Ghana 2008 : Retour sur une belle expérience professionnelle et humaine
A la faveur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), édition 2008, nous avons séjourné du 18 janvier au 14 février 2008 au Ghana. L’heure étant au bilan, chaque pays essaie de tirer les leçons de sa participation. Nous n’en sommes pas là, puisque nous n’y étions que dans le cadre de notre métier de journaliste, pour rapporter quotidiennement à nos lecteurs ce qui se déroulait au Ghana voisin...
...Pour une première dans notre si jeune carrière, ce fut tout simplement une belle expérience professionnelle et humaine, que nous devons en grande partie à l’ONATEL, notre partenaire pour la circonstance.
Après avoir négocié et bénéficié d’un sponsoring auprès de l’Office national des télécommunications (ONATEL), nous avons pu suivre la CAN 2008 de bout en bout. D’Accra à Tamalé en passant par Takoradi, Sékondi et Kumasi, nous avons vécu les péripéties de la biennale du football africain dans tous ses compartiments.
Certes le début n’a pas été facile, non pas à cause de la barrière de langue, mais surtout à cause de l’organisation mise en place par les autorités ghanéennes et aussi de la surenchère faite par le pays-hôte. Nous ne reviendrons pas sur les déboires que nous avons vécus, car ce n’est pas le lieu de pleurnicher, mais sur ce qui nous a vraiment marqué.
Débarqué à Accra le 19 janvier après environ 23 heures de route dans un pays en pleine ébullition (CAN oblige) et à quelque heures de l’ouverture des hostilités, il nous fallait mettre le cap sur le centre international de presse pour la confection de notre badge. Cette étape franchie, il fallait trouver un lieu d’hébergement.
Notre choix s’est porté sur le Victory Hotel dans le quartier Avenor, non loin de Kwamé Nkrumah cercle. Pour minimiser les dépenses dans la ville, où l’inflation avait atteint son point culminant, nous avons fait chambre commune avec notre confrère des éditions Le Pays, Antoine Battiono. Partager la même chambre avec un concurrent ? me suis-je demandé.
Mais très vite, on oublie cette concurrence pour devenir des frères, des compagnons de lutte. Il fallait se soutenir à tout prix, car en territoire étranger, un compatriote est plus qu’un ami. D’ailleurs cette complicité s’est révélée bénéfique. En effet, lorsqu’on arrivait au centre de presse et qu’il fallait s’inscrire pour recevoir plus tard tel document ou pouvoir effectuer tel voyage, quand nous n’étions pas présent, Battiono nous inscrivait automatiquement et vice-versa. Ce dernier, qui aime faire la grasse matinée, avait une sainte horreur du bruit des trains, qui passaient à quelques mètres de notre hôtel.
Chacun doit aimer son pays
Plus de 3 semaines hors de nos bases, ça n’a pas été chose facile. Surtout au niveau de la collecte de l’information. Beaucoup de rencontres se faisaient à notre insue. Nous nous rappelons encore cette phrase méchante qu’un membre du comité local d’organisation nous jetée à la figure : « Votre pays n’est qualifié, que venez-vous chercher ici » ? Ce qui nous a blessé dans notre amour patriotique.
A notre avis, la CAN est devenue un événement mondial. La preuve, c’est qu’il y avait des journalistes français, suisses et même japonais. Mais il y a quelque qui nous a impressionné : voir à quel point le Ghanéen aime sa patrie. Cette fierté est telle qu’il n’a d’yeux que pour son Ghana.
Ce sentiment m’a donné la conviction que chacun doit aimer son pays quelqu’il soit, tant et si bien que quand nous sommes rentré au pays, notre premier réflexe a été de nous procurer un pins et un fanion aux couleurs du Burkina auprès de la Grande Chancellerie.
Dans cette fournaise d’Accra, rencontrer une personne qui parle le français est comme découvrir de l’or. Ainsi, lorsque nous avons rencontré nos compatriotes Hamado Ouédraogo dit Techno H et l’artiste-musicien Ocibi Jhoan, c’était plus que de la joie. Nous avons pris quelques verres ensemble et partagé des dîners.
Jean Luis Farah Touré, un aîné, un conseiller
Une CAN a-t-elle déjà été tant décriée pour son organisation ? Malgré les plaintes, qui fusaient de partout, le Local organisation commitee et la Confédération africaine de football y sont restés sourds. L’on a cru que le président de la CAF, le Camerounais Issa Hayatou, allait effectuer une sortie médiatique officielle pour poser balle à terre. Mais que nenni.
Nous nous souvenons encore de notre rencontre avec le bien connu Jean Louis Farah Touré, journaliste sportif ivoirien, actuellement correspondant de l’AFP. Ce dernier nous a vraiment adopté comme son jeune frère et nous donnait régulièrement des conseils. Avec plus d’une dizaine de CAN à son actif, il a vu des vertes et des pas mûres. Il nous a beaucoup épaulé sur le plan professionnel et même sur le plan humain, car il était toujours disposé à nous écouter.
Nous n’oublierons pas non plus Plange Kwesi, coordinateur des Médias du LOC. Le tee-shirt et la casquette ONATEL que nous lui avons offerts ont consolidé nos liens d’amitié si bien qu’il nous a facilité les choses à son niveau. Il était devenu notre interlocuteur lorsque nous étions face à des difficultés, malheureusement sa marge de manœuvre était très restreinte.
Qu’à cela ne tienne, nous avons passé de très bons moments au Ghana. Nous avons compris qu’il faut savoir se débrouiller une fois qu’on quitte son pays. Car notre journal a placé en nous une très grande confiance en nous envoyant à la CAN. Et l’obligation de résultat nous a amené à nous défoncer beaucoup.
De retour de la CAN
Kader Traoré
Point de vue de Sini Pierre Sanou, l’ambassadeur du Burkina Faso au Ghana
A la fin de la compétition, nous avons approché l’ambassadeur du Burkina au Ghana, Son Excellence Sini Pierre Sanou, qui a bien voulu partager avec nous ses sentiments.
Nous avons eu le privilège de suivre "en live" une très belle CAN Ghana 2008.
On savait de toutes les façons qu’au soir du 10 février, le président Kufuor du Ghana remettrait la Coupe à un pays africain.... mais on ne savait pas qu’il y aurait un tel nivellement des équipes par le haut. Je pense que la meilleure équipe du moment, c’est-à-dire l’Egypte, mérite la Coupe.
Nos félicitations toutes sportives à elle, qui aura survolé, dans la discipline, collectivement, tactiquement et techniquement, cette compétition continentale.
L’enseignement à en tirer, c’est que le football, comme son nom l’indique, est un sport collectif qui se joue "balle au pied" dans le but de marquer des buts... tout simplement.
Félicitations au Ghana, pays organisateur, qui aura "mouillé le maillot" ; comme on le dit souvent, pour réussir cette belle fête du foot africain ; c’est l’Afrique qui y gagne.
Dans la foulée, je dis courage et bon vent aux Etalons du Burkina, grands absents à cette CAN Ghana 2008. Pour Angola 2010, au galop, les Etalons !
L’Observateur