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Fait divers de Sacré : Le voisin de la villa 113

Publié le mardi 3 octobre 2006 à 07h41min

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Le bruit a quelques temps couru dans cette cité comme quoi le locataire de la villa 113 était un peu dérangé sur les bords ; mais de ce genre de folie douce qui passerait inaperçue si l’on ne connaît pas bien celui qui en est atteinte. Chez Guibrinou, cela se remarquait par des mouvements de mains comme s’il parlait à quelqu’un d’invisible.

On pouvait aussi le surprendre parlant seul en hochant vigoureusement la tête. Guibrinou est cadre supérieur de la fonction publique. On lui a donné un bureau où il ne lit que des journaux à longueur de journée à moins qu’il n’en soit à d’énergiques débats en solo. A part cela, Guibrinou est tout à fait normal, rien dans son raisonnement et son débit de paroles ne trahissait le dérangé qu’il est. C’est à cause de cela que Léopold resta interdit, à ne savoir que faire lorsque son épouse lui expliqua que le voisin d’en-face, celui que l’on dit être fatigué de la tête, lui adressait des lettres d’amour.

Elle lui mit la dernière missive entre les mains. Léopold ne fut pas loin de penser que ce voisin était un filou qui cache bien son jeu de bouc lubrique derrière des apparences de fou adouci ; et même s’il était véritablement fou, il était également atteint du vice de l’obsession sexuelle. Dans tous les cas, il était un danger pour la tranquillité des jupons des braves dames de cette paisible cité.

Ainsi motivé, Léopold fut sur le point d’aller dire son fait à ce feignant, quand son épouse lui suggéra d’en parler d’abord à Jules, leur proche voisin qui connaissait bien Guibrinou. Leur entretien convainquit Léopold de ne pas l’agresser comme il s’était promis de le faire. Il résolut cependant de jouer un tour à Guibrinou qui le rendrait plus fou ou qui lui enlèverait à jamais l’envie de guigner les épouses d’autrui. La prochaine lettre serait la dernière.

Et la dernière lettre de Guibrinou arriva. Madame n’avait jamais répondu aux lettres de son illégal amoureux. Léopold décida cette fois-ci qu’elle répondrait. La réponse fut même rédigée par lui en ces mots « ... j’ai bien reçu votre message, je suis d’accord et je suis seule à la maison. Venez je vous attends.... ».

Cette réponse fut remise à la fillette qui avait amené la lettre de Guibrinou. Puis Léopold alla chercher son pistolet et vint se plaquer derrière la porte. Peu de temps plus tard Guibrinou arriva et frappa. Madame lui cria de rentrer.

Il entra. Il ne vit pas d’abord Léopold. Il vit tout de suite le pistolet pointé au niveau de sa tempe. Avant de tomber à genoux, il cria : « trahison ! » Pourtant Léopold n’avait pas tiré. Froidement, il demanda à Guibrinou ce qu’il venait chercher chez lui. Si ce jour- là Guibrinou n’est pas devenu tout à fait fou, c’est Dieu qui l’a voulu.

Au lieu de répondre à la question, il se mit à raconter tout ce qu’il savait des femmes qui selon lui, sont des traîtresses à l’origine de toutes les guerres de l’humanité ; si seulement elles n’étaient que cela, car en plus elles sont menteuses que si tu crois une minute à une femme tu vas droit en enfer !

Il termina en reconnaissant qu’il avait été trahi par une femme qui voulait transformer son mari en assassin et que ce dernier serait bien inspiré s’il refusait d’endeuiller la grande famille Guibrinou... Comme la peur fait parler !

Pour ne pas éclater de rire devant lui, Léopold le laissa partir tout en lui promettant une mort brutale si son épouse recevait encore une lettre de lui. Guibrinou ne répondit pas avec sa voix. En courant, il secoua négativement les mains levées au niveau de sa nuque. Aujourd’hui Guibrinou est au bord de la haine vis-à-vis des femmes. Il parait qu’il ne salue même plus ses collègues femmes au bureau.

Sacré Chédou OUEDRAOGO

Sidwaya

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