son rapport : Yamin Selema a bel et bien agressé Mamadou Tall. C’est alors que l’arbitre brandit le carton rouge au joueur burundais qui s’écroule sur la pelouse. Le défenseur burundais, David Habarugira, n’est pas d’avis avec le maître du jeu : "C’est un carton rouge imaginaire." Les "Hirondelles" ont donc terminé les 62 mn à dix. Cette infériorité numérique n’a pas épargné les Etalons de quelques dangers, surtout en fin de match. Ils ont parfois joué avec le feu. Le coach Paulo Duarte vide ses 3 remplacements en 17 mn, alors que les Etalons menaient par 2-0. Le jeu stagne, les Etalons font circuler le ballon. Ils jouent au trot. Le public siffle pour exprimer son mécontentement (lire les explications en encadré).

Malgré cette deuxième mi-temps stérile et moins enlevée, la victoire est acquise. Les 3 points maintiennent le Burkina au rang de leader dans ce groupe 9, malgré la victoire de la Tunisie sur les Seychelles (2-0) aux Seychelles. Jonathan Pitroipa, Patrick Zoundi, Madi Panadetiguiri et autres Dagano ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Le capitaine Mahamadou Kéré cédera son brassard de capitaine à Moumouni Dagano à la 61e mn pour retrouver le banc de touche.

Cette victoire est bonne pour le moral. Elle est suffisante pour voyager sereinement aux Seychelles le week-end prochain. Pouvait-il en être autrement lorsque des "Hirondelles" veulent s’attaquer à des "Etalons" ? Un "oiseau au dos noir, au ventre blanc et à la queue échancrée qui capture des insectes au vol" nommé Hirondelle ne peut que s’écraser lorsqu’il se retrouve à terre, sur une pelouse verte et surtout devant des chevaux bien dressés.

Alexandre Le Grand ROUAMBA

Paulo Duarte a-t-il gaspillé ses remplacements ?

Il y avait des murmures dans les gradins. A la 51e mn, Patrick Zoundi cède sa place à Aziz Nikiéma. Dix minutes plus tard (61e mn), c’est au tour du capitaine Mahamoudou Kéré de quitter la pelouse pour laisser sa place à Florent Rouamba. A la 68e mn, le buteur de Tunis, Yssouf Koné, permet à son homonyme Yssouf Ouattara de monter sur le terrain. Et le public de se demander : "Pourquoi cette cascade de remplacements en 17 mn alors qu’on n’est pas mené ?"

Les accusations commencent à fuser. Le public a peut-être raison, mais nous sommes dans un championnat. Les Etalons mènent 2-0 à domicile. Ils vont faire un long voyage la semaine prochaine aux Seychelles. Ils ont besoin d’économiser les énergies. Il est vrai aussi que le maximum de buts peut faire la différence au décompte final. Mais les Etalons semblaient ne pas vouloir prendre trop de risques. Le coach devant cette avance de 2 buts voulait certainement faire tourner son effectif pour être davantage situé sur certains joueurs. Il a par exemple pu se faire une idée de Aziz Nikiéma qui devra rebondir s’il veut garder sa place dans la sélection. Devant l’envie de voir les Etalons gagner davantage, les supporters ont peut-être oublié qu’il faut se dépenser en tenant compte des batailles à venir.

A.L.G

Ils ont dit ...

Moumouni Dagano (auteur des 2 buts des Etalons)

"Nous avons été absents aux deux CAN précédentes. Il nous faut être à celle de 2010. C’est pourquoi on ne veut rien lâcher. Je suis fier de cette victoire. Je suis personnellement très heureux parce que les gens m’attendaient beaucoup ce soir. J’ai marqué les 2 buts du match et cela est bon pour le moral, pour le groupe et pour la suite. Je tiens à remercier le public pour son soutien. On fera le maximum pour se qualifier cette fois-ci pour la phase finale de la CAN. Je dédie ces 2 buts à mon épouse Safi et à mes 2 filles."

David Habarugira (joueur burundais) : "On est déçu parce qu’on pouvait gagner ce match, mais l’arbitre nous a donné un carton rouge imaginaire. Il était contre nous tout au long du match. En plus de cela, nous sommes arrivés la veille du match fatigués. Nous pensions que le match allait se jouer dimanche. Maintenant que cette confrontation est finie, on attend d’aborder la suite de la compétition. Nous attendons les Etalons de pied ferme chez nous."

