LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Société : La lutte contre le travail des enfants passe par celle contre la pauvreté

Publié le lundi 3 juillet 2006 à 07h06min

PARTAGER :                          

Les institutions internationales font depuis quelque temps des gorges chaudes à propos du travail des enfants. L’Afrique, terrain de prédilection par excellence de l’expérimentation des projets de développement, se retrouve au centre du débat.

Pour les défenseurs du bien-être des mômes, non contents de clamer qu’ils ont des droits et de faire instituer partout des parlements d’enfants, fustigent le travail des tout-petits.

Si l’on se réfère à ce qui se passe en Europe, on comprend aisément que sous les tropiques les enfants pourraient ressembler à de véritables bêtes de somme. D’ailleurs, un adage dit bien que l’ânesse met bas pour que son dos se repose.

En effet, avoir des enfants en Afrique c’est disposer d’une certaine main-d’uvre pour les champs et les tâches domestiques. Il ne vient d’ailleurs à l’esprit d’aucun enfant bien élevé de voir son géniteur s’échiner à faire un quelconque travail sans lui prêter un coup de main. C’est inconcevable ! Dans la croisade de la lutte contre le travail des enfants, il faudra donc faire la distinction entre ce type de travail et celui plus organisé et fait à dessein pour exploiter une main-d’uvre corvéable et docile.

De même, dans un contexte où l’école n’est pas à la portée de tous les enfants malgré les discours politiques, le petit vendeur d’eau, de « samsa », ou la petite bonne de maison, font un travail pour subsister et s’occuper. Qu’auraient-ils pu faire avec des parents eux-mêmes répertoriés dans la liste des populations en dessous du seuil de pauvreté ?

Pour permettre à tous les enfants du continent de vivre leur enfance à l’occidentale avec études, vacances, loisirs et journées dans le canapé, il faudra d’abord faire de leurs parents des gens capables de le leur offrir et surtout qu’en plus ces parents-là puissent avoir à leur service des adultes pour la cuisine, la vaisselle, le blanchissage, le jardin et les courses.

A défaut de cela, le cultivateur qui n’a ni tracteur ni ouvriers agricoles ira toujours au champ flanqué de sa progéniture ; la fille de la ménagère fendra du bois et fera la cuisine ; le fils du petit fonctionnaire fera les courses de la maison avant de jeter un coup d’il sur ses cahiers. Quant aux citadins que la ville a surpris dans leur village, ils compteront sur leurs héritiers pour jouer au charretier ou à l’éboueur pour améliorer leur quotidien.

Par-delà la nécessité, le travail des enfants, dans ce cas, est aussi une forme d’école, l’école de la vie où l’on apprend à faire quelque chose avec ses dix doigts, une sorte de formation professionnelle. Lutter contre le travail des enfants suppose dans ce contexte lutter d’abord contre la pauvreté. Les enfants des riches sont rarement victimes du trafic des enfants ; on ne les rencontre pas dans les rues en train de mendier ; on ne les voit pas non plus sur les sites aurifères...

Et au fond, si ceux qui font travailler les enfants disposaient eux-mêmes de plus de moyens, ils auraient certainement recours à une main-d’uvre plus qualifiée. Si ces conditions étaient réunies, il ne resterait plus qu’à faire la chasse aux exploiteurs sans cur et aux cyniques mal traiteurs.

Journal du jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique