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Fait divers : Un wack-man démasqué

Publié le jeudi 21 septembre 2006 à 07h48min

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Bila surnommé Bil-tiim à cause de son wack était craint dans son village. Tout le monde le craignait à cause de son tiim (wack). Partout où il passait les gens se méfiaient. En circulation il était interdit à toute personne qui rencontre Bil-tiim de passer à sa droite. Dans ses causeries Bil-tiim vantait son wack.

Il racontait ses aventures glorieuses. Il disait : « Dans tel village, j’ai sauvé tant d’enfants aux mains des sorciers ». « Dans tel autre village je me suis transformé en vent pour échapper à une embuscade que les Nionnionsés m’avaient tendue ». « Dans tel autre village, c’est grâce à moi que le chef survit... ». Bref il ne manquait jamais de propos pour magnifier sa puissance.

A l’occasion des grandes manifestations et funérailles, on sollicitait les services de Bil-tiim. On lui demandait de veiller sur les gens pour que les sorciers et autres personnes de mauvaise foi ne puissent leur faire du mal. Bil-tiim rendait le service avec joie et vantardise. En retour, il exigeait des récompenses qui allaient des poulets aux moutons et chèvres.

Un jour il fut convié pour la surveillance des funérailles d’un vieux. Bil-tiim posa ses conditions en ces termes : « Je sais que grâce à moi rien ne se passera mais, à la fin, vous me devez six poulets et un mouton tout blanc ». Le vieux avait des enfants qui sont revenus de la Côte d’Ivoire avec assez d’argent. Alors ils approuvèrent la demande de Bil-tiim sans hésiter pourvu que tout se passe bien. Les funérailles devaient commencer un vendredi et se terminer un dimanche. Dès le jeudi soir Bil-tiim est interné dans la maison mortuaire. Il est posté en un endroit sûr avec ses fétiches où kola, dolo et riz lui sont servis régulièrement.

De temps en temps il se levait et raclait bruyamment sa gorge en signe d’avertissement et ouvrait largement ses yeux rouges pour observer et inquiéter une éventuelle personne de mauvaise foi qui se serait infiltrée dans la foule. Au moment où les chants et les danses battaient leur plein, Bil-tiim entre de temps à autre dans l’arène. Il racle sa gorge avec plus de vigueur et d’une voix forte et menaçante il met en garde les éventuels fauteurs de trouble en ces termes : « Attention je vous vois !!! ».

Le benjamin de la famille qui doutait des pouvoirs mystiques de Bil-tiim attira à mainte reprise l’attention de ses grands-frères qui eux faisant confiance au pouvoir de Bil-tiim ne l’écoutèrent point. Alors le petit frère s’entendit avec un de ses amis venus de Ouagadougou.
Bil-tiim ne le connaissait pas. Les deux jeunes cherchèrent une pioche, ils versèrent du sang là-dessus et y collèrent des plumes de poulets et de pintades.

C’était le samedi dans la nuit pendant que danses et chants battaient leur plein et que Bil-tiim régnait en maître sur la foule ; l’ami du petit frère porta la pioche magique à l’envers et entra au milieu des gens. Il ordonna d’arrêter les chants, les danses et les sons de calebasse et autres instruments de musique qui accompagnaient. Il garda un moment le silence tout en secouant la tête avec une mine de deuil. Enfin il dit, « mais mais mais c’est grave. Les sorciers ont ramassé les âmes de plus de la moitié des gens ici présents. C’est vraiment grave. Qui est chargé de veiller sur les gens pendant ces funérailles » ?

Personne ne répond ; pas même Bil-tiim. Le jeune reprit la parole « si le bon vieux est sous terre et voit tous ceux, qui ont pris des âmes ici ils auront chaud. Comptez sur moi ». Sur ce, le jeune ordonna de reprendre les chants et les danses et quitta la foule en haussant la tête. Une grande peur s’abattit sur la foule.

Chacun se posait la question si son âme n’a pas été prise. Bil-tiim poursuivit le jeune et lui demande : « Est-ce que ce que tu dis est vrai » ; le jeune lui répond : « Mais c’est vrai, vous aussi vous ne voyez pas » ? Bil-tiim reprend en chuchotant « chez moi là ce n’est pas comme cela. Je ne vois rien. C’est pour me faire craindre que je parle souvent.

Mais est-ce que mon âme n’a pas été prise » ? « Tu veux savoir ton sort ? Attends ici je vais retourner pour voir », lui répond le jeune. Il entra dans la maison mortuaire puis ressortit aussitôt.
Il dit à Bil-tiim « tu as eu la chance c’est une femme, teint noir qui avait pris ton âme mais je t’ai libéré. Seulement quand la femme s’est rendue compte que ton âme n’était plus dans sa poche, elle était en train de la chercher. Alors tu as intérêt à partir ».

Après avoir remercié le jeune, Bil-tiim regagna sa maison clandestinement. Le jeune devenu le nouveau maître des lieux jurait par tous les dieux qu’il a retiré toutes les âmes qui étaient prises et que les funérailles pouvaient se poursuivre sans problème. Tout le monde comprit alors que Bil-tiim jouait au faux wack-man..

Lavoisier

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