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Enseignement de base : Valoriser la fonction de l’enseignant

Publié le jeudi 15 juin 2006 à 06h52min

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Des cadres du ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA) étaient réunis les 13 et 14 juin derniers à Ouagadougou pour un atelier technique. Objectif : réfléchir sur la réforme des programmes d’enseignement au primaire. L’initiative mérite a priori d’être saluée d’autant qu’elle répond à de réelles préoccupations.

Ce n’est un secret pour personne. Au Burkina, il a été maintes fois reproché aux contenus des enseignements d’être, d’une façon générale, inadaptés aux réalités actuelles. Dans ce temps, l’enseignement général continue à être l’élément dominant de notre système éducatif, avec ses tares.

Une grande déperdition au cours du cursus scolaire et au finish, de nombreux chômeurs. Si le système, dans son ensemble, doit être revu pour lui permettre de répondre efficacement aux attentes du moment, le socle, nous semble-t-il, c’est-à-dire l’enseignement de base, doit être solide. Cela relève du bon sens, étant donné qu’il n’y a pas d’édifice solide sans un bon soubassement.

La réforme dont il est question devrait, si elle était bien menée, permettre de déceler très tôt les talents de chaque élève au primaire et de l’orienter en conséquence dans son cursus afin d’éviter les déperditions. Nous avons la faiblesse de croire qu’ il n’y a pas d’enfant bête, chaque enfant ayant, quelque part, certaines prédispositions qu’il suffit de déceler très tôt et de faire éclore.

Au-delà du volet visant l’épanouissement des aptitudes individuelles de l’élève, le contenu des programmes de l’enseignement au primaire doit véhiculer des valeurs morales, civiques, etc. Ces valeurs, quelle que soit leur nature, doivent s’intégrer dans un projet de société en fonction duquel les citoyens seront formés. Quel type de société voulons-nous demain et quel type de citoyens ? Des hommes de bonne moralité et hautement qualifiés ? Des questions légitimes si l’on veut un schéma directeur qui s’inscrive dans le moyen et long termes.

Pour être efficace, la réforme de l’enseignement du premier degré devrait, nous semble-t-il, valoriser avant tout la fonction de l’enseignant. Assurément, il est difficile de disposer d’un système éducatif viable avec des formateurs qui viennent au métier par défaut et par dépit et par-dessus le marché, peu qualifiés.

L’enseignement aujourd’hui, avouons-le, fait figure de parent pauvre des métiers exercés au Burkina. Pour toutes ces raisons, l’on comprend aisément le faible niveau des apprenants à l’école primaire. Si le PDDEB a permis d’accroître le taux de scolarisation, son impact en termes d’amélioration du niveau des écoliers semble moins perceptible.

Cela pourrait s’expliquer par le faible niveau des enseignants, dû à l’insuffisance de la formation acquise dans les écoles professionnelles. Une formation qui dure en général six mois. N’aurait-il pas fallu plus de temps pour les doter davantage de connaissances à même de leur permettre d’exercer leur métier dans les meilleures conditions de travail ?

L’Etat devrait revoir sa copie en matière de raccourcissement de la durée de la formation. Davatange d’infrastructures et leur meilleure répartition, en tenant compte des besoins et des disparités entre les régions, c’est là une tâche à laquelle l’Etat devrait plus s’atteler.

Une certitude : la réforme annoncée ne peut aboutir à des résultats probants tant qu’il n’y a pas un réel engagement de la part des acteurs chargés de sa mise en oeuvre. D’où quelques réserves qu’on pourrait émettre quant à la portée de l’atelier des 13 et 14 juin 2006. Ce n’est pas la première fois que ces grand-messes ont lieu. Que sont devenues les résolutions de ces rencontres ? Ont-elles été appliquées comme il se devait ? Dans un contexte marqué par une course effrénée vers les avantages que procurent les séminaires, on peut légitimement s’interroger sur les impacts réels de telles rencontres sur le terrain. En tout état de cause, il y a lieu

de se ressaisir et de raisonner uniquement en termes d’apports de ces assises pour la collectivité.

Le Pays

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