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Suspensions poussieureuses et vents frais : Attention aux infections respiratoires

Publié le lundi 8 janvier 2007 à 07h17min

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L’harmattan qui s’est installé depuis quelque temps dans nos villes et campagnes fragilise la santé des populations qui sont victimes des effets néfastes des vents secs et frais. L’inhalation permanente de la poussière provoque des maladies comme le rhume, les bronchites, les angines et autres pneumopathies.

A cette kyrielle de maux viennent s’ajouter les risques liés aux aliments de la rue exposés aux aléas de l’harmattan. Comment les Bankuivillois vivent-ils les conditions climatiques actuelles ? Quelles sont les dispositions que prennent les restaurants pour veiller à l’hygiène des aliments qu’ils vendent, afin de minimiser les risques des maladies diarrhéiques ? Comment se protéger et protéger les autres ? Ce sont entre autres, des sujets abordés dans ce reportage.

Infections respiratoires, angines, affections oculaires, diarrhée et dysenterie sont les nombreuses causes de consultations infirmières et médicales dans les formations sanitaires de Dédougou ces dernières semaines. Selon le Dr Laurent Nikièma du service de lutte contre la maladie de la Direction régionale de la santé du Mouhoun (DRS), ce sont les groupes vulnérables (petits enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les personnes âgées) qui sont les plus frappés par les aléas de l’harmattan. En effet, depuis fin décembre, on assiste à une suspension poussiéreuse assez importante accompagnée d’une baisse de température. Cette situation a influé négativement sur l’état de santé de certaines populations de la région et même du pays tout entier. Les effets néfastes des vents frais et secs liés aux conditions climatiques actuelles sont diversement appréciées par les Bankuivillois. Si la majorité des citoyens à la nuit tombée se mettent à l’abri du vent et du froid, d’autres, par contre, n’en ont cure. Pour Clément Bicaba, les conditions climatiques actuelles sont exceptionnelles. "J’ai grandi dans cette région, j’ai servi dans cette région, mais je ne me souviens pas avoir déjà connu une température de 14 degrés à Dédougou. Il faut véritablement se prémunir contre la poussière, qui rentre partout, en s’habillant chaudement." Ady Diabaté est du même avis. Il confesse que si la situation ne se stabilise pas au bout de 10 jours, des décès pourraient être enregistrés. Il en veut pour preuve ce malade mental qui grelottait sous le froid jeudi dernier, à qui un bon Samaritain a acheté un blouson. Tamoussi Dakuyo, malgré ses 75 ans, dit ne pas sentir le froid ; il continue à se laver à l’eau froide et ne se couvre pas la nuit tombée. Cependant, il conseille aux parents de prendre soin des enfants, surtout des scolaires qui sont obligés de prendre le chemin de l’école très tôt le matin. Face à cette situation, les spécialistes de la santé conseillent à ceux qui sont constamment exposés d’utiliser un masque de protection pour respirer moins de poussière. Il est aussi recommandé de mettre du beurre de karité dans les narines des enfants, et même des grandes personnes, car il sert d’écran protecteur et évite à la muqueuse des fosses nasales de craqueler et d’être la porte d’entrée de certains microbes, notamment de la méningite, à travers les fissures. Aussi, les personnes vulnérables ne doivent pas rester longtemps exposées au froid qui fragilise leur immunité et facilite le développement de certaines pathologies. Les suspensions poussiéreuses déposent des germes sur les aliments peu ou pas protégés, ou les mains sales, exposant les populations à des maladies grastroentérites. Consciente de cette situation et soucieuse de la santé de ses clients, Mme Dissa Fati, restauratrice au secteur 1 de Dédougou, a pris d’importantes mesures d’hygiène pour protéger ses repas. "Au-delà de l’activité commerciale, il faut préserver la santé des clients. Si l’offre est satisfaisante dans de bonnes conditions d’hygiène, les clients viendront à coup sûr dans votre restaurant. Nous utilisons de l’eau de javel pour faire la vaisselle, et les cuillères sont chaque fois bouillies après usage", explique-t-elle. Un grilleur de viande dans le même secteur n’est pas du même avis. Sa viande est exposée aux mouches et à la poussière. "La poussière n’a jamais tué quelqu’un. C’est le "toubabouya" (imitation du Blanc) qui a fait qu’il y a beaucoup de maladies maintenant", a lancé tout de go ce quadragénaire. Les vendeurs ambulants sont également confrontés à de sérieuses difficultés, la poussière et les mouches s’invitent chaque fois que les plats contenant les aliments sont ouverts. Malgré cette situation, des gens ne se privent pas de ces aliments de rue.

En tout cas, Dr Nikièma invite les restaurateurs et autres grilleurs de viande à respecter et à renforcer les mesures d’hygiène, toutes choses qui contribuent à améliorer leurs prestations. Car protéger les aliments de rue de la poussière, c’est protéger les populations. La santé étant un bien précieux, le responsable du service de lutte contre la maladie invite également tous ceux qui sentiront une perturbation de leur équilibre sanitaire à bien vouloir se faire consulter dans un centre de santé.

Par Serge COULIBALY

Le Pays

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