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Assises criminelles : A qui profitent-elles ?

Publié le samedi 16 décembre 2006 à 08h58min

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La Justice burkinabè tente de se réconcilier avec son opinion publique par la tenue des assises criminelles de la Cour d’appel de Ouagadougou. Pour une Justice dont la crédibilité était fortement remise en cause, le report sine die des assises de juin dernier avait élargi le cercle de ceux qui étaient désormais convaincus qu’il n’y avait plus de raisons de faire la moindre confiance à la Justice du Faso.

Alors, lorsqu’en milieu de semaine dernière Abdoulaye Barry, le Procureur du Faso près la Cour d’appel de Ouagadougou, s’est adressé à la presse pour annoncer de nouvelles dates pour ces assises, plusieurs personnes étaient sceptiques jusqu’à ce qu’effectivement les assises démarrent à Ouagadougou vendredi dernier, et ce jusqu’au 15 décembre.

Sur ce plan, c’est un premier pari de gagné, mais le plus important sera de faire en sorte que justice soit rendue sur les seize dossiers soumis à la sanction des jurés.

Une importante partie de l’opinion nationale est particulièrement attentive au dossier Michel Congo, ce jeune journaliste sauvagement assassiné à son domicile voilà maintenant cinq ans. On espérait qu’enfin la lumière serait faite sur les auteurs de cet acte odieux. Mais hélas ! Le marathon judiciaire qui a duré près de 18 heures d’horloge - de samedi à dimanche dernier - a accouché d’une souris. Sayibou Ouédraogo, le seul inculpé, a été acquitté pour insuffisance de preuves.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit, en quelque sorte, d’un retour à la case départ. Car, la question de savoir qui a trucidé notre confrère - et pour quel motif - reste sans réponse. L’affaire Michel Congo vient malheureusement allonger la liste déjà impressionnante des dossiers pendants de la République.

À moins de la persuader autrement, l’opinion va se convaincre définitivement que ces assises sont une sorte de rattrapage pour se donner bonne conscience dans les palais de justice. On attendra aussi les jurés sur des dossiers de crimes économiques comme ceux de détournements à la Croix-Rouge burkinabè ou du barrage de la Bougouriba. Sur ces différentes affaires, rien ne permet, à l’étape actuelle, de penser que les présentes assises tiendront toutes leurs promesses.

En effet, sur le dossier de la Croix-Rouge, par exemple, on attend toujours la levée de l’immunité parlementaire d’une personnalité clef du dossier. La demande de levée d’immunité parlementaire adressée à l’Assemblée nationale depuis le mois de février n’a pas reçu de réponse. Si en dix mois la demande n’a pas suscité la réaction attendue, ce n’est certainement pas en l’espace de quelques heures que cette décision sera prise. On ne sera donc pas surpris que ce dossier soit à nouveau renvoyé à une prochaine audience.

Pour une nation dont la pauvreté est la carte d’identité, on doit se donner les moyens de comprendre comment le Trésor public a pu être allégé de près de deux milliards de nos francs du fait des filles et fils de ce pays. Si on peut saluer le fait que certains de ces gros dossiers ont été transmis à la Justice par le gouvernement, on s’inquiète cependant qu’aucune mesure d’accompagnement n’ait été prise pour que la justice travaille à ce que force reste à la loi.

Dans tous les cas, la construction d’une nation solide passe nécessairement par la bonne gouvernance politique et économique. Cela suppose que chaque institution joue pleinement son rôle, donc que la Justice dispose des moyens adéquats pour mener à bien la mission qui est la sienne.

Adam Igor

Journal du jeudi

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