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Le sportif de l’année : Le caïd s’est fait respecter en 2006

Publié le vendredi 29 décembre 2006 à 06h43min

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Irissa Kaboré, félicité par le ministre des Sports

S’il y a un sportif, qui a crevé l’écran au cours de cette année 2006 qui s’achève, c’est indubitablement le boxeur Irissa Kaboré dit le caïd du Faso. Sociétaire de l’Union sportive des forces Armées (USFA), section boxe, il a soutenu sa réputation en allant détrôner l’Ivoiro-Libanais, Zorkot Khaled, dans le cadre du championnat d’Afrique dans la catégorie des poids super-welter. C’était le 31 mars 2006 à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Dans un palais des sports de Treichville, tout acquis à la cause de Zorkot, le caïd du Faso s’est battu avec courage pour sortir victorieux. Remarquable de sérénité et de sang-froid, il s’est donné toutes les chances d’aller jusqu’au bout. Résultat, c’est au prix de grands efforts que le challenger est venu à bout de son adversaire.

« J’étais sûr de moi et je savais que ce combat tournerait à mon avantage. Zorkot est un bon boxeur, mais la motivation était de mon côté », nous avait-il confié sur le chemin de retour.

Quand nous avons appelé le poulain de Jean-Pierre Mahé pour lui annoncer que notre rédaction l’a retenu comme le meilleur sportif de l’année, il était un peu surpris. « Vous mettez un peu la pression sur moi parce que je suis dans l’obligation de travailler encore plus pour aller de l’avant », s’est-il contenté de nous répondre.

Issu d’une famille de 7 enfants dont il est le second, c’est à Dassasgho, au secteur 28, qu’il a passé toute son enfance. Sa passion pour le noble art date de 1992.

Son père, du nom d’Arouna Kaboré, a pratiqué la boxe dans les années 1980. A l’époque, à la maison, il le voyait chaque soir faire du « chado », c’est-à-dire la boxe libre. Papa demandait à son fils de l’imiter, mais celui-ci n’était pas du tout intéressé.

Dans le quartier, il voyait souvent un enfant s’adonner à cet exercice et il était rapide dans ses gestes. Ce dernier, selon notre futur champion, s’appelait Idrissa et il était un peu émerveillé.

C’est après qu’Irissa a su qu’il y a une école de boxe dans le quartier et qui appartenait à un coopérant français du nom de Bruno. J’ai informé mon père et je suis allé de moi-même pour m’inscrire », nous dit-il.

Mais l’entraîneur a d’abord refusé et c’est grâce à l’intervention de son papa qu’il a pu être accepté. Après, le jeune Irissa a participé à un test qui a été concluant et c’est là-bas qu’il a appris les rudiments de la boxe.

C’est ainsi qu’il a arrêté de jouer au football et, selon lui, il fut un bon attaquant et on l’avait même surnommé « Pelé Rouge ».

Mais à l’époque, soutient-il, à Dassasgho, la boxe était la discipline phare et il fallait la pratiquer pour prouver qu’on est un homme. A force de se faire remarquer, il intègre le club de boxe de l’USFA en 1993.

Au cours de cette même année, il a été vice-champion du Burkina dans la catégorie des mi-mouches (48 kg) après sa défaite face à son coéquipier Drissa Tou.

En 93 où il venait d’obtenir son CEP, il est champion dans la catégorie des poids coq (54kg). Avant la fin de l’année, on décide à l’USFA de procéder à un recrutement spécial de ses sportifs.

Ils sont une soixantaine, toutes disciplines confondues. Irissa, qui a abandonné ses études en classe de 5e, est intégré dans l’armée. Il ne pensait pas qu’un jour il serait militaire.

Soldat de deuxième classe, il passera caporal en 2001. Une promotion qui l’incite désormais à persévérer dans le travail. Après un séjour aux Seychelles dans le cadre de la coupe du président de ce pays, il n’a pu composer puisqu’il aspirait au grade de sergent.

C’était en 2003. Mais le caïd a de la chance puisque son rêve se réalisera trois ans plus tard. En effet, revenu d’Abidjan avec la ceinture qu’il avait ravi à Zorkot, il a été nommé sergent à titre exceptionnel. « Ça m’a fait du bien et je remercie mes supérieurs qui ont encore pensé à moi », déclare-t-il.

En reconnaissance de sa contribution au rayonnement du sport burkinabè, il faisait partie des récipiendaires (Ordre du mérite burkinabè) que l’Etat a honorés le 11 décembre dernier à l’occasion du 46e anniversaire de la proclamation de notre indépendance.

Le mardi 26 décembre 2006, il a été fait officier de l’Ordre du mérite de la jeunesse et des sports avec agrafe sportif. Deux distinctions qui honorent la grande famille du noble art.

Marié et père de deux jumelles, Irissa, depuis 2002, est en service au CTO (compagnie de transit de Ouaga). A 29 ans, le caïd a un palmarès impressionnant au niveau amateur : 127 combats dont 73 victoires avant la limite, 39 victoires aux points, 11 nuls et 4 défaites.

Au niveau professionnel, il a livré 11 combats dont 8 victoires par K.O, une victoire avant la limite et 2 victoires aux points. C’est donc la preuve qu’il mérite d’être le sportif de l’année.

Champion d’Afrique en titre de la catégorie des super welters depuis mars 2006, il défendra son titre en janvier prochain contre l’Algérien Amar Amari. Le sergent, qui vise loin, veut aller au-delà des frontières pour d’autres challenges.

Justin Daboné

Observateur Paalga

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