Il est toujours dangereux d’établir une hiérarchie en matière de football. En décembre 2003, lors de la désignation des différents groupes des éliminatoires jumelés coupe du monde/coupe d’Afrique des nations 2006, nombreux sont les ressortissants africains en Allemagne, particulièrement les Nigérians, les Sénégalais, les Camerounais qui ont caressé le rêve de se retrouver dans les stades pour pousser leur équipe à la victoire.

Ce fut une profonde erreur. Au banquet du mondial 2006, dont le coup d’envoi sera donné le 9 juin à Munich ; ce sont les Ivoiriens, les Tunisiens, les Angolais, les Togolais et les Ghanéens qui seront à cette fête grande messe du football.

Les éperviers du Togo, longtemps recalés au rang des moins glorieux, écartés de la classe et des podiums sont fortement soutenus aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays. En Allemagne, ancienne puissance coloniale du Togo, une association de soutien a vu le jour depuis le 28 octobre 2005, et a déjà fait ses preuves dans la qualité d’organisation d’activités lors de la coupe d’Afrique 2006.

Le site Internet www.togo2006.de crée à cet effet, et très bien présenté définie les activités de l’Association des Supporters des Eperviers en Allemagne e.V qui se donne pour tâches d’une part de faire de cette coupe du monde 2006 une présentation du Togo inconnu et d’autre part d’encourager la sélection togolaise afin qu’elle puisse faire une bonne coupe du monde en Allemagne. « Une journée togolaise » a été organisée le samedi 20 mai 2006 au restaurant « Atlantic » à Berlin Wedding pour souhaiter la bienvenue aux éperviers qui ont déjà foulé le sol allemand.

Wangen, le quartier général des éperviers, une ville située au sud se l’Allemagne, en collaboration avec l’association de soutiens à l’équipe nationale est déterminé à soutenir la sélection togolaise.

Voici que le Togo, malgré sa mauvaise prestation lors de la dernière coupe d’Afrique des nations et les mauvais pronostics à son encontre ne sera pas orphelin à cette mondiale. Quel que soit le résultat escompté par les éperviers, cette première participation à la coupe du monde sera vue comme une réconciliation entre le peuple togolais dont la mort de l’ancien président a failli traîner le pays dans un bourbier comparable à celui d’un pays frère et voisin, la Cote d’ivoire.

Dans le cadre de la préparation des éléphants de Cote d’ivoire, vice champions de la dernière coupe d’Afrique en Egypte, Monsieur Dagobert Banzio, ministre ivoirien de la jeunesse et des sports s’est rendu en Allemagne plus précisément à Berlin et à Stuttgart pour s’imprégner de l’organisation des supporters locaux.

La Côte d’ivoire, le pays africain le plus aguerri à cette grande compétition ne saurait compter que sur ces nombreux supporters bien organisés en Allemagne. La diaspora ivoirienne vivant en Allemagne, en France et en Belgique s’était donnée rendez-vous en mi-Janvier à Bonn pour mettre en place une structure fédérale dont les membres du bureau sont éparpillés sur tout le territoire allemand.

L’une des premières actions de cette structure se résume à réserver un accueil chaleureux et fraternel à leurs compatriotes qui viendront pour le Mondial et de recenser les personnes capables de les accueillir et de les loger afin de faciliter leur séjour. Selon le président de l’association des Ivoiriens de Hambourg, Monsieur Lazare Koré, les supporters ivoiriens pourront regarder, savourer la coupe du monde à moindre coup dans une ambiance purement ivoirienne et africaine.

Un maquis 100% ivoirien verra le jour dit-il et cela dans un esprit de fête avec les frères et les amis qui veulent que la Cote d’ivoire réalise des performances jamais réalisées par une équipe africaine à cette fête du ballon rond.

Les supporters ivoiriens de l’Allemagne affligés par la situation de ni paix ni guerre de leur pays s’uniront pour témoigner auprès des politiciens et du reste du monde qu’un but de Didier Drogba ou de Kolo Touré (le premier originaire du Sud et le second du Nord) fera danser aussi bien les forces nouvelles du nord que les loyalistes du sud.

