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Crise à l’UFOA : “La politique va s’en mêler”, déclare le ministre ivoirien des Sports

Publié le lundi 25 juin 2007 à 07h13min

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Dagobert Banzio

Le verdict de la CAF dans la crise qui secoue l’UFOA n’est pas du goût de la Côte d’Ivoire. Pour Dagobert Banzio, ministre de la Jeunesse et des Sports ivoirien, en ne disant pas simplement le droit, la CAF vient de créer une première qui va donner des idées. Mais en attendant, lui et ses autres pairs de l’espace CEDEAO vont bientôt monter au creneau au nom “de la légalité et la cohésion” au sein de la région.

Sidwaya (S). : L’UFOA, qui devait organiser le football dans l’espace CEDEAO, bat de l’aile depuis que ses contestaires ont mis en place un bureau parallèle à celui de l’ivoirien Jacques Anouma. La création du tournoi de l’UEMOA à laquelle vous avez pris part à Ouagadougou est-elle une réplique à la crise à l’UFOA ?

Dagobert Banzio (D.B.) : je ne crois pas qu’il faille parler de réplique. Il faut plutôt y voir une certaine complémentarité. A la vérité, le président de l’UFOA, Jacques Anouma a beaucoup travaillé avant même la crise avec les autorités de l’UEMOA pour que ce tournoi voit le jour. Si l’exemple du tournoi de l’UEMOA fait tache d’huile dans les autres pays de la CEDEAO et que ceux-ci se dotent à leur tour d’un tournoi, la zone y gagne forcément. Un dynamisme des sous-zones entraîne forcément le réveil de la région elle- même.

S. : Quel jugement portez-vous sur la décision de la CAF qui n’a donné tort ni aux dissidents ni aux loyalistes dans la crise qui secoue l’UFOA ?

D.B. : La décision de la CAF étonne. Elle légitime un coup d’Etat. L’UFOA a vu ses règles bafouées et l’instance africaine de football n’a rien trouvé de mieux que d’entériner cette pratique en différant seulement sa mise en application. Pour nous, le bureau actuel conduit par Anouma devrait pouvoir terminer son mandat et qu’à la suite des élections se déroulent. Il y va de la cohésion, de l’unité au sein de la zone. En plus, la CAF a pris une décision qui peut faire jurisprudence. Si des dissidents peuvent fouler aux pieds les textes en vigueur et élire un autre président, il n’est pas exclu que cela arrive un jour à la CAF. Et partant du jugement actuel de la CAF, la FIFA pourra aussi avaliser le coup d’Etat.

S. : Au plus fort de la crise, vous avez pris son bâton de pèlerin pour sillonner la sous-région afin de plaider pour la légalité. Pensez-vous que vous avez couru pour rien ?

D.B. : La décision de la CAF est tombée au moment où dans plusieurs pays de la zone, bon nombre de ministres des Sports étaient dans l’attente de connaître leur sort au sein de leur gouvernement respectif. Il était difficile de programmer une réunion des ministres des Sports. Mais une réunion est toujours en vue qui devra nous permettre d’adopter une position commune. Pour l’heure, je sais que beaucoup de mes pairs se disent surpris par la décision de la CAF. J’espère que d’ici la réunion, chaque ministre à travers la presse, pourra déjà donner sa position.

S. : Suffira-t-il de convaincre les ministères pour voir les choses changer à l’UFOA si on sait que dans certains pays les fédérations n’ont pas suivi la volonté de l’autorité de tutelle sur la question ?

D.B. : En principe les fédérations et les ministères ont des fonctions complémentaires. Pour être efficace, il faut travailler à éviter les hiatus. L’UFOA est très importante en ce sens qu’elle est un instrument au service de la CEDEAO. A notre avis, il ne faut pas que cet instrument disparaisse encore moins qu’il soit source de tension diplomatique entre les Etats. Fort de cela, il est tout a fait justifié que les ministres des Sports de l’espace s’intéressent à son fonctionnement. Nous tenons à l’UFOA, car au-delà du développement du football c’est un élément essentiel d’une organisation politique.

Mon collègue burkinabè qui est le président en exercice de la conférence des ministres des sports de la CEDEAO est en train d’envoyer des émissaires dans tous les pays pour donner les explications qu’il faut. Et ces tournées et celles que je fais également ont permis de découvrir que tous les Etats membres n’ont pas le même niveau d’information.

Au Liberia par exemple, le président de la Fédération n’a jamais informé les autorités de tout ce qui se passe au sein de l’UFOA. Au terme de nos tournées, il apparaît que nous avons la même analyse de la situation. Reste à faire une déclaration commune. Après, même si certaines fédérations décident de ne pas suivre la conférence des ministres, elles seront libres.
Mais je me demande sans les moyens des ministères que deviendront les fédérations sous nos tropiques ? Mieux vaut travailler en bonne intelligence.

S. : Les clubs de football ivoiriens ont réclamé la démission de Jacques Anouma de la tête de l’UFOA. Quelle est la position de l’Etat ivoirien après la décision de la CAF ?

D.B. : Les clubs sont révoltés de voir que la CAF n’a pas dit le droit. C’est compréhensible. Mais les autorités de la Côte d’Ivoire demandent que le droit soit dit. Il faut privilégier les intérêts de la sous-région au lieu de ceux inavoués. Le centre de gravité du football africain se trouve en Afrique de l’Ouest. La zone ne doit pas accepter les perturbations.

S. : Au cas où la déclaration des ministres des Sports ne rencontre pas une oreille attentive au niveau de la CAF, peut-on envisager que la politique s’accapare de la gestion de l’UFOA ?

D.B. : Il n’y a rien d’exclu. Au niveau de l’espace CEDEAO, il existe une organisation de la jeunesse et des sports. Mais au-delà de tout, il faut que la recherche de la cohésion prenne le pas.

S. : D’aucuns pensent que la crise à l’UFOA n’est que la conséquence du combat de positionnement pour les prochaines élections de la CAF. Est-ce que Jacques Anouma, qui est soupçonné d’être le prochain adversaire de Issa Hayatou, sera le candidat de la Côte d’Ivoire ?

D.B. : Ce sera le droit de Anouma d’être candidat aux élections de la CAF. C’est le droit de chacun des pays de l’Afrique de l’Ouest d’avoir des ambitions pour la CAF. Si l’Afrique du Nord a déjà dirigé la CAF, l’Afrique du Centre la dirige aujourd’hui, le centre de gravité du football africain se trouve dans notre zone. C’est tout à fait normal qu’il y ait des prétentions. Si un ressortissant de la région présente sa candidature la Côte d’Ivoire le soutiendra.

S. : Les Eléphants se portent à merveille. Ce qui n’est pas le cas des Etalons. Quel est votre secret ?

D.B. : Les burkinabè doivent retravailler leur football à la base. Il est difficile de partir du sommet. Les résultats des Etalons sont décevants en ce moment. Mais rappelez-vous qu’en 2002 au Mali, la Côte d’Ivoire était 16e. Il a fallu se remettre en cause et travailler. Il ne faut pas jeter la pierre sur x ou y. Nous avons de la peine pour les Etalons. Mais ils ont nos encouragements.

Interview réalisée par Jérémie NION

Sidwaya

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