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Affaire maraîchage de l’ENSP : Vers un vrai faux terrain d’entente

Publié le mardi 14 août 2007 à 07h32min

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L’affaire maraîchage de l’ENSP continue de défrayer la chronique. Les différentes parties se sont rencontrées le samedi 11 août 2007 dans l’enceinte de l’ENSP, pour mieux échanger et discuter dans l’optique de trouver une solution idoine. Visiblement, ladite affaire est très loin de connaître diligemment un dénouement.

Où allons-nous dans le conflit qui oppose des maraîchers à la direction de l’ENSP (Ecole nationale de la santé publique) ? Cette affaire vient de connaître un rebondissement. Une rencontre a eu lieu le samedi 11 août 2007 dans l’enceinte de ladite école, vers la Trypano, en plein air, entre les anciens malades de lèpre, l’association burkinabè Raoul Follereau et le directeur général de l’ENSP. Elle s’est voulue un cadre d’échange afin de trouver une solution consensuelle, selon l’initiateur, le directeur général de l’ENSP, le Pr. Adama Traoré. Ce sont les différentes plaintes des lépreux dans le quotidien " Le Pays" et chez le médiateur du Faso en mi-juillet 2007 qui ont favorisé la tenue de cette rencontre.

C’est ainsi que le ministre de la Santé, Alain B. Yoda, a ordonné au directeur général de l’ENSP d’initier ladite rencontre d’échange et d’explication, selon Jacques Ouandaogo, président de l’ABRF (Association burkinabè Raoul Follereau). Dans son allocution, le directeur général de l’ENSP s’est plaint du comportement des lépreux. Il l’a ouvertement dénoncé. Selon lui, le problème a été mal posé par ceux-ci dans la presse. Il n’a jamais été question de déguerpissement diligent des lépreux, de l’absence d’un cadre de concertation. Il a exprimé sa déception et sa désolation dans ce sens.

En substance, il a battu en brèche toutes les accusations de l’autre partie (lépreux) à son endroit. Par ailleurs, le DG a confirmé qu’un nouveau site d’accueil avait été trouvé pour les lépreux afin qu’ils continuent la culture maraîchère. Ainsi, il a déclaré : "Les deux parties travaillent ensemble. Elles ont trouvé un terrain qui se trouve à Sakoula, dans l’arrondissement de Nongr Massom, au-delà du cimetière, à la sortie de la commune. Le président de l’association Raoul Follereau m’a dit que le terrain avait une superficie d’environ 8 ha.

Sur le plan domanial, les démarches sont terminées. Ils sont en train de trouver des voies et moyens pour le viabiliser afin que les malades puissent s’installer." Les responsables de l’ABRF, en l’occurrence Jacques Ouandaogo, a fustigé la démarche des lépreux. Selon lui, les malades n’ont jamais été menacés et intimidés. Il a aussi indiqué que la terre appartenait à l’Etat, et que le site occupé était destiné à la construction des bâtiments dans le cadre de la formation des élèves de l’ENSP. Aujourd’hui, la nécessité de l’extension de l’ENSP est une réalité.

Alors, les malades doivent, en principe, déguerpir les lieux. Et la question est en étude depuis deux à trois ans. Après les différentes explications, les malades ont donné leur avis. Ils ont relevé, certes, le déficit de communication. Mais, ils ont remis en cause certains points de vue évoqués. Le nouveau site d’accueil qui est d’ailleurs, l’objet noeudal de ladite affaire, a été débattu longuement. Selon Adama Samaké, secrétaire général et porte-parole de la coordination des lépreux du Burkina, le nouveau site n’est pas adapté à la culture maraîchère. Pour lui, la zone est aride et elle est surtout adaptée à l’élevage et non à la culture maraîchère. Pire, elle ne répondrait pas à leurs préoccupations et n’est pas du tout aménagé.

Par contre, a-t-il dit, les malades avaient proposé un autre site, situé à Saaba près d’un barrage. "Ils ont refusé cela en déclarant qu’il était coûteux", a dit Adama Samaké. Le vice-président de la coordination des jardiniers lépreux, Rasmané Compaoré, estime que le site de la Trypano appartient aux lépreux, et cela a été dit depuis longtemps, et confirmé sous l’ère de la révolution. Ce projet selon lui était une réponse aux problèmes de la mendicité des lépreux. Ils devaient travailler pour se faire une place au soleil.

La rencontre a accouché d’une souris

En outre, les malades ont attesté qu’il y avait eu bel et bien des menaces, des intimidations et des avertissements de la part du président de l’ABRF et du DG de l’ENSP. En témoigne la correspondance du Pr Adama Traoré. Selon Dieudonné Yaméogo, sans un nouveau site d’accueil aménagé, ils ne déguerpiront pas. Grâce aux produits maraîchers, ils arrivent à scolariser leurs enfants et à subvenir à leurs besoins a-t-il relevé. Dans ce sens, ils étaient prêts à observer une grève. En filigrane, le débat a été houleux. Les différents acteurs ont discuté à bâton rompu. Malheureusement, les avis semblent divergents. Selon le président de l’ABRF, "seul le président du Faso pourrait régler ce problème dans la vision actuelle des lépreux".

Le DG a promis qu’il y aura une solution. En définitive, la rencontre a accouché d’une souris, et l’on est encore à la case départ. Fait déplorable, le DG et les responsables de l’ABRF n’ont pas été tendres envers les journalistes du quotidien "Le Pays". Selon eux, ils ont failli en publiant un article sur le déguerpissement. Sans doute voulaient-ils que l’affaire passât sous silence. Ils ont d’ailleurs refusé qu’on les prenne en photos.

Par Issiaka KABORE (Stagiaire)

Le Pays

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