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Fait divers : Affaire de palu

Publié le mardi 25 juillet 2006 à 07h35min

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Le charlatan avait dit à Madi que ce n’est pas la peine qu’il continue à envoyer son enfant à l’hôpital car le mal dont il souffre n’est pas à la portée de la médecine du Blanc : « Est- ce que le Blanc peut faire quelque chose contre la sorcellerie ? »

« Ton enfant est entre les mains d’une sorcière, une vieille sorcière qui joue au chat et à la souris avec lui dans l’attente du jour où avec d’autres sorciers ils le mettront à mort... ce jour n’est plus tellement loin. »

Le charlatan avait aussi précisé à Madi que cette sorcière qui était d’un genre vicieux apprêtait la chair de son enfant en mettant son âme auprès d’un grand feu et lorsque la trop forte chaleur risquait de le tuer avant l’heure, elle le plongeait dans une grande calebasse ; et Madi avait compris pourquoi son enfant faisait de très fortes températures qui se refroidissaient brutalement quelquefois avant qu’il n’ait eu le temps de lui donner le moindre comprimé.

Du reste, il lui avait conseillé de ne plus aller à l’infirmerie avant de lui remettre des poudres et des racines qui, selon lui, viendraient à coup sûr à bout des visées de la sorcière.

Avant de s’en aller, Madi déclara au charlatan qu’il connaissait la sorcière et qu’il allait s’occuper d’elle à sa manière. Et de fait, il y a une dizaine de mois, une jeune dame était venue louer une maisonnette dans cette zone non lotie et y avait logé sa mère qu’elle ne revenait voir que de façon fort espacée. Pour tout le voisinage si l’on se comporte ainsi avec sa vieille mère, c’est que cette dernière n’est autre qu’une sorcière bannie du village.

Le lendemain de sa consultation chez le charlatan, Madi se rendit d’un pas décidé chez la vieille et lui tint à peu près ce langage : « vieille sorcière écoute-moi bien... si tu es venue dans ce quartier pour continuer à manger les enfants des gens, sache que mon enfant n’entrera pas dans ton ventre... si d’ici à demain il n’est pas relâché, je te jure aux noms de mes ancêtres, que je te ferai quitter la terre... » Il parla ainsi et s’en alla.

L’épouse de Madi restée seule se dit qu’il n’y avait plus rien à faire, leur enfant mourra, et si l’enfant meurt, la vieille mourrait également. Elle se leva, alla au télecentre le plus proche et appela le frère cadet de son époux qui habitait à l’autre bout de la ville. Celui-ci qui pressentit un danger, arriva tout de suite accompagné d’un ami, et par le pire des hasards, cet ami-là était un infirmier. Si aujourd’hui l’enfant de Madi est en vie, c’est grâce à Dieu et à lui.

Vite fait, il l’a fait envelopper dans un linge mouillé avant de se précipiter dans la clinique la plus proche où les premiers soins intensifs lui firent administrés pour arrêter les convulsions et le coma dans lequel il entrait. Puis ce fut l’hôpital national où l’on mit plus d’une semaine pour le tirer des griffes de la mort qui s’emparait de lui.

Quant à la vieille prétendue sorcière, bien que sachant l’enfant sauvé, elle n’a pas attendu. Car il lui est revenu que Madi clamait sur tous les toits que c’est parce qu’il l’a menacée qu’elle a relâché son enfant.

Obscurantisme quand tu nous tiens ! L’enfant de Madi a été sauvé de justesse mais combien d’enfants seront à jamais la proie du paludisme ?

Sacré Chédou Ouédraogo

Sidwaya

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