9e Jeux africains : Le Burkina joue de malchance
Les 9e jeux africains d’Alger battent leur plein. Cinq jours après le début des compétitions, le Burkina n’a toujours pas enregistré la moindre médaille. Pendant ce temps, le pays organisateur se fait imposant.
Des 6 disciplines dans lesquelles le Burkina est présent, les espoirs se reposaient sur le judo et l’athlétisme. La moisson a été loin d’être bonne au judo. Alors qu’on s’attendait à des prouesses de nos judokas, Armel Zoungrana (-de 60kg), Sévérine Nébié (-de 57kg) et Dicko Fati Coulibaly (-de 63kg) ont manqué d’arguments devant respectivement le Zambien, la Nigérienne et la Gabonaise.
Ils ont manqué d’agressivité et se contentent tous les 3 de la 5e place. Hermann Moné (-81kg) et Hermann Sié Poda ont été battus dès le premier tour. Les larmes de Sévérine attestent toute la déception qui l’habite. En cyclisme, c’est Koléa qui a accueilli les 101 coureurs de 24 pays pour la bataille sur le circuit de 150 km.
Terrain accidenté et élevé, soleil accablant, tout était réuni en ce jour du 14 juillet pour compliquer la tâche des coureurs. Si les verts de l’Algérie ont mené la danse jusqu’au 5e passage (il y en avait 9 au total), les Sud-Africains ont fait preuve de tactique et de témérité pour dominer la fin de la course et l’emporter par le biais de Daryl Impey. La Tunisie s’impose dans la catégorie des moins de 23 ans pendant que l’Erythrée occupe la première place au classement par équipe.
Les cyclistes burkinabè ont joué de malchance. Alors que Abdel Wahab Sawadogo s’accrochait, il chutera contre un Tunisien victime de crampe. Même sort pour Mahamadi Sawadogo (dès le 1er tour) et Jérémie Ouédraogo. Saïdou Rouamba qui avait des maux de ventre ne pouvait mieux faire à l’image de Seydou Tall et de Drissa Ouédraogo. Tout l’espoir burkinabè repose maintenant sur les athlètes qui entreront en scène dès ce 18 juillet. Yakara venu des Etats-Unis sauvera-t-il l’honneur ? Rappelons qu’en boxe, aucun Burkinabè n’a engrangé la moindre médaille.
C’est tout le contraire de l’Algérie qui rafle 3 médailles d’or et une en bronze en judo, le judo algérien qui confirme sa bonne santé. Bouaichaoui (qui a offert la première d’or à l’Algérie), Mohamed (qui a dû batailler fort devant le Sénégalais Bachley) et Rebbahi ont été des plus superbes.
C’était la même euphorie algérienne en natation. Salim, pour un chrono de 49"38, pulvérise le record des jeux africains qui était de 50"40. Salim est donc médaillé d’or et laisse l’argent à son compatriote Nabil Kebbab (49"82) et le bronze au Sud-Africain Darian (50"39). A noter aussi le mérite d’un autre Algérien, Karima Lahmer, qui, dans un 100m dos relevant a décroché une médaille en bronze après un chrono de 1h06’ 22. Les Algériens ne connaissent pas la même réussite en escrime : aucune médaille.
En Handball, l’Algérie et la Côte d’Ivoire se tiennent au coude à coude. Ce fut une belle confrontation entre Algériens et Ivoiriens (Hommes et Dames). En dames, ce sont les orange Ivoiriennes qui triomphent tout comme les Algériens (27-23). Le pays organisateur s’impose également au niveau du Handisport avec deux médailles d’or pour la seule journée du 14 juillet.
Lettre d’Alger
Il y a du monde en Algérie. Ils sont venus de 50 pays d’Afrique pour se joindre aux 34 millions d’Algériens pour célébrer la fraternité africaine. Ce n’est pas l’attaque terroriste repoussée dans la soirée du 13 au 14 juillet à Yakouren ou celui de la bombe à Boumerdès le 14 juillet qui atténueront la ferveur des Algériens à mener ces 9e jeux africains jusqu’au bout. Je suis témoin de toutes les difficultés surmontées au jour le jour, mais surtout de la détermination du Comité d’organisation à relever ce défi. Tout comme à Ouagadougou, Alger connaîtra bientôt une augmentation du prix du gasoil, selon une confidence du ministre algérien de l’Energie.
De Alger à Tipazaa, de Boumerdès à Blida, je suis heureux de découvrir toutes ces infrastructures sportives réquisitionnées pour ces jeux. Mon chauffeur Hassine, Algérien bon teint, ne manque pas de me faire découvrir Alger et les autres. Pour l’heure, tout se passe bien, même si les lieux et les programmes des compétitions connaissent des changements fréquents. Alger vibre au rythme des jeux au grand bonheur des organisateurs. A demain !
Vu et entendu à Alger
* Les compagnies par lesquelles sont venus Burkinabè et Togolais ont causé plein de désagréments. Arrivés sans leurs bagages, certains athlètes se sont retrouvés à la veille de leur compétition sans tenue. Les chefs de délégation ont dû faire le marché sur place pour acheter des tenues (gants, maillots, chaussures..) à prix d’or.
* S’il y a eu une épreuve sportive non programmée par ces 9e jeux, c’est bien l’obtention des accréditations. Ce fut la croix et la bannière. Les responsabilités sont partagées. Des demandeurs d’accréditation n’ont pas envoyé les formulaires à temps, et sur place, certaines délégations multiplieront les hôtes à leur guise.
* Pour ces jeux, le Comité d’organisation, par le biais des ambassades, a fait de 12 journalistes de 12 pays d’Afrique des "invités d’honneur" traités effectivement comme tels. Le Burkina, à travers ma modeste personne, est de ceux-là.
Par Alexandre Le Grand ROUAMBA (Envoyé spécial)
LE Pays