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Hélène Traoré : " J’encourage les filles à poursuivre leurs études jusqu’au supérieur "

Publié le mercredi 20 septembre 2006 à 07h31min

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Hélène Traoré, chef du service relations publiques et presse de la SOFITEX

La quarantaine, forte de corpulence et la démarche souple, Hélène Traoré arrive à la nationale du coton en 1985 comme secrétaire de direction. Aujourd’hui, elle est chef du service Relations publiques et presse de la SOFITEX.

Elle est également membre de plusieurs associations comme le Zonta club, la Jeune Chambre internationale et l’Association professionnelle des secrétaires du Burkina. Mariée et mère de trois enfants, Hélène Traoré nous retrace son parcours.

S. : En quoi consiste votre travail en tant que chef du service Relations publiques et presse à la SOFITEX qui est l’une des plus grandes entreprises du Burkina Faso ?

H.T. : La SOFITEX est une grande société et un grand employeur au Burkina. Pour cela, tant la communauté nationale qu’internationale doit avoir une image positive de l’entreprise. Cette image, le directeur de la SOFITEX ne cesse d’ailleurs de la soigner autant que faire se peut. Mon rôle est donc d’entretenir cette image de marque et les relations avec tous nos partenaires par une communication franche et fluide. C’est une tâche gigantesque mais on s’y fait.

S. : Cette responsabilité ne pèse-t-elle pas trop sur les épaules de la femme et mère que vous êtes ?

H.T. : J’avoue que ce n’est pas facile parce que je suis chef de deux services, c’est-à-dire à la SOFITEX et à la maison. Mais tout est une question d’organisation. J’ai la chance d’avoir un mari et des enfants qui me comprennent et me soutiennent. C’est vrai que je voyage beaucoup, mais j’essaie au maximum de maintenir le contact avec ma famille. Alors, je peux dire que j’arrive à concilier les deux responsabilités.

S. : Que répondez-vous à ceux qui continuent de croire et de dire qu’on ne doit pas confier des postes de responsabilité aux femmes ?

H.T. : Je dis tout de suite que ce sont des misogynes ou des gens qui n’ont encore rien compris à la femme. Car naturellement la femme a peur de faillir, donc tout ce qu’on lui confie devient un défi pour elle. Et en général, à tous les coups, elle relève le défi. En plus je peux le dire haut et fort, les femmes sont beaucoup plus responsables que bon nombre d’hommes.

S. : De secrétaire de direction vous êtes devenue chef du service Relations publiques et presse. Comment s’est passé ce changement de statut ?

H.T. : Je dois cette promotion à mon directeur général qui a cru à mes capacités et j’espère que jusque-là je ne l’ai pas déçu. Cela fait 21 ans que je suis à la SOFITEX. J’y suis entrée en 1985 en tant que secrétaire de direction et suis restée à ce poste pendant 10 ans. Je peux vous assurer que le secrétariat est un métier polyvalent où on est toujours en relation avec les gens. J’ai donc appris à connaître les partenaires de la SOFITEX, les méthodes de travail des premiers responsables. Alors pour moi, le poste que j’occupe présentement est une continuité du premier.

S. : Vous militez dans plusieurs associations, vous enseignez, vous travaillez à la SOFITEX. Pourquoi toutes ces activités ?

H.T. : Je commencerai par remercier le bon Dieu de m’avoir donné toute l’énergie que j’ai, parce que sincèrement j’en ai à revendre. Et pour répondre à votre question, je dirai que je mène toutes ces activités pour rendre service à mon prochain. J’aime bien la vie associative, les échanges d’idées et surtout j’aime partager. J’ai toujours aimé partager avec les autres depuis mon jeune âge. Et je vous assure que la vie associative procure toujours un bien être-moral.

S. : Pensez-vous que la situation de la femme évolue au Burkina ?

H.T. : Je dirai oui sans hésiter parce qu’on voit de nos jours une évolution sensible. Je suis un exemple palpable de cette évolution. Il y a quelques années, on ne pouvait concevoir cela. Il y a également beaucoup d’autres femmes chefs de service à la SOFITEX et dans d’autres secteurs d’activités. En outre, les femmes font de plus en plus leur entrée tant au niveau des postes administratifs que politiques.

C’est ainsi que nous avons des femmes ministres, députés, gouverneurs, maires, préfets. Et elles font leurs preuves à tous ces postes de responsabilité. Personne au Burkina ne peut dire actuellement qu’une femme ne peut pas tenir tel ou tel poste.

Même dans le milieu informel et rural, les choses avancent. Elles ont de plus en plus accès aux crédits pour mener des activités génératrices de revenus. On a par conséquent de grandes femmes d’affaires, productrices agricoles, éleveuses. Tout cela, on le doit au gouvernement de notre pays et je salue particulièrement la création du ministère de la Promotion de la femme.

S. : Que reste-t-il à faire pour le bon positionnement des femmes et pour leur véritable promotion ?

H.T. : Vous savez depuis quelques temps, des campagnes se mènent pour demander aux responsables des partis de bien positionner les femmes sur les listes électorales. Cette solution ne suffit pas. A mon avis, les femmes ne pourront accéder à de grands postes de responsabilités politiques et administratifs qu’en se battant réellement sur le terrain. Il faut qu’on fasse valoir nos compétences ensuite les populations verront et apprécieront.

S. : Tout parcours est semé d’embûches, des gens qui vous empêchent d’avancer. Est-ce que Mme Traoré a souvent eu des bâtons dans ses roues ?

H.T. : Cela est tout à fait naturel. Quand on me met les bâtons dans les roues, je m’arrête, je les enlève et je continue. Je n’en fais pas une préoccupation. Je me préoccupe surtout de l’objectif que je me suis fixé et c’est comme cela que j’ai toujours pu avancer.

S. : Quand une femme " perce " au Burkina comme c’est votre cas à la SOFITEX, les gens mettent en doute ses capacités professionnelles. Ils préfèrent dire qu’elle est passée par d’autres chemins tel que le " droit de cuissage " pour y arriver. Avez-vous jamais entendu de tels propos au sujet de votre promotion ?

H.T. : Les gens racontent n’importe quoi mais mon parcours à la SOFITEX est très clair. J’y suis entrée en 1985, je suis un pur produit de la société. J’ai fait mes preuves en 10 ans de secrétariat. Alors je laisse le soin aux gens d’apprécier.

S. : Que faites-vous personnellement pour la promotion de la femme à Bobo-Dioulasso ?

H.T. : Comme je vous l’ai dit plus haut, je suis formatrice. Par la formation, j’aide mes sours à exceller dans ce qu’elles font à savoir le secrétariat et à gravir les échelons. Je suis également une fervente défenseuse de l’éducation des filles.

Je suis pour le fait que les filles aillent jusqu’aux études supérieures. Alors je me bats chaque jour en leur donnant des conseils et en les aidant comme je peux.

S. : Avez-vous des ambitions politiques ?

H.T. : Je suis engagée dans les ABC par esprit de patriotisme. Quant à briguer un poste politique, je n’y pense pas pour le moment. Mon travail me prend beaucoup de temps et je préfère m’y consacrer pour le moment. Avec le temps on verra pour la politique.

S. : Avez-vous quelque chose de particulier à ajouter ?

H.T. : Je remercie Sidwaya d’être venu vers moi, preuve de votre engagement à la promotion de la femme. Je souhaite que les femmes continuent à se battre pour ne pas décourager ceux qui veulent les accompagner sur le chemin du développement.

Propos recueillis par Clarisse HEMA

Sidwaya

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