Equipe de volley-ball : Sortie de crise au rabais
Suite au bras de fer qui oppose la Fédération burkinabé de volley-ball et les joueurs de l’équipe nationale, une rencontre a réuni les deux parties le mardi 19 septembre à 19 heures sur le terrain du plateau SONAR. Après moult tractations, les uns et les autres sont parvenus à un accord, même si les joueurs ont dû faire beaucoup de concessions.
Cette rencontre fait suite à la décision des joueurs de l’équipe nationale de volley-ball de mettre fin à leur préparation pour le tournoi de la solidarité. Cette compétition devrait se tenir du 24 au 30 septembre 2006 dans notre pays, et depuis le 30 août dernier, les joueurs sélectionnés pour défendre les couleurs nationales s’entraînaient activement en vue de cette échéance. Mais ils avaient arrêté la préparation le mercredi 13 septembre pour protester contre le dénuement dans lequel ils étaient.
Avant-hier, mardi 19 septembre, la Fédération burkinabé de volley-ball (FVB) a dépêché sur le plateau de la SONAR une petite délégation pour échanger avec les joueurs. Elle était composée de son président délégué, Gilbert B. Sedgo, et de la trésorière adjointe, Catherine Tangary. C’étaient à eux deux de convaincre les joueurs, même si ces derniers voulaient, eux, voir le président de la Fédé, en la personne d’Issiaka Sawadogo.
Après une heure de discussion, les joueurs se retirent une première fois et se concertent entre eux. Ils regagnent ensuite les négociateurs, puis se retirent une seconde fois. Les discussions se font de plus en plus chaudes. On reproche, entre autres, aux joueurs de s’être ouverts à la presse, comme si le Burkinabé lambda ne devrait pas être au courant de ce que vit ses ... « Etalons », version volley-ball. A la fin de l’entrevue, les deux membres fédéraux refusent de s’ouvrir à nous, encore moins de nous laisser les photographier. L’un d’eux est allé jusqu’à nous brandir son « droit à l’image ». Toutes choses que nous avons respectées, même si notre code de l’information stipule qu’il n’y a pas de droit à l’image pour quelqu’un qui se trouve dans un endroit public et à une réunion.
2 000 F par jour pour s’alimenter
Bref, le consensus sera trouvé, mais dans la douleur. Le porte-parole des joueurs, Armel Yaméogo, nous apprendra qu’il n’y a pas eu d’entente sur tous les points. « Sur le plan de l’alimentation, les membres fédéraux ont jugé que des athlètes de haut niveau, comme nous, peuvent s’alimenter à 2000F/jour », a ironisé le porte-parole. Il nous a confié que la FVB leur proposait 1500F/jour. Une offre que les joueurs ont rejetée. Mais à l’heure actuelle, les volleyeurs se contenteront de cette dernière proposition en attendant que la fédé trouve des sponsors en vue de leur reverser le reliquat. L’ensemble de cette réclamation s’élève à environ 370 000F. Cependant, les joueurs restent mobilisés et soutiennent que si d’ici là toutes les promesses ne sont pas satisfaites, ils vont, une fois de plus, se « rebeller ». Sur le plan de la logistique, tout semble rentrer dans l’ordre.
En principe, les présélectionnés devraient reprendre les entraînements ce mercredi 20 septembre dans la soirée avec, disent-ils, « leur gombo » en main. Mais comment peut-on se concentrer sur le travail dans une telle ambiance ? A ce propos, les joueurs sont désemparés. Armel Yaméogo l’affirme avec amertume :
« personnellement, cela fait 12 ans que je joue dans l’équipe nationale et chaque année, c’est la même rengaine. Ce qui se passe ne m’étonne pas de la fédération. Moi, je suis à la fin de ma carrière sportive. Maintenant, nous luttons pour les jeunes qui sont en train de connaître le volley-ball et d’intégrer l’équipe nationale. Nous voulons préparer le terrain pour nos petits frères qui arrivent.
Ces jeunes qui feront leur baptême de feu lors de ce tournoi ne savent pas quoi dire. Ils n’en reviennent pas de cette situation. Néanmoins, tous sont confiants que si tout rentre dans l’ordre, ils ont leur mot à dire dans ce tournoi de la solidarité. Pour eux, s’ils remportent la compétition, ce sont eux les joueurs, qui auront gagné et non la fédération, car ils se seraient battus avec leurs propres armes et non avec les moyens mis à leur disposition. Du côté du ministère des Sports et Loisirs, l’on rejette la faute à Fédération de volley-ball (voir l’encadré.)
Il ne reste qu’à colmater les brèches
Quant à l’entraîneur, Yassia Sawadogo, tout son souhait est que ses joueurs reprennent le chemin du terrain. Il estime que c’était juste un malentendu. Mais pour le temps perdu lors de la grève des joueurs, il pense que cette période morte ne peut plus être rattrapée. Néanmoins, il s’est réjoui du report de la date de la compétition du 1er au 8 octobre (au lieu du 24 au 30 septembre) pour mettre les bouchées doubles et colmater les brèches. Lui-même ne sait pas quel est le moral de la troupe. Il attend de voir ses poulains sur le terrain pour les remonter afin qu’ils aient le cœur à l’ouvrage.
Du coté des dames, le sélectionneur devrait se rendre hier mercredi 20 septembre à Bobo, où l’attendent ses joueuses. Si pour les hommes, l’on peut rapidement se remettre en selle, cela n’est pas évident chez les dames, car le niveau n’y est pas extraordinaire ; et vu le temps court de préparation, il ne faudra pas s’attendre au miracle.
Dans une telle ambiance, comment pourrons-nous rivaliser avec les autres formations nationales, qui depuis l’annonce de l’effectivité du tournoi, s’activent à donner le meilleur d’eux à Ouaga ? Pourvu que nous ne subissions pas des défaites humiliantes, car à cette allure, c’est vraiment mal parti.
Kader Traoré
L’Observateur