Gouvernement Yonli : Une rentrée sportive au petit trot
Rentrée scolaire, rentrée judiciaire, rentrée gouvernementale. Il faudra désormais ajouter à la liste la rentrée sportive du gouvernement. Depuis hier, en effet, les ministres burkinabè ont commencé à faire du sport et ce sera ainsi tous les jeudis, dans l’après-midi. Une façon pour eux de ressusciter le sport de masse au Burkina Faso, comme sous la révolution.
15h 30. Au COMET (terrain d’entraînement des Etalons) situé à Ouaga 2000, à quelques mètres de la nouvelle présidence du Faso et du nouveau siège de la Fédération burkinabè de football (FBF), les joueurs de l’ASFA-Yennenga débarquent de leur car. Tout de suite, l’on a pensé qu’ils livreront un match avec l’équipe gouvernementale surtout que l’on n’était pas bien informé du contenu de cette rentrée sportive gouvernementale. L’on s’approche pour avoir de plus amples informations.
Un des responsables du COMET, Jean Luc Gouba, s’entretient avec des dirigeants des "Vert et jaune" de la capitale et leur demande de libérer les lieux. "Je ne suis pas au courant de votre présence ici", leur lance-t-il. En fait, l’équipe championne de football du Burkina Faso, saison 2005-2006, y était pour une séance d’entraînement.
Quelques minutes plus tard, le directeur général des Sports, Alexandre Yougbaré, et la directrice des Sports de compétition arrivent. L’on apprend avec eux que les ministres seront là à partir de 16h 30. Il fallait encore patienter 60 minutes. A l’heure indiquée, le ballet des véhicules ministériels débute.
Jérôme Bougma du Travail et de la Sécurité sociale est le premier à fouler le gazon du terrain de football du COMET, suivi de Jean-Pierre Palm, de Djibril Bassolet, de Kader Cissé, de Bonoudaba Dabiré, d’Odile Bonkoungou, de Laurent Sédogo, et de Benoît Ouattara.
Ils sont tous en tenue de sport avec au dos du maillot blanc leur nom bien inscrit en vert. Leur tenue laisse transparaître la bedaine de certains d’entre eux. Joachim Tankoano des Télécommunications, Monique Ilboudo des Droits humains sont en habit ordinaire. Cette dernière fait acte de présence puis repart aussitôt. 16h 45. Le Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli (EPY), arrive habillé comme les autres. Sa garde rapprochée, légère et moins zélée cette fois, est discrète et n’emmerde pas les journalistes.
Entre temps, Joachim Tankoano, qui avait disparu du groupe, revient sur l’aire du jeu en tenue. Il s’était éclipsé pour s’habiller. Jean-Pierre Palm, qui ne l’avait certainement pas remarqué, l’interpelle, en plaisantant : "Ah bon ! Tu arrives après le patron !" Des éclats de rire fusent. Mais, les vrais retardataires ont été Boureima Badini de la Justice, Alain Yoda de la Santé et Pascaline Tamini de l’Action sociale que le second cité taquinait tout le temps en l’appellant, "la pépée".
"Non seulement elle est en retard, mais elle marche", déclare Jean-Pierre Palm à propos de Pascaline Tamini, à qui il lance : "Hé, la Bwaba, cours ! Ce n’est pas un cabaret !" Rires. L’atmosphère est bon enfant. Les choses sérieuses commencent. L’entraîneur a pour nom Alexandre Yougbaré, directeur général des Sports. Au menu, de petits exercices physiques, le football maracana et le volley-ball. Pour démarrer, on s’échauffe : marche, jeu de jambes et trottinement, etc.
Les sueurs dégoulinent déjà. L’on sent l’essoufflement sur les visages. Bonoudaba Dabiré lâche : "Il faut une bonne bouteille de bière après ça !". On rigole. Alain Yoda lance une phrase à Pascaline Tamini. Un de ses collègues l’interpelle : "Alain, tu dois incarner la sagesse maintenant !" Et lorsque l’entraîneur du jour leur demande de se mettre deux à deux, le ministre de la Santé s’exclame : "Je ne voudrais pas de Tamini comme partenaire ! Je ne pourrai pas la porter au dos !". Rires.
La séance d’échauffement finie, ils se répartissent en deux groupes. L’un pour le football et l’autre pour le volley-ball. Paramanga Ernest Yonli, Djibril Bassolet, anciens joueurs des sports de mains, l’un en handball et l’autre en volley-ball, sont ensemble. Le gros lot s’amuse avec le ballon rond. Après une vingtaine de minutes de jeu, on entame une autre séance d’exercices physiques jusqu’à 18h, soit après près d’une heure de temps.
A la fin, le Premier ministre déclare que le gouvernement s’est rappelé au bon souvenir des sports de masse. Mais il fallait trouver le moment opportun. De retour des vacances, affirme-t-il, tout le monde a repris du service, et il y a également de l’enthousiasme ; nous avons décidé de débuter notre activité sportive hebdomadaire à partir de ce soir, et cela tous les jeudis en attendant de voir si nous pourrons le faire deux ou trois fois par semaine.
Les fonctionnaires doivent-ils suivre l’exemple comme sous la révolution ? "Ce n’est pas dans nos ambitions comme auparavant. Mais, nous croyons que cela sera suivi dans les services", répond-il. Au total, 13 ministres sur 35, plus le secrétaire général du gouvernement, Zakalia Koté, ont répondu présents à cette rentrée sportive. Le prochain rendez-vous, c’est pour le 21 septembre 2006.
Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga