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Religion : La ruée vers le Seigneur

Publié le samedi 16 septembre 2006 à 08h04min

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Les voies du Seigneur sont insondables, dit-on. Dans un Faso où plus que jamais la vie est un combat, les Burkinabè semblent avoir trouvé la nouvelle voie de l’espérance. Ils sont en effet nombreux ceux qui prétendent avoir reçu l’appel du Seigneur.

Les grandes manifestations organisées tout récemment à Ouaga prouvent bien que la religion et les Burkinabè sont dans une belle complicité. Du reste, ne dit on pas que dans ce pays pour être môgô puissant il faut appartenir à un certain cercle ?

Ce sont peut-être des propos qui n’expliquent pas le succès de tous les gourous de la république, mais quelque part cette assertion contient une part de vérité. En tout état de cause, il ne faut pas en vouloir à ceux qui ont choisi de désormais se tourner avec ferveur vers le ciel pour y trouver le salut. Est-on capable encore ici au Faso, où « viima ya kanga », de se sortir d’affaire tout seul ?

Si c’était une hypothèse envisageable il y a quelques années, aujourd’hui il n’en est pas question avec cette succession de hausse des prix. Les annonceurs de Bonnes Nouvelles ont donc fait une sortie opportune. Avec la foule qui s’est massée à la place de la Nation en fin de semaine dernière, il n’y a plus de doute que les Ouagalais ont fait de la religion une des portes de sortie de leurs difficultés. Les prêcheurs venus d’horizons divers ont été comblés par cette mobilisation exemplaire, car dans une telle ambiance... d’enfer, il leur était très facile de faire passer leur message.

En principe, on ne devrait pas avoir à redire quand un peuple se donne de cette façon à la foi et à son Dieu. Bien au contraire il faut s’en réjouir car certaines méchancetés humaines s’expliquent par le peu de place que les hommes font au Créateur dans leur cur. Faut-il pour autant conclure que tous ceux qui accourent aux religions sont des saints ? Certainement pas.
Cette « ruée » vers le Seigneur peut cacher des choses peu catholiques (ah, tiens !).

En effet, si les miracles qui ont été présentés au public peuvent constituer le socle de l’adhésion à la vie religieuse intense pour certains, il y a que dans d’autres cas ce sont des conversions opportunistes, histoire de dompter les temps de vaches maigres. En effet, pour ces religions les femmes sont interdites de port de bijoux ou d’habits trop voyants et par conséquent très coûteux. De même il est fortement déconseillé, pour ne pas dire plus, de s’adonner aux divertissements.

Au début, dans l’Église du pasteur W. F. Kumuyi, la « Deeper Life Bible Church », il était tout bonnement interdit de consommer certaines boissons de renom, de se défriser les cheveux ou tout simplement de regarder la télévision. Ce sont des interdits qui aident à tenir le coût de la vie chère au Faso. Qui est fou ? N’est ce pas un moyen simple de se soustraire à certaines dépenses ? Déjà que le nansongo est kabako, peut-on trouver meilleur refuge ?

Tous ceux qui ont accouru à ces religions croyant en une nouvelle trouvaille pour ne pas soulager leur porte-monnaie peuvent revoir leur copie car non seulement les choses évoluent, mais il n’est pas exclu que la recherche du luxe fasse son apparition dans ce milieu-là aussi. On raconte ainsi qu’un prêcheur bien connu pour son attachement à la modestie s’est offert des funérailles dignes d’un prince héritier du pays pétrolier du Golfe. On peut douter que la foi de certains adhérents ne retombe trop vite quand ils auront pris connaissance de certaines choses qui leur sont soigneusement cachées pour l’instant.

Et il faut l’admettre, certains prêcheurs ne sont que des escrocs déguisés au sujet desquels les Saintes Écritures avaient prévenu. Aux jours derniers, ont-elles dit, plusieurs personnes mal intentionnées parleront au nom du prophète. N’est-ce pas que l’heure des jours derniers a-t-elle sonné ? Allah saura reconnaître les siens pour que le renouveau religieux des Burkinabè repose sur du roc.

Adam Igor

Journal du jeudi

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