LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Au palais de justice : Une journée aux flagrants délits

Publié le vendredi 7 juillet 2006 à 08h04min

PARTAGER :                          

Pendant l’année judiciaire, les audiences en matière correctionnelle ont lieu le matin de tous les jours ouvrables. On y juge généralement les cas de flagrant délit. Il s’agit, entre autres, de vols, d’abus de confiance. Le 27 juin 2006, une série de dossiers étaient au rôle du tribunal correctionnel, parmi lesquels un faux usage de faux et escroquerie, un vol de coffre, et un vol d’ânes.

Dans la salle d’audience, il n’y a pas grand monde ce mardi. Seulement quelques plaignants et peut-être des parents de prévenus. Dans le coin droit, les prévenus sont isolés et mis sous surveillance des gardes armés. Un à un, ils répondent devant le président du tribunal de leurs actes. Ce jour-là, madame le juge est assistée de trois assesseurs. Dans le prétoire, point d’avocats. Les prévenus se défendent comme ils peuvent face au parquet amené, représenté par deux substituts du procureur du Faso. Le greffier, assis sur le côté gauche de la table des juges, fait face au parquet. Il ne perd rien de tout ce qui se dit à l’audience. C’est la mémoire des débats.

Zongo J. a 22 ans. Il répond de vol d’un coffre contenant 82 000 F CFA et des objets. Il a du mal à s’exprimer. Une interprète reprend en français ses propos. Dans son récit, il dit avoir rencontré la victime courant mars 2005, et que celle-ci lui aurait promis de lui ouvrir un kiosque. La victime aurait même requis ses services pour vider un wc. Le vol a eu lieu au moment où la victime est entrée se doucher.

Quand le substitut demanda pourquoi un tel acte à quelqu’un qui lui voulait du bien, le jeune garçon était confus et lui répondit qu’il ne savait pas que la mouche l’avait piqué. Le procès s’accélère. La victime est appelée à la barre. Elle confirme les faits mais dit ne pas se constituer partie civile. Manifestement, elle voulait laisser tomber l’affaire.

Un des assesseurs du juge lui fait remarquer que c’est elle qui a fait conduire le prévenu à la police. Il annonce que nonobstant la non-constitution de partie civile de la victime, l’affaire sera jugée.

Dans ses réquisitions, le substitut a requis 12 mois ferme contre Zongo J.

Comme dernier mot, le prévenu a demandé pardon. Le verdict tombe dans les minutes qui suivent : cinq mois ferme et condamné aux dépens. Le jeune Zongo J. retourne parmi ses codétenus, tête baissée.

Le prochain sur la liste est un voleur d’ânes. Il s’appelle B. Compaoré. Petit de taille, il n’est pas moins costaud. Il est âgé de 25 ans. Devant le tribunal, il reconnaît être l’auteur du vol de deux ânes dans la zone de Kienfangué, à la sortie sud de Ouagadougou. Il raconte que c’est en allant au marché qu’il a aperçu les deux ânes de monsieur Nikièma. De retour du marché et dans la nuit, il emporta les deux bêtes. C’est en allant les vendre à Ouagadougou qu’il a été intercepté par les populations et conduit à la police.

Le substitut du procureur demande au prévenu pourquoi avoir pris les deux ânes et pas un ?

La réponse du prévenu réveille la salle. Eclats de rires sur les bancs de la salle d’audience : il pretend avoir attrapé un seul mais l’autre a suivi. Une explication qui ne semble pas avoir convaincu le parquet qui revient à la charge. Le parquet demande si ce qu’il a fait est bien. Réponse de B. Compaoré : non, mais je n’ai rien à faire. Une réponse déconcertante. Le parquet a réclamé 12 mois ferme. Le tribunal l’a plutôt condamné à 6 mois ferme.


Qui a encaissé les 4 millions : rendez-vous le 11 juillet

Dans notre édition du 30 juin 2006, nous relations le dossier ministère public contre B. Traoré. Le juge avait renvoyé le dossier au 4 juillet 2006 pour citer Valmédé, propriétaire des machines dédouanées, et un représentant de SDV, société qui a procédé au dédouanement, selon le prévenu. A l’audience du 4 juillet, ni Valmédé ni le représentant de SDV n’était à la barre. Le tribunal a décidé de renvoyer le dossier au 11 juillet pour les citer à nouveau. Le parquet a reconnu qu’il était opportun de renvoyer le dossier afin de faire comparaître Valmédé et SDV. Il a signifié au tribunal que les dispositions ont été prises pour informer les concernés.

Pour l’avocat du prévenu, Me Zagré, G. Valmédé, personnage-clé dans le dossier, n’est pas intéressé par le procès. Aussi, en attendant la comparution de celui-ci, l’avocat a réitéré sa demande de liberté provisoire pour son client. Le motif invoqué est que le prévenu est malade et fait l’objet d’un suivi médical.

Le procureur n’y a vu aucun inconvénient. Le tribunal a fixé une nouvelle date pour l’audience. Il s’agit du 11 juillet prochain. Mais la demande de liberté provisoire a été rejetée.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique