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Football : Les fous et les foutus de la CAN !

Publié le vendredi 25 janvier 2008 à 09h47min

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Présents ou pas à la CAN, pour les Burkinabè, elle est cependant une période exceptionnelle. Les amoureux du football ont pris des précautions pour ne rater aucun match, quelle que soit l’heure de la tenue de ce match, ne reculant devant aucun sacrifice bien sûr. Dans des familles, certains ont acheté un nouveau poste téléviseur. Dans d’autres où les factures de la SONABEL étaient depuis un mois en souffrance, on a régularisé la situation.

Pour les férus du sport qui habitent les zones non loties, donc ne disposant pas d’électricité, des groupes électrogènes ont été achetés ou loués. D’autres, pour pouvoir suivre la CAN, alimentent leur poste à l’aide d’une batterie qu’on prend soin de faire recharger chaque jour pour être à l’abri des coupures. Dans les villages, la CAN est une occasion d’affaires pour de nombreux Burkinabè. Ils ont aménagé des locaux et ils font payer pour suivre les matchs.

Pour les citadins, ils sont nombreux qui travaillent avec un petit récepteur sur la table. Quand ils se déplacent à vélo ou à moto, ils ont cet accessoire constamment collé à l’oreille. S’ils sont dans un véhicule, le poste-radio est toujours allumé. Ils demandent au conducteur d’allumer le poste dans le cas où ils ne sont pas dans leur propre voiture. Des services se sont équipés d’un poste téléviseur à la demande de leurs agents. D’autres ont aménagé leurs horaires pour permettre aux agents de suivre les matchs. Et dès l’ouverture du match, on les trouve installés pour toute la soirée devant la télé.

Malheureusement, la passion du sport n’est pas partagée par tout le monde, et ceci n’est pas sans inconvénient. Dans le foyers, si monsieur se trouve être un fou du football, dès qu’il rentre pour suivre "son match ", madame et les enfants sont foutus. Ils sont privés de leurs feuilletons préférés. On note un agacement quand monsieur veut communiquer sa passion à ces laissés-pour-compte du football par ses commentaires ; ce sera peine perdue car il ne trouvera personne pour l’écouter. Mais ce désagrément est vite oublié. En compensation de la confiscation du poste, le temps que durent les compétitions de la CAN, madame et les enfants sont ravis et assurés d’avoir chaque soir leur mari et leur père à la maison. C’est un temps béni pour de nombreuses épouses, cette CAN ! Confortablement assis devant sa télé, leur mari boit tranquillement sa bière en suivant le déroulement du match. Cela n’arrive pas tout le temps. C’est pourquoi, il arrive qu’il soit l’objet de petits soins de la part de madame.

Chaque homme ou chaque secteur d’activité s’est organisé pour tirer le maximum de la période de la CAN où tout tourne au ralenti, même dans les administrations. Dans les bars, des propriétaires ont installé des téléviseurs au dehors comme dedans pour garder leurs clients qui seront tentés d’aller suivre les matchs chez eux ou ailleurs et pour en attirer d’autres. L’inconvénient dans

ces lieux publics, c’est que les clameurs qui accompagnent chaque bonne action sur le terrain indisposent les consommateurs non mordus du football. C’est aussi ce qui se produit quand certains, les spécialistes d’un moment du foot, se lancent dans des commentaires et des explications à n’en pas finir dans les bureaux et les ateliers. Si des propriétaires de maquis ont installé en plein air des téléviseurs dans le but de retenir ou de fidéliser la clientèle, ils n’ont pas compté avec ce froid de janvier.

Le sport est un facteur d’union. Aussi, il n’est pas rare de voir une convivialité naître entre deux fous de foot, et l’hostilité apparaître entre des personnes qui supportent des équipes différentes. Mais vite, ce différend disparaît pour faire place à un enthousiasme communicatif. Il en est de même du désagrément créé dans le foyer par le mari qui n’est pas fair-play quand il monopolise pour lui seul la télé. Profitant de cette présence de son homme qui n’a d’yeux que pour la télé, madame lui demandera en plaisantant d’acheter dans le futur une télé pour elle et les enfants.

Les Burkinabè ne sont pas à la CAN’2008. Ils n’en font pas pour autant un deuil, du moins pas eux tous. Ils ont une grande consolation : la proximité du théâtre des opérations sportives par exemple à Tamalé qui est une ville frontalière. Ils iront à la CAN et regarderont des matchs, avec l’espoir qu’en 2010, ils seront en Angola, le prochain pays organisateur de la CAN.

Le Burkina ne prend pas part aux phases finales de la 26e édition de Coupe africaine des nations de football, qui se jouent en ce moment au Ghana. Les Etalons seniors, son onze national, ont été défaits pendant les phases éliminatoires. Pour de nombreux Burkinabè, cette élimination appartient désormais à l’Histoire. Il faut travailler pour y être les prochaines fois. C’est entre autres la raison pour laquelle une nouvelle Fédération burkinabè de football a été mise en place le 12 janvier dernier. Dirigée par Théodore Zambédé Sawadogo, cette nouvelle fédération a du pain sur la planche : obtenir la participation du Burkina à la prochaine phase finale de la CAN. Cette compétition continentale du football devient, édition après édition, un sport de haute compétition, où le hasard et l’à-peu-près n’ont pas leur place. Il faut travailler. Il faut travailler durement, avec discipline et application.

"Le Fou"

Le Pays

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