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Immersion au coeur du "secret" des femmes au Burkina

Publié le lundi 5 mai 2008 à 10h33min

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De tout temps, la préoccupation de la gente féminine par rapport à la fidélité des hommes a toujours été animé par les conversations dans les lieux de travail et de détente comme dans les foyers. En Afrique un phénomène s’est développé autour de cela. C’est celle qui, par des astuces et des manières détournées, arrivera à garder son homme ou son « mec » qui aurait gagné la bataille.

Si par le passé ce phénomène s’observait en pays mandingue, dans le bassin du Sénégal et en pays Haoussa, celui-ci a vite gagné notre pays. La pratique du « Bgoass » ou du « secret », puisque c’est de cela qu’il s’agit, s’est vulgarisée et les femmes de tout âge s’y adonnent à cœur joie mais, hélas, non sans des conséquences.

Les aphrodisiaques féminins sont utilisés par plusieurs femmes et filles dans notre pays. Ce sont des produits fabriqués soit à base de plantes ou encore à base produits chimiques. On rencontre plusieurs sortes de « secret » : les « maggi » qui sont généralement fait à base de miel sous formes d’ovules que l’on place dans l’appareil génital et qui procure semble t-il une sensation extraordinaire de bien-être chez les hommes ; ils y a ce qu’on appelle les « serrés » qui sont faits aussi à base de plantes ou les produits chimiques. Ils sont généralement en poudre ou en savon que l’on utilise pour les toilettes intimes et qui permettent selon certaines femmes de rétrécir l’appareil génital. On trouve dans la panoplie des herbes, plantes et autres décoctions des racines que l’on appelle généralement « cure-dent ». Ce sont de petites racines généralement très sucrés que l’on mâche et qui permettent de rendre agréables les moments d’intimités chez l’homme. A ce titre, nous avons posé la question à Traoré Mamie. Pour elle, cela lui permet non seulement de fidéliser son homme mais aussi de l’avoir « dans sa main ». « Tout ce que je veux, il accède à ma demande ».

Si dans d’autres civilisations comme celle du Soudan, certaines pratiques séculaires ont toujours pignon sur rue (en témoigne l’utilisation du « dukhan » pendant les préparatifs de mariage de jeunes filles), la prise de ces substances au Burkina Faso est assez récente. Sachez donc que les jeunes femmes soudanaises s’adonnent au rituel du bain de fumée appelé dukhan. Un mélange de copeaux de bois d’acacia, appelés shaf et talha, est placé et brûlé dans un trou creusé dans le sol de la cuisine. La femme, nue sous une épaisse couverture de laine (shemla), s’installe au bord du trou (ofa), et immerge son corps dans ce bain de fumée épaisse pendant une demi-heure. La chaleur étouffante ouvre les pores de la peau, nettoyés par la transpiration. Il y a aussi le « delkah » qui est appliqué après la séance de dukhan, une fois la peau bien propre. Le delkah est une pâte fabriquée à base de bois de santal, de fleur de sorgho, de musc et de parfum local. On l’applique sur tout le corps en massant la peau afin de la rendre plus douce et délicate. Après le mariage, le delkah devient routinier et la femme l’applique quotidiennement.

On lui confère également des qualités aphrodisiaques. Afin de parfaire le soin, après chaque massage, on
applique sur la peau de l’huile de santal. Le delkah est conservé dans un pot approprié qui peut lui aussi avoir un rôle dans les jeux érotiques d’un couple. Si une femme souhaite faire l’amour avec son mari, elle place le pot dans un endroit discret de la chambre conjugale ; elle ouvre légèrement le couvercle afin de laisser s’échapper l’odeur du delkah. En entrant dans la pièce, l’homme doit ainsi comprendre l’invitation qui lui est faite.

Sous nos cieux, les femmes l’appellent plutôt les « collants ». C’est une sorte d’encens que l’on applique soit sur la peau soit comme parfum que l’on brûle dans la maison en faisant des vœux et le partenaire devient dépendant ou comme dans le jargon populaire « collant ». Il semble que celui-ci sera toujours attaché à sa partenaire et aucune femme ne pourrait plus l’intéressait. On souligne que tous les encens ne sont pas des « secrets ». Il y a un en poudre qui est très sucré et aussi glacé qu’on appelle « la poudre de glace » qui aromatise et glace extraordinairement l’appareil génital de la femme.

A la suite des informations collectées nous avons voulu connaître l’avis d’un spécialiste sur le sujet. « En réalité je ne me suis jamais penchée sur le sujet. Mais il y a quelques temps, j’ai eu une patiente qui avait introduit une décoction dans son appareil génital. Elle nous avait confié que c’était dans le but faire rétrécir son sexe. Elle s’est tirée avec une lésion de la muqueuse vaginale », nous a confié Bertrand Kaboré gynécologue à Ouagadougou. Est-il au courant de telles pratiques en tant que médecin praticien ? « Je sais qu’il y a quelques temps certaines patientes prenaient un produit du nom de négatol dans le but aussi de rétrécir leur sexe, mais s’agissant des pratiques dont vous me parlez je n’en ai pas encore rencontré ». Bertrand Kaboré nous dira aussi que cela comporte beaucoup de risque surtout que celles qui s’adonnent à ces pratiques en général ne se protègent pas pendant les rapports sexuels. Toute chose qui concourt à rendre vulnérables ces femmes et filles face à l’infection de Sida et des maladies sexuellement transmissibles. Mais Traoré Mamie qui a accepté de nous parler du phénomène sans accepter cependant que nous publions sa photo, pense autrement : « Comme c’est mon seul homme, je ne vois pas comment je pourrais tomber malade. Je fais ça pour qu’il ne sorte pas voir ailleurs et pour qu’il m’aime, c’est tout. » Avant d’ajouter que c’est ce qui marche maintenant au sein de la gente féminine dans les grands centres urbains.

De nos investigations, il ressort que tous ces produits sont vendus dans les marchés importants de la capitale et au grand marché de Bobo-Dioulasso. Nous avons aussi appris que pendant les grandes manifestations comme le FESPACO et le SIAO et tout récemment la foire de la CEDEAO, des Maliennes, des Guinéennes, Nigérienne et des Sénégalaises seraient venues proposer ces potions magiques à leurs sœurs du Burkina.

Il est certes légitime de vouloir garder son homme à la maison mais si l’on pense que les femmes utilisent ces produits sans savoir réellement avec quoi ils sont fabriqués, on ne peut que s’inquiéter. Le phénomène qui était semble t-il entre les mains des femmes mariées sont aujourd’hui prisés par les jeunes filles. Il serait donc important que les services de santé et même le Comité national de lutte conte les IST/MST et le Sida se penchent sur le phénomène pour une sensibilisation à grande échelle. Il est plus que jamais nécessaire de faire quelque chose sinon les efforts du Burkina dans la lutte contre les IST/MST et le Sida seront en partie annihilés.

Pascaline Bado
Aristide Ouédraogo

San Finna

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