LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

“...Le Togo ne va pas s’aventurer dans des voies qui vont compromettre son équilibre”, selon Edem Kodjo

Publié le mercredi 23 août 2006 à 06h40min

PARTAGER :                          

Après l’accord conclu vendredi 18 août à Ouagadougou et signé dimanche 20 août à Lomé par les protagonistes de la crise politique togolaise, Radio France internationale a interrogé l’actuel Premier ministre du gouvernement d’ouverture Edem Kodjo issu de l’élection présidentielle d’avril sur les chances de succès de cet accord conclu sous la médiation du président burkinabè Blaise Compaoré.

RFI : Cet accord politique global a été trouvé en deux semaines seulement après des blocages interminables, comment expliquez-vous ce miracle ?

Edem Kodjo (E.K) : Ce n’est pas un miracle, le terrain avait été bien préparé avant que le facilitateur ne fut nommé. Nous avions tout de même obtenu un large consensus. Sept délégations sur neuf s’étaient déjà mises d’accord sur tous les points à l’ordre du jour.

Le facilitateur a eu le mérite, on doit le reconnaître, le président (Blaise) Compaoré a su en fait par de multiples entrevues et des contacts directs désamorcer beaucoup de choses. Il connaît parfaitement tous les leaders de la classe politique togolaise. Il l’avait déjà fait dans les années 1993, lorsqu’il y a eu la série des accords de Ouaga I, Ouaga II, Ouaga III. Les relations personnelles du président Compaoré, tout cela a beaucoup contribué à faire de ce qui était très compliqué quelque chose qui est devenu acceptable pour tout le monde.

Ensuite des concessions ont été faites de part et d’autre et je crois que dans ces conditions-là on ne pouvait qu’aboutir à un accord.

RFI : “Il y aura des atermoiements”, a prévenu le président (Faure) Gnassingbé lors de la cérémonie de signature (à Lomé). Qu’est-ce que ça veut dire pour vous ? Que l’accord sera difficilement applicable ?

E.K : Le président Gnassingbé dans son intervention mettait en garde contre les atermoiements. Aucun accord n’est facile à mettre en œuvre mais je suis persuadé qu’avec un peu de bonne volonté nous devons pouvoir, cette fois-ci, mettre cet accord en application. Je crois que les atermoiements doivent être évités. C’est ce que voulait dire le chef de l’Etat.

RFI : Cet accord ne concerne que les prochaines législatives. Pourquoi, alors qu’on sait que l’enjeu véritable a toujours été la présidentielle et la candidature sans cesse rejetée de Gilchrist Olympio ?

E.K : Mais il y a une logique dans tout cela, une cohérence. Il ne faut pas oublier que cet accord en définitive, est la résultante des vingt-deux engagements qui ont été souscrits par le gouvernement du Togo face à l’Union européenne en avril 2004.

Et dans ces engagements, l’accent est mis sur les élections législatives et sur les locales, en aucun moment, il n’est question de présidentielle. Dès lors, il a été convenu que le gouvernement d’union nationale travaillerait à mettre en place les conditions idoines pour avoir des élections législatives transparentes et démocratiques ; de toute façon, ce n’est qu’une phase qui vient d’être réglée.

Et cette phase sera réglée dans le cadre des vingt-deux engagements souscrits auprès de l’Union européenne.

RFI : Oui mais on a alors l’impression que tout repose désormais sur le futur gouvernement d’union nationale qui doit donc rédiger le code électoral, pour la présidentielle, etc. Or il n’y a aucune précision sur la façon dont doit être constitué le gouvernement. Est-ce que ce n’est pas un peu dangereux ?

E.K : Non il n’y a aucun danger avec ce gouvernement devant mettre en place rapidement une Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui aura également à s’occuper des questions de la loi électorale en liaison avec le gouvernement donc, il n’y a aucun danger.

L’essentiel est d’aboutir à des textes convenables. Je sais ce que c’est qu’une mauvaise loi électorale.

Le président Faure Gnassingbé ayant déjà pris l’engagement de tout mettre en œuvre pour que les choses repartent le plus normalement et le plus justement possible donc la loi électorale doit être une bonne loi qui convienne à toutes les parties.

RFI : La nouvelle CENI sera chargée d’organiser et de superviser les élections selon l’accord. Cela veut dire qu’elle sera au-dessus de l’administration, qu’elle aura le dernier mot. Est-ce que l’armée et le pouvoir actuel vont l’accepter ?

E.K : La CENI a tout intérêt à collaborer avec l’administration ; c’est écrit ainsi dans les textes de l’accord. Quand à dire que la CENI a le dernier mot, l’armée n’accepterait pas, je ne crois pas. Je crois qu’il y a une profonde évolution dans notre pays aujourd’hui que tout le monde reconnaît.

Même Amnesty international reconnaît aujourd’hui qu’il y a une véritable évolution en matière de droit de l’Homme et de la démocratie qui est en marche au Togo.

Il nous reprochait tout simplement de n’avoir pas le courage d’aller jusqu’à combattre l’impunité comme il entend. Mais nous savons que nous prenons les problèmes un à un et que les nouvelles institutions tenteront de les résoudre.

RFI : Une commission sera chargée de faire la lumière sur les violences depuis 1958 jusqu’à nos jours pour lutter contre l’impunité. Alors est-ce que dans votre esprit, cette commission pourrait aboutir à des procès, à des condamnations ?

E.K : Si cela est nécessaire et utile pour la stabilité de l’Etat oui. Mais si cela devait compromettre la stabilité, l’équité, la tranquillité de l’Etat, il y a problème.

Il y a plusieurs formules qui peuvent être trouvées, des formules allant du jugement aux formules plus souples, beaucoup plus fiables comme on a vu dans d’autres pays. Je crois que le Togo ne va pas s’aventurer dans des voies qui vont compromettre l’équilibre qu’on a mis tant d’années à retrouver.

Source RFI

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Les Togolais sur la bonne voie
Ouagadougou et après ?
Dialogue inter-togolais : de Lomé à Ouagadougou
Propos des hommes politiques et des personnalités togolais
Des Togolais du Burkina Faso s’expriment
Togo : Kofi Annan salue la signature de l’accord global
Dialogue inter-Togolais : L’apothéose à Lomé