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Politique nationale de population : Que devient le programme de planning familial ?

Publié le vendredi 20 octobre 2006 à 07h12min

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De 1986 à nos jours, la population du Burkina a presque doublé. Une démographie qui progresse au rythme d’un taux d’environ 3 %. Or qui parle de développement accorde une place de choix à une politique de population qui vise à maîtriser la démographie.

Au Burkina, dans cet objectif, un programme de planning familial a été mis en œuvre. Malgré ce programme, la démographie est en nette croissance. Pourquoi alors cette situation ?

Le quatrième Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) a été lancé par le ministre de l’Economie et du Développement, M. Seydou Bouda. Ce recensement qui fera l’état de la population dans ses composantes est une opération qui est effectuée tous les dix ans. De 1986 à 1996, la démographie au Burkina a révélé un accroissement de 3 % environ. On est ainsi passé de 8 millions d’habitants à plus de 10 millions en 1996.

Et de 1996 à nos jours, on peut estimer la population du Burkina à environ 13,6 millions avec un taux moyen de croissance démographique de 2,9 % entre 2005-2010. Une prévision à l’horizon 2050 révèle une population totale de 39,1 millions d’habitants (état de la population mondiale 2006 de l’UNFPA). Une démographie galopante qui pose la problématique population - développement.

Planning familial : échec cuisant

A la recherche de solutions à la problématique population - développement, le gouvernement burkinabè avec l’appui de ses partenaires au développement a lancé dans les années 1980, un programme de planning familial. Ce programme consiste à maîtriser les naissances à travers leur espacement. Pour ce faire, une campagne de sensibilisation et d’action a été menée. Vingt ans après, la mise en œuvre de ce programme n’a pas eu d’effet réducteur sur la démographie.

Les raisons qui expliquent cet état de fait sont multiples.

D’un, le programme mis en exécution a eu affaire à une insuffisance de ressources liée à la crise financière qui a secoué le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) ; l’UNFPA est l’organisme international qui appuie les pays membres de l’ONU dans la formulation des politiques nationales de populations et des programmes visant à réduire les actions de la campagne. Conséquence, le message n’est pas passé au sein de la population surtout en milieu jeune.

De deux, la santé de la reproduction des jeunes et des adolescents (SRAJ) a connu un recul du fait de l’absence d’information pour la jeunesse sur les grossesses non désirées et un suivi de santé sexuelle. Des statistiques établies par l’enquête démographique et de santé de 1998 (EDS 1998) révèlent que les adolescents participent pour 11 % de la fécondité générale ; 56,5 % de jeunes sexuellement actifs n’ont jamais utilisé une méthode contraceptive ; 1 sur 4 adolescents âgés de 15 à 19 ans a déjà un enfant ou est à sa première grossesse ; 80 % des adolescents sont déjà mariés, etc. Un tableau sombre qui dépeint la situation de la santé sexuelle des adolescents et des jeunes. Une situation qui contribue énormément à l’accroissement démographique au Burkina.

Il faut réagir

La politique nationale de population dans sa mise en application s’attaque à la santé de la reproduction des adolescents et des jeunes qui représentent plus de 60 % de la population. Elle doit mettre l’accent sur des approches basées sur la participation et la pair-éducation.

L’approche participative consiste à prendre en compte les préoccupations spécifiques de chaque localité en vue de pouvoir avoir l’adhésion des populations à la mise en œuvre du programme de santé de la reproduction.

Quant à la pair-éducation, elle doit permettre surtout aux jeunes de sensibiliser et d’informer d’autres jeunes sur le comportement sexuel correct à adopter pour éviter les grossesses précoces et/ou non désirées. Une approche qui doit être vulgarisée par les organisations de jeunes. Il faut ainsi donner les moyens aux organisations de la société civile à prendre en compte dans leurs activités la santé de la reproduction pour freiner la poussée démographique au Burkina où l’évolution des ressources n’est pas proportionnelle à l’accroissement de la population.

Abou OUATTARA

Sidwaya

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