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Mondial 2006 : l’Allemagne décomplexée

Publié le vendredi 23 juin 2006 à 07h44min

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La prestation inattendue de l’Allemagne lors du premier tour de la Coupe du Monde de football a entraîné le pays dans un " patriotisme de la bonne humeur " ; un « patriotisme positif ». Une telle " vague patriotique " aurait été impensable il y a encore quelques années.

Les Allemands jusque-là torturés par leur passé national-socialiste affichent désormais sans complexe leur drapeau noir-rouge-or. Le pays s’est posé trop de questions jusqu’ici sur son passé, sur son économie, sur son gouvernement et son équipe de football. La frustration et la décadence économie allemande entamée depuis sa unification ôtait paradoxalement à la première puissance économique européenne « la joie de vivre ».

Le mondial 2006 réincarne l’Allemagne, elle se sent pousser les ailes. Seules les victoires de la Mannschaft qui s’accumulent peuvent la rassurer. Et il y a une telle euphorie autour du « patriotisme positif », les joueurs qui chantent l’hymne en se tenant par les bras, l’ambiance de folie dans toutes les villes, le Mondial qui se déroule jusqu’ici sans incident...

Depuis le 9 juin, l’Allemagne est devenue la nation noire-rouge-jaune, une sorte de « Rainbow Nation » qui s’affiche sur les joues des filles maquillées et pétillantes de vie, sur les voitures, sur les balcons et mêmes les fenêtres des appartements qui défilent, drapeau au vent. Un comportement qui aurait été qualifié de national-socialiste.

La chancelière fédérale, Angela Merkel, avait déjà annoncé dans sa première émission en podcasting que l’Allemagne voulait se présenter comme un pays multiple : "L’Allemagne est un pays ouvert au monde, moderne et vivant." Une affirmation qui n’est pas toujours vue des cotés des émigrés vue la montée du racisme ces derniers mois dans le pays. Et pourtant à Kreuzberg dans le "petit Istanbul" de Berlin, les drapeaux noir-rouge-or ornent les antennes paraboliques, les stands du marché ou les devantures de restaurants à Kebabs. Il y a quelques années, il n’était pas rare, dans ce quartier, d’entendre des applaudissements à chaque but marqué contre l’Allemagne.

La bonne ambiance qui règne dans les stades se retrouve également dans les grandes villes : rien que sur la Fan-Meile (artère des supporters) de Berlin, 500.000 passionnés ont suivi la retransmission du dernier match de groupe de l’équipe nationale allemande. Avec 60.000 spectateurs, Hambourg a également enregistré un nouveau record. Dans d’autres villes allemandes, les rassemblements festifs de fans ont entraîné une telle affluence que la police a dû fermer certains lieux pour des raisons de sécurité. Seule la ville de Dortmund a connu des affrontements, les premiers depuis le début de la Coupe du monde, mais la police a rapidement pris le contrôle de la situation et a interpellé les quelque 120 fans en cause.

Angie, surnom de la chancelière toujours présente au stade pour pousser son équipe transporte cette joie sur le plan politique. " Vu le potentiel d’enthousiasme et de gaîté qui existent dans ce pays, je n’ai pas peur que nous ne relevions pas les défis qui nous attendent, s’est exclamée la chancelière devant les députés du Bundestag. L’enthousiasme " est la clé du succès ", il faut faire confiance aux gens.

« Est-ce la Coupe du Monde qui nous a changés ou nous a-t-elle simplement ouvert les yeux sur le fait que nous sommes depuis longtemps différents de ce que nous croyions être ? » s’interroge un journaliste de « Tagespiegel ».

Alex Moussa Sawadogo,
Lefaso.net,
Correspondant à Berlin (Allemagne)

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