Etalons du Burkina : Vaste chantier de la relance
Ça y est. Officiellement le Burkina est éliminé de la CAN 2008, à l’issue du dernier match. Certes, on le savait déjà, mais le match de Dakar en valident la qualification du Sénégal a donné le verdict d’un groupe 7 où notre pays termine lanterne rouge. Le chantier pour remettre un football, laminé 5-1 s’annonce très ardu.
On peut parler de refondation, de réforme, de correction ou de changement, tous les mots peuvent être utilisés. Seulement, le bon sens, pour qui suit l’évolution de notre sport-roi, amène à dire qu’à chaque crise les mêmes termes se voient remis sur le tapis.
De façon récurrente, on met en place des structures ad hoc ayant pour mission de sortir la potion magique, celle sensée conduire les Etalons sur le toit du monde. Certes, l’ambition est noble, mais cette manie de la perpétuelle remise à zéro a atteint son seuil d’inefficacité.
Surtout, on aura compris que vouloir ramener la vitalité d’un football sur les résultats de l’équipe nationale 1, est un nom sens parfait. D’autant plus un fait avéré que celui des clubs vivote dans les eaux troubles.
Et près, à force de mettre une pression énorme sur les Etalons, obligés chaque fois de réussir l’exploit, synonyme de non crise. Les pauvres joueurs jouent en conséquence sur tous les matchs leur vie.
Cette pression, à la réflexion négative, des joueurs comme Madi MANDTIGUIRI, Moumounie DAGANO, Soumaila TASSEMBEDO et Abdoulaye SOULAMA le subissent depuis 2000. plus de sept ans à un tel régime, il arrive un moment où le mental ne suit plus. Au lieu qu’ils jouent pour garder leur place, parce qu’il y aurait plusieurs éléments de valeur et partant un choix large, ils jouent pour gagner, encore gagner, toujours gagner.
Et quand en plus, pour principale motivation, on leur parle de patriotisme, de défense des couleurs nationales, alors qu’à côté, cet argument est porté par des primes substantielles, ils en arrivent à l’overdose. Même si le cœur veut, la tête ne suit pas et par ricochet, le corps se refuse à l’effort exceptionnel.
Face au Sénégal samedi dernier, chacun se plait à remarquer que l’équipe est jeune, qu’il faut la conserver et qu’il ne lui manque pas grand chose. Le même langage tenu dès le match aller au Mozambique, mais ce petit quelque chose qui fait défaut n’est pas si insignifiant.
L’équipe nationale burkinabè depuis 1998 évolue en sur régime. Sa maîtrise technique et tactique, son niveau de jeu en dessous de la ligue de flottaison finit par l’asphyxier physiquement sur quatre vingt dix minutes.
Tant que leur physique pouvait les porter, les Etalons ont tenu la comparaison avec des joueurs sénégalais dont la quasi totalité évolue dans les clubs de D1 européens. Même les remplaçants ont leur place parmi cette élite européenne, ce qui entraîne une grande différence de rythme et de capacité d’endurance.
Quand sur les dernières minutes de la partie, les Diomansy CAMARA et autres El Hadji DIOUF accéléraient sur chaque prise de balle, les nôtres commençaient à tirer la langue. Il a suffi d’un but donnant l’avantage au Sénégal pour que les jambes lâchent totalement.
C’est pourquoi, le chantier est plus vaste qu’on ne le croit. Il ne s’agit de penser qu’on peut ainsi déstabiliser la structure dirigeante et s’installer par après dans un fauteuil. Le poste de président de la Fédération de football, ils sont nombreux à en faire l’objectif de leur vie. Il suffit d’être dans le milieu, de se présenter en amoureux du ballon, d’avoir été dans l’équipe dirigeante d’un club, pour se mettre à échafauder des plans.
Le scénario est aujourd’hui éventé, mais le résultat de Dakar vient rappeler à tous les éventuels candidats à la fonction qu’il en faudra plus que d’être fan de football. Aujourd’hui, avoir l’ambition ne peut plus faire l’affaire. Outre la capacité à rassembler, à entraîner et à imaginer, il faut un carnet d’adresses et de solides relations dans le monde de la finance et plus important, une surface financière personnelle au dessus de tout soupçon.
On reste, il faut que les clubs revendiquent et prennent le pouvoir qui leur revient de droit. Qu’ils ne laissent pas n’importe qui se laisser aller à penser qu’il peut présider aux destinées de notre sport-roi. Déjà, ils doivent commencer à établir un portrait robot afin que les mêmes remous ne reprennent de plus belle dès le premier toussotement des Etalons.
Cela naturellement passe aussi par une claire définition des objectifs au travers d’un programme déclinant là où on est, où veut-on aller et comment y aller. Ce préalable s’impose à toute la famille et ne pas y sacrifier serait une deuxième monumentale, après la première d’avoir débarqué sans en mesurer toutes les conséquences l’équipe DIAKITE.
On peut mener toutes les actions de refondation possible, mais sans un premier pilote à la hauteur, des moyens conséquents, un programme et le temps pour le mettre en œuvre, l’opération se soldera par un échec cuisant.
En tous les cas, le vin est tiré, il faut le boire. Mais, sur ces quatre points, aucun erreur manquement n’est envisageable, au risque de voir le football national plongé dans une nuit qui paraîtra sans fin.
Les amateurs de football ont toujours tout lié aux résultats. En principe, ils n’ont pas tort. Mais de là où on repart à la reconquête, la patience sera obligé. A la nouvelle équipe fédérale de savoir convaincre de lui donner ce temps, seule condition pour construire un football gagnant.
Par Idriss SIEMDE
Sidwaya