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Augmentation des frais de scolarité : N’exagérons pas, messieurs !

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 07h46min

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"Viima-yaa-kanga". Ce morceau fétiche du groupe musical K.Ravane s’impose de plus en plus comme une réalité au quotidien. Chaque jour que Dieu fait, les Burkinabè sont confrontés à la cherté de la vie. "Vous n’avez encore rien vu !" titrions-nous dans cette même rubrique, le 26 avril 2006 avec la flambée du prix du pétrole.

Eh bien, il y a encore une autre augmentation dans un secteur crucial pour l’avenir d’un pays : l’éducation. En effet, à partir de la rentrée scolaire prochaine, les parents doivent revoir leur budget à la hausse pour pouvoir scolariser leurs enfants. Car l’Union nationale des établissements d’enseignement privé laïc (UNEEP-L) vient de décider de l’augmentation des frais de scolarité d’un surcoût de 10 000 F à 15 000 F CFA.

La raison, l’arrêté ministériel n°2006-103/MESSRS/MFB qui fixe de nouveaux taux horaires pour les enseignants vacataires : ainsi, les professeurs de CEG passent de 1 300 à 1 800 F CFA et ceux de lycée, de 1 500 à 2 000 F CFA. Cette mesure nouvelle, fruit des négociations entre les syndicats et le gouvernement, reste sans doute la bienvenue chez les enseignants, qui ont besoin de bonnes conditions de vie pour fournir un enseignement de qualité.

Une décision, quelle que soit sa pertinence, a souvent des aspects pervers. Ces nouveaux taux de vacation en sont une illustration, car ils entraînent une hausse des charges de fonctionnement des lycées et collèges. C’est pour faire face à cette situation que l’UNEEP-L estime être en droit de demander aux parents d’élèves de débourser un peu plus, dès la rentrée prochaine, et ce, du préscolaire au supérieur, en passant par le primaire et le secondaire.

S’il est vrai que les nouvelles tarifications des vacations portent un coup au budget des lycées, il faut reconnaître que l’augmentation de 10 000 à 15 000 FCFA des frais de scolarité est disproportionnée. Rarement en effet, on aura vu une augmentation de prix aussi forte dans un secteur qualifié de hautement social. Si hier, il fallait 60 000 ou 80 000 F CFA pour scolariser son rejeton au secondaire, de nos jours, il faudra débourser un minimum de 70 000 F CFA ou peut-être pour certains 85 000 F CFA. Ce qui trop ! Comment vraiment dans cette paupérisation grandissante et cette misère ambiante peut-on demander un tel sacrifice aux parents si déjà fortement éprouvés ?

C’est vrai que les heures de vacation connaissent une certaine hausse (au grand bonheur des vacataires), mais cette augmentation est-elle vraiment proporionnelle aux 10 000 à 15 000 F CFA de surplus par enfant scolarisé au collège ou au lycée ?

Certes, en bien de points, l’enseignement est presque un sacerdoce dans nos républiques cotonnières, où depuis longtemps, on a oublié de mettre un accent particulier sur la formation. Mais avouons-le, le domaine est si stratégique qu’une quelconque augmentation devrait se faire d’accord partie.

Et c’est peu dire que d’affirmer que cette augmentation va davantage éloigner des enfants des familles pauvres de l’école, dont les parents ont déjà du mal à gérer ceux qui étaient inscrits. Combien d’élèves sont renvoyés de l’établissement en cours d’année pour frais d’inscription impayés ? Si l’on doit faire un effort financier supplémentaire, ils seront nombreux ceux-là qui abandonneront les bancs pour augmenter le nombre de chômeurs au Faso.

Dans un pays pauvre où l’éducation est primordiale, il faut tenir compte du revenu des populations pour prendre une telle décision. C’est pour cela que nous disons que cette subite forte augmentation des frais de scolarité est inappropriée.

Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga

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