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Enseignements secondaire et supérieur : esquisse d’une feuille de route

Publié le jeudi 28 septembre 2006 à 08h00min

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Hervé Kaboré, Directeur du PDDEB

Dans le but d’éviter un goulot d’étranglement au niveau de l’enseignement post-primaire du fait de l’exécution du PDDEB, le gouvernement est en train d’élaborer un programme décennal de développement des enseignements secondaire et supérieur (PDDESS).

Ce programme lorsqu’il verra le jour, constituera le prolongement du PDDEB au niveau secondaire et supérieur. Le PDDESS devrait dans sa conception initiale, avoir vu le jour depuis 2005 pour durer jusqu’en 2014.

C’est dans un contexte particulièrement difficile de l’Enseignement secondaire et supérieur que le gouvernement en son temps avait initié ce programme. En effet, la situation en amont laissait présager bien des difficultés dans les années à venir. Ainsi le taux de scolarisation au niveau de l’Enseignement primaire était passé de 44,73 % en 1999 à 47,5% en 2002-2003 et à 60% en 2005-2006.
Aussi la mise en œuvre du PDDEB faisait une projection de 70% en 2009.

En aval, la situation de l’Enseignement supérieur n’était guère reluisante avec un taux de scolarisation faible de l’ordre de 1,52% en 2002 et de 2% en 2005-2006 même si les infrastructures d’accueil des étudiants a doublé du fait des effets conjugués du manque d’enseignants et les effectifs pléthoriques.

A cela il faut ajouter un secteur privé très dynamique qui fait une offre éducative très importante. Pour l’Enseignement secondaire général, le privé scolaire 34,12% des effectifs contre 80,30% de l’Enseignement secondaire technique. Tous ces facteurs ont donc conduit à l’élaboration par le gouvernement d’une politique nationale de développement de l’enseignement post-primaire.

Pour permettre la mise en place d’un programme qui soit à même d’apporter des solutions concrètes et réalistes aux problèmes d’Enseignement secondaire et supérieur, un comité technique avait été chargé de réfléchir sur la question. Mis en place par arrêté N°2004-135/MESSRS/CAB/PEPP du 14 juillet 2004 le comité technique avait pour mission de trouver et codifier les difficultés de l’Enseignement secondaire et supérieur au Burkina et proposer une solution pour y remédier.

Les travaux du comité ont abouti à l’adoption d’un Programme décennal de développement des enseignements secondaire et supérieur (PDDESS). Ce programme apparaît donc comme le prolongement du PDDEB au niveau du secondaire et du supérieur.
Les rédacteurs du PDDESS ont ainsi diagnostiqué les contraintes du système éducatif en termes de contraintes financières, psychologiques et liées aux aides extérieures.

Au niveau des contraintes financières on note que les coûts unitaires de formation restent très élevés (66 760F au 1er cycle et 144 056F au 2nd cycle et 939 461F à l’Enseignement supérieur), ceux-ci sont énormément coûteux pour l’Etat au regard du nombre des élèves et étudiants à former. Ainsi, il faut ajouter que le budget alloué au ministère en charge de l’Enseignement secondaire et supérieur reste faible et évolue en dents de scies depuis 1995. Enfin l’extrême pauvreté des ménages constitue un frein au développement de l’Enseignement secondaire et supérieur.

Pour ce qui est de la contrainte psychologique, le comité fait ressortir que les Burkinabè sont sceptiques, voire méfiants vis-à-vis des changements en matière d’éducation. Il ressort ainsi l’existence de pesanteurs socioculturelles et de nombreux cas d’abandons, de redoublements, d’exclusion et de faible taux d’insertion des diplômés qui ont fini par créer le sentiment chez de nombreux parents que l’école ne mérite pas les sacrifices y consentis.

Pour les contraintes liées aux aides extérieures, la limitation des moyens de l’Etat fait que le secteur de l’éducation est majoritairement financé par les ressources extérieures. Pourtant, il apparaît que ces ressources sont insuffisantes au regard des besoins.

Aussi on assiste souvent à des interventions des partenaires qui ne sont pas toujours coordonnés.
Au regard donc de toutes ces contraintes, le PDDESS vise un objectif global essentiel : celui d’assurer le développement harmonieux des différents ordres d’enseignement du système d’éducation et de formation pour un développement humain durable.

Pour réaliser cet objectif, le programme a établi quatre étapes indispensables qui seront réalisées. Il s’agit de l’accroissement des capacités d’accueil au secondaire et au supérieur, de l’amélioration de la qualité au niveau des enseignements secondaire et supérieur, du développement de l’enseignement technique et la formation professionnelle, du renforcement des capacités de pilotage, de gestion et d’évaluation des structures centrales et déconcentrées du ministère.
Ces étapes successives permettront à terme d’atteindre l’objectif global du PDDESS.

Prévu sur une période de 10 ans, le programme devrait s’exécuter en trois phases avec chacune un objectif spécifique. Aussi il faut dire que ce programme a été évalué à 267 231 790 000 FCFA. Le PDDES se décompose ainsi qu’il suit : 1ère phase 2005-2006 est évaluée à 76 065 490 000 FCFA, la seconde phase 2008-2010 est évaluée à 91 692 080 000 FCFA et la troisième phase de 2011 à 2014 est évaluée à 84 748 910 000 FCFA. A ces différents montants, il faudrait prévoir la somme de 12 725 320 000 FCFA qui correspond à 5% de majoration pour les imprévus.

