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Enseignement supérieur : Comment résoudre le problème du logement ?

Publié le jeudi 28 septembre 2006 à 07h56min

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Robert Sangaré, DG du CENOU

Après l’euphorie du succès au baccalauréat, le nouveau bachelier plus que jamais enthousiaste dépose ses bagages soit à Ouagadougou soit à Bobo-Dioulasso ou encore à Koudougou pour une nouvelle vie, universitaire.

Cette école de la vie, dont le chemin n’est point sans difficultés, prépare aux dures réalités quotidiennes des études et forge le caractère psychologique, humain et social de l’étudiant. Au nombre des difficultés, il y a l’épineuse question du logement dont a la charge le CENOU (Centre National des Œuvres Universitaires).

Il n’y a pas de doute, le CENOU de nos jours a fort à faire qu’il ne l’avait il y a seulement une décennie. En effet, les étudiants sont de plus en plus nombreux et leurs besoins de logement plus accrus. C’est pour répondre à cette nécessité que le projet de construction d’une nouvelle cité universitaire a été formulé.

Cinq mille (5000) nouveaux étudiants sont enregistrés tous les ans et dont la majeure partie arrive pour la première fois à Ouagadougou. Le manque de logements constitue pour beaucoup une entrave pour la bonne exécution du travail académique, d’où un échec presque programmé, le retard scolaire en cours de formation et même l’abandon des classes dès la première année.

Ainsi pour pallier le manque crucial de logements pour l’hébergement des étudiants, le gouvernement du Burkina Faso a initié plusieurs requêtes de financement auprès de partenaires financiers dont le Fonds de l’OPEP (l’Organisation des pays et Etats producteurs de pétrole) et la BID (Banque islamique de développement).

Ainsi, le Fonds de l’OPEP a financé à hauteur de 4 milliards de Francs FCFA avec une participation nationale d’environ 260 millions de FCFA le projet de construction de la cité universitaire de Kossodo dont la mise en œuvre a débuté depuis le 16 février 2004.
Cette cité se veut dans sa première phase de répondre en partie aux problèmes urgents de logements des étudiants.

Aussi à moyen et long terme la réalisation d’une étude visera à aider le gouvernement à formuler une politique de logement impliquant le secteur privé. Pour ce qui concerne l’infrastructure, la nouvelle cité comprendra :
- quatre unités d’hébergement avec des chambres individuelles de 372 lits et des chambres doubles de 202 lits ;
- deux buanderies avec deux salles de lavage aérées et deux salles de repassage ;
- un bloc administratif, un bureau directorial, un secrétariat, un bureau de comptabilité, un bureau pour économe, une salle de réunions ;
- une infirmerie, une salle d’attente, une salle de consultation et de soins, deux bureaux des infirmiers, un bureau de médecin, une salle d’observation et des sanitaires ;
- un restaurant avec un réfectoire pour 400 places assises, un espace service, une cuisine, des vestiaires cuisines, un local de plonge, une réserve pour chambre froide, un bureau de chef cuisinier ;
- un cafétariat dont un magasin, un service comptoir et un espace public.

Cette nouvelle cité avec tout son confort moderne sera disponible dès février 2007 pour augmenter le pourcentage de la capacité d’accueil des étudiants qui n’est pour l’instant qu’à 6,4 % de l’effectif total des étudiants.

Par MAIGA Issoufou ( stagiaire)


Boukary BARRY, Chef de projet des Cités universitaires :
“La cité de Kossodo sera opérationnelle d’ici janvier 2007”

Le logement fait partie des conditions minimales d’études pour tout étudiant désireux d’entamer un cursus universitaire. En effet, à travers le Centre national des œuvres universitaires (CENOU) créé en 1977 et partant sa direction de logement a élaboré une politique efficace de logement en vue de loger les étudiants dans un cadre sain.

C’est ainsi que de nombreux ouvrages ont été soit construits par l’Etat, loués soit aux privés et mis à la disposition des étudiants à des prix sociaux. Pour mieux appréhender les réalités et les modalités d’attributions nous nous sommes entretenus avec le directeur du logement et chef de projet des cités en construction M. Boukary BARRY.

Pouvez-vous parler du rôle de votre direction ?

Boukary BARRY

Boukary BARRY (BB) : La direction du logement est chargée de l’élaboration de la politique de logement des étudiants, en liaison avec les centres régionaux, des conditions d’accès aux cités et résidences universitaires, à la recherche de partenaires publics ou privés, à la mise en place des comités de résidents, à l’élaboration des règles de vie et de discipline dans les cités et à l’étude, en liaison avec la direction des Etudes, des projets et de la coopération, relatives à l’aménagement à la réhabilitation, à la réfection et à la réalisation de logements pour étudiants.

Quels sont les critères d’attribution et la couche sociale cible ?

BB : Il est mis en place une commission d’admission et de réadmission qui se réunit en session ordinaire 2 fois l’an en octobre et fin janvier de l’année académique en cours. Selon les textes sont habilités à soumettre un dossier d’admission en cité, les étudiants régulièrement inscrits dans une université du Burkina Faso ou les élèves nouvellement admis au baccalauréat et en instance d’obtenir une inscription.

Cependant il se trouve que tous les étudiants remplissent cette condition. C’est ainsi que la commission procède d’abord par un premier critère qui concerne les étudiants ayant obtenu le BAC hors de Ouagadougou et sont orphelins de père et de mère. Ensuite on planche sur les dossiers des bacheliers orphelins de père ou de mère et aux anciens étudiants.

Comment opérez-vous le choix, y’a t-il au préalable une enquête ?