Madi Panandtiguiri (Etalon) : "C’est un score mérité. Seulement, le public demandait beaucoup plus. Il doit savoir qu’il y a des moments où il faut accélérer le jeu et des moments où il faut garder le rythme. Ce public a été formidable mais à un certain moment, il a commencé à siffler. Ce n’est pas normal. Nous menons 2-0 à domicile, on doit faire circuler le ballon. Il y a deux autres matchs rapprochés, il faut économiser les batteries. Pour nous, c’est un très bon résultat avant notre voyage aux Seychelles où nous comptons également nous imposer."

Jonathan Pitroipa (Etalon) : "C’est bien parti pour nous mais cela ne veut pas dire que nous sommes déjà qualifiés. Nous devons continuer à mieux nous préparer, nous battre davantage pour engranger 3 autres points au prochain match. Nous avons pris confiance et formons une bonne équipe. Nous allons tout faire pour obtenir la qualification à la CAN et nous espérons que ça va marcher."

Paulo Duarte (entraîneur des Etalons) : "Cette victoire fait plaisir, parce que cela fait un bout de temps que le Burkina n’arrivait pas à gagner à domicile. Elle vient après celle de la Tunisie où c’est la première fois que le Burkina gagne.

Aujourd’hui, nous avons 6 points et nous sommes dans une bonne dynamique. Il faut reconnaître que même en jouant à 10, le Burundi a fait un bon match et c’est une équipe très agressive. Nous devons maintenant penser à la suite."

Amrouche Adel (entraîneur des Itambas) : "Nous avions bien entamé le match. Malheureusement, le carton rouge attribué à un de nos joueurs par l’arbitre nous a handicapés. Nous étions aussi très fatigués après avoir transité par Addis-Abeba, Lagos, Accra avant d’arriver ici. Nous n’avons pas les moyens du Burkina ni de la Tunisie et étant un petit pays, nous faisons ce que nous pouvons. Je ne crois pas que le résultat reflète la physionomie du match parce que si nous étions toujours à 11, nous pouvions faire quelque chose dans ce match. Je félicite cette équipe du Burkina, et Dieu seul sait ce qui va se passer pour la suite."

Propos recueillis par A.L.G et A.B

Dans les coulisses du stade

* Le texte du Ditanyé distribué

Pour ce match, l’hymne national burkinabè, le Ditanyé, a été saisi et distribué aux spectateurs à l’entrée du stade. On aura remarqué que pendant l’exécution de notre hymne, ceux qui ne le connaissaient pas par coeur ont été aidés par ce texte écrit. Ce fut une belle initiative.

* Paulo Duarte applaudi

L’entraîneur des Etalons, Paulo Duarte, a eu droit à un tonnerre d’applaudissement avant le début du match alors qu’il venait prendre place sur le banc de touche.

* Le gouvernement était là

Huit ministres du gouvernement Tertius Zongo ont fait le déplacement du stade du 4-Août. Ils sont venus soutenir les Etalons et sont repartis satisfaits d’avoir assisté à cette victoire de leur onze national.

* Formidable public !

Les supporters ont positivement répondu à l’appel de l’UNSE (Union nationale des supporters des Etalons). Même si le vaste stade du 4-Août n’était pas plein, comme un oeuf, il y avait du monde dans les gradins. Ces milliers de supporters ont accompagné les Etalons dans la victoire. Il manquait seulement les petits drapeaux du Burkina dans les gradins. Il va falloir que l’UNSE y songe la prochaine fois.

* L’équipe burundaise en retard

On sentait l’agacement du commissaire au match, le Tchadien Saleh Mahamat. A moins de 2 heures du coup d’envoi prévu pour 18h, point d’"Hirondelles" dans les vestiaires. A 16h 42mn, un coup de fil est vite passé au conducteur du car de l’équipe burundaise pour savoir ce qui arrivait à la délégation. Les joueurs n’étaient pas encore descendus de leurs chambres d’hôtel. Quant aux Etalons, ils sont conviés au stade à 16h 12mn. Le commissaire fait des va-et-vient sous le hall et demande parfois : "Ils ne sont toujours pas là ?" C’est finalement à 17h 02mn que le car des Itambas s’est garé devant la porte d’entrée Est du stade du 4-Août. Ils sont en retard car, renseignements pris, le règlement prévoit que pour la Coupe du monde, les équipes se présentent à 2h du coup d’envoi. Les Burundais disent comprendre que c’est à 1h du coup d’envoi, délai valable pour la Coupe de la Confédération. S’il est vrai que la CAN est une coupe relevant de la Confédération africaine de football, il y a aussi que ce sont des éliminatoires combinées CAN-mondial, et dans ce cas de figure, c’est le règlement de la plus haute compétition qui prime.

Rassemblé par Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays