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Affaire des 50 millions : Sortie triomphale de la Maco

Publié le mardi 14 novembre 2006 à 08h43min

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Ousmane Noaga Tapsoba et Moussa Dabo, principaux incriminés dans l’affaire dite des 50 millions, ont été libérés de la Maco hier dans la matinée ; après qu’ils ont purgé la totalité de leur peine. A leur sortie de prison, ils ont aussitôt été escortés par des amis, parents et collègues jusque dans leurs domiciles respectifs aux quartiers Zempasgo et Trame d’accueil.

A 11h45mn, un battant du portail de la prison est entrouvert. Les bagages des deux prisonniers ont l’honneur d’être les premiers à voir la lumière du jour face à la Nationale 4. Puis, Ousmane Noaga Tapsoba, dans un ensemble boubou en bazin de couleur bleu-nuit, et Moussa Dabo, en chemise blanche et pantalon noir, sortent par l’entrebâillement.

Ils ont à peine franchi le portail qu’ils sont aussitôt assaillis par une foule de parents, d’amis, de voisins et de collègues commerçants. Et c’est parti pour les accolades, devant le regard quelque peu surpris des éléments de la Garde de sécurité pénitentiaire. Pour ces derniers, ce n’est pas tous les jours que leurs pensionnaires élargis reçoivent ce genre d’accueil. Beaucoup qui sortent de prison rentrent chez eux sur la pointe des pieds.

Les ex-embastillés ont bonne forme et leurs regards sont pétillants. Ousmane Tapsoba : « Malgré ce long séjour en prison, je constate que nos compagnons ne nous ont pas oubliés. Nous sommes donc très contents de cet accueil et nous remercions le monde ici présent ». Ce sont les mêmes sentiments que partage son désormais ancien compagnon de prison. Par contre, les deux restent évasifs sur leur volonté de respecter la décision de justice portant remboursement des 50 millions et des 15 autres de dommages- intérêts.

Moussa Dabo : « C’est une affaire qui relève toujours de la Justice parce que nous avons fait appel. Nous ne pouvons donc rien dire avant l’issue de cette procédure ». Après avoir échangé quelques propos avec les journalistes, les deux élargis sont introduits dans une Mercedes rutilante, et un embouteillage monstre est aussitôt provoqué sur la Nationale pour constituer l’escorte. Les coups de klaxon et de sifflet se font entendre de plus belle.

La première direction, c’est d’abord le domicile d’Ousmane, situé dans le quartier Zempasgo qui fait face à la rutilante « Ouaga 2000 ». La distance est longue et les éléments du cortège tiennent à marquer leur passage tout le long des avenues traversées. Au grand dam des autres usagers de la route, qui ne comprennent pas qu’un lundi matin, l’on occupe la voie de toute sa largeur, et que l’on s’égosille avec une joie aussi débordante.

Mais, que de choses ont été dites sur cette affaire de 50 millions ! Hier, l’ouverture du portail de la MACO semble avoir été le coup de gong final de cette ténébreuse affaire. Même si les accusés ont interjeté appel après le délibéré du 16 octobre 2006, dont L’Observateur paalga du jeudi 19 octobre 2006 avait fait un résumé : « L’affaire dite des 50 millions, sous réserve d’un appel éventuel, a donc connu son épilogue le lundi 16 octobre 2006 au Tribunal de Grande instance de Ouagadougou siégeant en matière correctionnelle.

Au terme d’une journée marathon qui s’est terminée peu après 20 heures, les deux accusés, Moussa Dabo et Ousmane Noaga Tapsoba, convaincus d’abus de confiance, ont été condamnés, rappelons-le, à 14 mois de prison ferme (peine qu’ils ont déjà purgée en préventive) et au remboursement à El hadj Oumarou Kanazoé des 50 millions litigieux plus 15 autres briques de dommages-intérêt ».

Et en cette matinée du 13 novembre donc, sur le large boulevard Pascal Zagré, les deux compères, escortés par une bonne bande joyeuse, sont libres comme le vent. Le cortège, qui a quitté la Maco il y a bientôt une heure, s’est maintenant arrêté devant une imposante bâtisse à un niveau qui brille de ses milles carreaux blancs. C’est le domicile d’Ousmane Tapsoba à Zempasgo. C’est la liesse. Grisés par la joie, des accompagnants sortent des pistolets et tirent en l’air.

Après l’eau de bienvenue, un « doua » (cérémonie de bénédiction musulmane), fait comme d’habitude avec de la kola et de l’argent, est vite organisé. Le fils aîné d’Ousmane, Rachid, qui était de la partie, jubile après le retour de son papa au bercail : « Même si chaque week-end nous lui rendions visite à la prison, son absence nous a beaucoup troublés et je suis très content aujourd’hui ».

Une trentaine de minutes plus tard, le cortège s’ébranle vers le nouveau quartier dénommé « Trame d’accueil », où c’est au tour de Moussa Dabo d’être accueilli par sa famille. La joie était visible sur tous les visages, particulièrement sur celui de l’épouse du fraîchement élargi. D’abord, elle a tenu à remercier ceux qui ont soutenu la famille durant cette épreuve : « Sans l’aide des uns et des autres, je n’aurais pas pu m’occuper de nos quatre enfants pendant ces 14 mois.

Surtout de l’aînée de la famille, qui était en classe d’examen ». Aussitôt arrivé, et comme c’est la religion qui semble réguler la vie de tous les jours de ces commerçants, les visiteurs ont aussitôt rejoint un hangar en tôle qui tient lieu de mosquée pour la prière de zouhr, la première de l’après-midi en islam.

C’est la clôture d’une rude journée pour Ousmane Tapsoba et Moussa Dabo, qui passeront donc leur première nuit at home, après quatorze mois de captivité. Reste maintenant à attendre les résultats de l’appel interjeté par leur avocat. Et à reprendre aussi les affaires. Ce qui n’est pas toujours évident, dans ce domaine où l’on a vite perdu la main, les relations et ... les moyens.

Issa K. Barry

L’Observateur

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