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Fait divers : Saïbata à la recherche de son Adam

Publié le mardi 10 juillet 2007 à 07h36min

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« Va, si ton problème ne trouve pas de remède reviens et je jetterais mon Coran et mes hadiths. Inch Allah ! » Telles sont les paroles rassurantes que Souley le marabout adresse généralement à ses nombreux clients.

Mais Saïbata, une jeune demoiselle du secteur 16 de Ouagadougou fera exception à la règle cette nuit-là quand elle est allée consulter Souley dans le but de retrouver l’homme de sa vie. Saïbata venait de franchir ses 30 ans de vieille fille communément appelée « Kôsam-barin ».

Depuis ses années de jeunesse, elle n’était jamais parvenue à conquérir le cœur d’un Adam qui pouvait faire d’elle sa Eve. Cette rencontre de l’âme sœur était ardemment attendue car elle transformerait la demoiselle en dame pour le bonheur de sa famille qui ne cessait de réclamer leur « demba » (gendre).

Le désir ardent de Saïbata était de se caser quelles que soient les conditions pour y parvenir, mais les hommes ne voulaient pas d’elle. Aigrie par cet état de fait, elle passait tout son temps à jeter la pierre à son créateur en le taxant de ne l’avoir pas créée à l’image d’une belle Eve. « Je ne suis pas belle, je n’ai pas une belle forme Coca-Cola, mon derrière n’est pas présentable, mon devant est semblable à la devanture du vieux taxi », disait-elle pour justifier le désintéressement des hommes à son égard.

Elle enviait ses copines qui s’étaient mariées et qui menaient une vie de famille agréable. Pour ne s’être pas mariée à son âge, elle avait tout vu et entendu. Certains n’ont pas hésité à la traiter de tous les maux d’Israël. « Je suis victime d’un mauvais sort », dit-elle. Pour cela, il fallait trouver des voies et moyens pour neutraliser ce mauvais sort qui plane au-dessus de sa tête. C’est ainsi que par l’intermédiaire d’une de ses copines, elle apprend qu’elle pouvait trouver un remède efficace au mal dont elle souffre chez Souley, un marabout capable de décrocher la lune.

Déprimée par le sort qui s’acharnait sur elle, elle se rendit chez Souley le marabout pour solliciter l’aide de ses hadiths. Elle trouva celui-ci devant ses livres, ses tablettes et son tas de sable. Souley fit savoir à Saïbata qu’elle est victime d’un mauvais sort de la part d’un homme dont elle aurait refusé la main.

Notre marabout prit le soin de dire à Saïbata qu’elle devait apporter une somme de 75 000 F CFA, un bélier blanc et un coq blanc afin qu’il puisse invoquer ses génies qui détruiront ce mauvais sort. Saïbata, prise de panique, commença à verser des larmes tout en affirmant être dans l’impossibilité d’honorer la requête du marabout. Elle lui dit être issue d’une famille à revenus modestes et n’ayant aucun revenu lui permettant d’honorer cet engagement.

Souley, obsédé sexuel, le sourire aux lèvres, proposa à Saïbata une autre solution. « Dans ce genre de situation, on peut toujours s’entendre à condition que tu acceptes ».
Disait notre marabout. Saïbata sans autre forme de procès répliqua « Je suis d’accord pour toutes les solutions pourvu que je sois débarrassée de ce mauvais sort ». Souley caressa le visage plein de larmes de Saïbata en descendant sur la poitrine pour s’introduire entre les deux jambes.

Saïbata fit semblant de le repousser et succomba par la suite. Ce qui devait être fait est fait et Souley s’engagea à neutraliser ce mauvais sort en récitant des versets coraniques toute la nuit et en déboursant de ses propres poches afin d’accomplir le sacrifice. Mais c’était sans compter avec Habibou une des femmes de notre marabout qui, débout, ne s’est pas fait prier pour surveiller nos deux complices. Elle avait suivi tout le spectacle et en a informé ses autres coépouses. En plein milieu de la cour elle entamèrent une bagarre avec leur mari après qu’il fut sorti de sa consultation avec Saïbata.

Elles voulaient comprendre et la tension monta dans la cour. Saïbata reçut des coups de poings et de pieds de la part des femmes du marabout. Ce qui n’est pas fait pour arranger sa réputation. A ce rythme, elle courra toujours derrière un mari qui ne viendra point. Quant à Souley, il achève de convaincre que les bons marabouts ne courent pas les rues.

A bon entendeur salut !

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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