L’Angola, inconnue du football international est parvenue à se glisser sur le devant de la scène en se qualifiant pour sa première Coupe du monde. Un espoir pour un pays qui a souffert d’une guerre civile, longue de 25 ans et qui ne s’est achevée qu’en 2002. La qualification à la coupe du monde 2006 semble être le plus grand exploit jamais réalisé par les Palencas Negras, surnom de cette sélection, et leurs fans sont tous impatients de savoir quels résultats ils pourront bien enregistrer cet été en Allemagne, surtout face à l’ancien colonisateur portugais.

Pour joindre l’utile à l’agréable, Monsieur Miguel Manuel de Carvalho, vice-ministre de la communication sociale et son cabinet ont visité la ville allemande Celle, aux alentours de Hanovre, le pied à terre de la sélection nationale. Lors de sa rencontre avec le comité de soutien local, il a affirmé que les Palencas Negras seront soutenus par quelque 4000 Angolais, et 1000 touristes partiraient de l’Angola pour l’Allemagne, alors que les autres, à l’exception des ressortissants vivant en Allemagne, y arriveraient via des pays voisins.

Le comité de soutien en Allemagne perplexe de la prestation de leurs représentants à la dernière coupe d’Afrique affirme qu’outre l’aspect compétitif, il a pour objectif de démontrer à travers leurs nombreuses activités les potentialités culturelles et économiques du pays.

Après de longues années de guerre civile, l’essentiel sera pour les Palencas Negras d’être en communion avec leur peuple et de prouver que leur nation a gagné en confiance et en sérénité ; ce qui pourrait certainement faire du pays dans les années à venir un pays de football comme la Tunisie.

La sélection tunisienne baptisée les Aigles de Carthage, seront à leur quatrième coupe du monde, la troisième consécutive. La ville d’accueil de ces habitués du mondial est Schweinfurt. Le maire de la ville, Madame Gudrum Gieser a déjà reçu la visite de personnalités tunisiennes pour préparer l’arrivée de la sélection prévue pour le 5 juin. Les supporters tunisiens en Allemagne confiants des performances de leur équipe sont fin prêts pour galvaniser les Aigles à franchir cette fois-ci le premier tour, histoire de montrer qu’ils ont mûri et que leurs ambitions dépassent désormais le cadre continental, longtemps dominé par les Black Stars du Ghana.

Quadruples vainqueurs de la coupe d’Afrique ( 1963, 1965, 1978 et 1982), doubles champions du monde catégorie des moins des 17 ans, les Black Stars du Ghana produisant de grands talents mais paradoxalement n’ont jamais pu se distinguer dans la plus prestigieuse des compétitions. Pis, ils ne s’y sont jamais qualifiés, au grand dam de leurs si chaleureux supporters qui pour le Mondial 2006 restent pessimistes.

Si en Allemagne, la grande communauté ghanéenne de Düsseldorf s’active à encourager les Black Stars, les contre-performances lors des matchs amicaux contre le Mexique, Nice et Stuttgart ont dissipé les lueurs d’espoir nées de la qualification au mondial, poussant de nombreux supporters au Ghana à pointer du doigt la Fédération ghanéenne de football et à l’entraîneur Ratomir Dujkovic.

Même si les fans du foot ghanéen ont peur de voir les Black Stars rééditer la contre-performance de l’équipe Zaïroise de l’époque, actuelle République Démocratique du Congo lors de la coupe du monde 1978 en perdant avec un large écart et faire honte à l’Afrique, le comité de soutien des Black Stars en Allemagne se dit optimiste et que l’équipe peut réserver des surprises parce que l’entraîneur ne disposait pas de tous les bons joueurs lors des matchs amicaux.

K.K.I étudiant africain à l’université de Humbolt de Berlin, et grand supporter des Eléphants de Cote d’Ivoire est convaincu que la fête sera belle avec les équipes africaines soutenus par leurs supporters, mais il revient au gouvernement allemand d’assurer la sécurité contre les agressions des « les cranes rasées aux grosses bottes noires » entendendez par lá les Néonazis. Une chose qui est bien dite, vu l’ampleur des agressions envers les étrangers en Allemagne.

Les performances des équipes africaines demeurent l’un des sujets de débats de la communauté africaine en Allemagne, aller le plus loin possible dans une compétition où l’Afrique est presque inattendue est l’espoir de tout africain. Remporter la coupe ou monter sur le podium reste le grand souhait de toute la diaspora africaine en Allemagne.

Alex Moussa Sawadogo
Lefaso.net
Corespondant á Berlin (Allemagne)