BB : Non, les étudiants désireux d’obtenir un logement soumettent un dossier constitué de pièces légalisées telles que la demande d’admission dûment remplie, une photocopie légalisée du livret de famille, un certificat médical établi par le CENOU ou un service agréé, une copie de la carte d’identité burkinabé ou la carte consulaire, une copie de l’attestation provisoire du succès au baccalauréat et une photocopie légalisée des relevés de notes du baccalauréat, et un certificat de décès des parents.
Nous avons foi à l’administration publique puisque les pièces constitutives sont légalisées.

Combien de cités disposez-vous au niveau de Ouagadougou ?

BB : Il y a en gros neuf cités notamment celle du Campus à Zogona, de la Patte d’Oie, du SIAO, de Tampouy, de Gounghin I et II, l’Hôtel Tropical de Larlé et l’immeuble Mme OUEDRAOGO. Ces derniers sont occupés entièrement par les filles, les autres étant mixtes.

Pouvez-vous nous dire le nombre d’étudiants bénéficiaires des cités universitaires ?

BB : La capacité d’accueil est de 1600 lits pour ce qui concerne Ouagadougou. Chaque année nous recevons environ 1302 demandes. Il se trouve que le séjour en cité dure deux années académiques et les dossiers de réadmission peuvent concerner 857 étudiants comme c’est le cas en 2005. Cependant chaque année au moins 40% des demandes sont satisfaites.

Les modalités de paiement répondent à quel critère ?

BB : Nous tenons compte des distances. Comme le CENOU ne prend pas en charge les transports, les étudiants de la Cité Tampouy par exemple paient 1500F par lit et ceux de Zogona, 4 000 F. C’est un système de compensation des charges de transport.

L’intervention de l’Etat peut s’évaluer à combien ?

BB : L’Etat prend en charge la différence pour ce qui concerne les logements. Surtout l’eau et l’électricité sont des charges importantes. Vous savez de fait les étudiants sont souvent à quatre dans une chambre et en réalité le lit de 4 000F s’évalue à 15000F et celui de 1500F à 22 000 F loué au privé. C’est l’Etat qui paie la différence.

Comme le restaurant universitaire, le logement est-il ouvert au privé ?

BB : J’ai lu dans une certaine presse que le CENOU veut privatiser les cités. Non c’est une incompréhension, aucun privé ne s’occupe de la gestion du logement, nous avons loué des bâtiments aux privés pour répondre aux nombreux besoins de nos étudiants à des tarifs sociaux.

Pour loger le plus grand nombre d’étudiants à des prix sociaux, quelles sont les mesures prises à court et moyen terme ?

BB : A court et moyen terme pour ce qui concerne Ouagadougou, il y a la cité de 750 lits à Kossodo dont les travaux sont très avancés. Elle pourrait être opérationnelle d’ici janvier 2007. Cependant nous n’avons pas tenu compte de cet ouvrage pour l’attribution d’abord. La commission pourra statuer en temps opportun.

Quels sont les projets à venir en matière de la politique de logement ?

BB : En ce sens l’effort et la volonté du gouvernement de construire des logements est à saluer. Ainsi la cité de Kossodo est évaluée à environ 4 milliards de F CFA avec tout le confort moderne. En partenariat avec le fonds de l’OPEP, il sera engagé une autre phase du projet car nous nous disposons d’au moins 60 hectares de terrain, nous n’avons occupé que la moitié.

Et pour ce qui concerne l’université de Bobo-Dioulasso et de Koudougou ?

BB : Pour ce qui concerne ces deux universités le gouvernement est en négociation avec la Banque Islamique de Développement (BID) et cette requête est favorablement accueillie. Nous avons effectué une mission au siège de la Banque dans le cadre de ce projet. Le site de Bobo-Dioulasso est déjà identifié car nous avons sollicité auprès des autorités communales de Bobo une superficie de 15 hectares et l’avis est favorable. Pour le site de Koudougou la demande est en phase d’étude par la mairie.
Par ailleurs nous avons fait des propositions au cours du colloque qui s’est tenu en juin 2006 pour associer le privé dans la politique du logement.

Cela consistera pour l’Etat d’accorder des exonérations fiscales en matière d’impôt et de douane aux privés et en contre partie les privés loueront leurs bâtiments à des tarifs sociaux comme cela se fait en Tunisie. La nouvelle politique engagera une convention entre le CENOU et le privé. L’étudiant ne sera pas concerné. Le privé est très intéressé puisque nous avons reçu des demandes dans ce sens-là.

Les cités vacances. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cela ? Et quelle norme répondent-elles ?

BB : Vous savez depuis 2003, après la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire, nombre d’étudiants ne pouvaient pas rentrer en vacances. Ils ont constitué une délégation pour poser le problème aux autorités. C’est ainsi que l’idée est née. Pour obtenir une cité dans ce cadre il faut un dossier qui atteste que l’étudiant est en session. Là aussi cette année nous avons rencontré un problème de taille parce que les résultats à l’université tardent. C’est ainsi que face à cette situation nous avons mis à la disposition des étudiants trois cités vacances ( Patte d’Oie, Zogona et SIAO ).

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

BB : Cela concerne l’implication du privé. Nos amis étudiants n’ont pas compris. Il s’agit d’une proposition à la faveur de l’étudiant et pour permettre de loger le plus grand nombre à des tarifs de 4 000F. Cela ne veut pas dire que l’Etat se désengage. L’Etat va continuer sa mission pour les futures villes universitaires notamment : Ouahigouya, Ziniaré, Fada.etc.

Par Issoufou MAIGA (stagiaire)

L’Opinion

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