Ce programme décennal devrait apparaître aujourd’hui comme la feuille de route mise à la disposition des ministres en charge de l’Enseignement secondaire et supérieur qui sont chargés de le mettre en œuvre.

Ainsi élaboré et budgétisé, le PDDESS devrait permettre à n’en point douter l’essor de l’Enseignement secondaire et supérieur au Burkina Faso. Dans tous les cas, même si dans sa forme originale le PDDESS n’a pas encre vu le jour, il n’en a pas moins influencé des décisions et interventions.

En effet à la lumière de certaines réformes engagées dans le système éducatif d’aujourd’hui, certaines propositions faites dans le cadre du PDDESS se retrouvent en application. C’est dire toute l’originalité et la pertinence avec laquelle les propositions ont été faites. Dans tous les cas, ce programme qui est encore à l’étape de projet devrait voir le jour si les autorités veulent éviter ce goulot d’étranglement tant redouté.

Pour cette rentrée scolaire, 2006-2007 qui constitue la mise en œuvre de la dernière étape de la première phase va voir la réalisation de plusieurs infrastructures. Aussi plusieurs réformes au niveau même du système éducatif sont prévues par le programme, c’est d’ailleurs ce qui a été annoncé par le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique. Vu l’audace avec laquelle le PDDESS a été élaboré on pourrait présager que l’enseignement au Burkina Faso est en plein essor, si on combine au PDDEB le PDDESS.o
Par S. Daouda (stagiaire)

Joindre l’utile à l’agréable

La rentrée scolaire est là. Nombre de Burkinabè ont compris la nécessité d’envoyer les enfants à l’école, mais des résistances subsistent. Le CCEB dont l’action est de faire un plaidoyer pour une éducation pour tous ne veut pas être en reste. Il a initié avec des artistes musiciens burkinabè un partenariat de sensibilisation des populations par la musique. Objectif, joindre l’utile à l’agréable pour une prise de conscience de ceux qui montrent encore des résistances.

L’utile, c’est l’action du CCEB (Cadre de concertation pour l’éducation de base) conduite par Saidou OUEDRAOGO. Amener, par la sensibilisation, le plaidoyer, la concertation, etc. les différentes entités à prendre conscience de l’importance de l’éducation dans le développement du Burkina. Cela passe par un travail de fond au sein des populations pour briser les résistances.

Mais, il faut trouver des canaux à même de faire passer le message avec assurance d’où la recherche de l’agréable.
L’agréable, c’est ce que les artistes musiciens s’engagent à faire aux côtés du CCEB. En effet, une dizaine d’artistes musiciens ont choisi d’accompagner le CCEB dans ses actions de sensibilisation et de plaidoyer.

Par le biais de leur musique, ils s’engagent à intervenir là où le CCEB les amènera dans le Burkina Faso pour passer le message de la scolarisation des enfants. A travers des concerts, des artistes comme Dick Marcus, Sami Rama, Pholio Phox, le Messager, Ossibi Jhoan, etc. et le grand chansonnier Kisto Koinbré veulent travailler aux côtés de M. Saidou OUEDRAOGO et de ses collaborateurs.

"Mon engagement aux côtés du CCEB est parti d’une situation personnelle. Ça fait 25 ans que dans mon propre village situé à quelques kilomètres de Boulsa, nous sommes toujours à 3 classes. Cela fait plusieurs années également que nous, fils et filles du village, nous nous battons auprès des autorités pour avoir 6 classes. Nous sommes toujours dans l’attente. Comment rester insensible quand de nos jours pendant que des enfants sont dans des classes climatisées à Ouagadougou, d’autres sont sous des hangars pour faire classe. C’est révoltant", a déclaré Kisto Koinbré.

La première tentative de l’action a eu lieu en 2005. Les villes de Kaya et de Ouahigouya avaient alors accueilli des musiciens. La présente action en cours vise donc à formaliser une initiative qui veut s’inscrire désormais dans la durée. Au cours des activités du CCEB qui se déroulent à l’intérieur du pays les artistes seront amenés à se produire. C’est un travail de bénévolat, sinon de patriotisme que les musiciens qui se sont engagés veulent assurer pour l’éducation des enfants au Burkina et la lutte contre la pauvreté.

Si aucun cachet ne sera servi aux musiciens, le CCEB s’engage au moins à prendre en charge les frais de déplacement et de séjour sur les lieux des activités.

Mieux, le CCEB qui est une structure de renom assurera également la visibilité nationale et même internationale à travers un plaidoyer auprès de ses partenaires. Le soutien des artistes au CCEB est salué à sa juste valeur par Saidou OUEDRAOGO, Directeur exécutif. "Cet engagement" des artistes comme Alif Naaba, Madess, Dick Marcus, Sami Rama, etc. démontre que l’étiquette qui leur est toujours collée comme étant des "chercheurs" de sous ne tient pas.

La preuve, ils s’engagent complètement dans une entreprise sans attendre en contre partie un seul sou. C’est dire que pour eux, le « gombo » ne les empêche pas de penser qu’ils sont dans une société où certains manquent du minimum et qu’il peuvent et doivent aider avec les moyens qu’ils ont".

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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