« Il veut me tuer, venez à mon aide... Je ne lui ai rien fait » étaient les phrases entrecoupées de pleurs de la jeune fille, la bouche en sang. Habillée d’une robe noire, courte et moulante, Mariam de par son apparence, ne cachait rien de la vie qu’elle menait. Elle était bien de ces filles spécialistes du « lève-jambe » dans les chambres de passe. A une bonne distance d’elle, ses « malfaiteurs » : deux jeunes hommes en pleine dispute avec un troisième, son « secouriste ».

Tout serait parti d’une histoire de bière que B.K a offerte à Mariam. Dans le maquis où ils étaient attablés, la « pisse de cheval » chère à Bacchus coulait à flot et les jeunes servantes, postérieurs provocants, faisaient tourner la tête aux clients. Les unes guettaient de potentiels clients pour gagner le pourboire de la soirée. Les autres défilaient aux portes, en vue d’aguicher les noctambules d’un soir qui avaient le feu au devant et que la braguette démangeait.

Mariam fait partie de cette catégorie de professionnelles du sexe. En des coins malfamés du genre, elle expose ses charmes dont elle tire sa pitance et surtout la « fortune » qui lui permet de ressembler aux « autres », ces autres qui pour elle seraient nées une cuillère en or dans la bouche !

Ce samedi soir, après avoir certainement fait une bonne partie de son parcours quotidien, Mariam tapinait non loin de ce square portant le nom de cette héroïne nationale dont les filles de son genre font la honte.

Samedi « maigre » pour les affaires ; elle se tournait les pouces lorsqu’elle fut accostée par B.K, qui était aussi sorti « faire son marché ».

Le jeune homme la traîna juste à côté dans le maquis où un pote que Bacchus et Morphée tentaient chacun d’amener dans son royaume l’attendait. A la vue du couple, celui-ci ne put éviter de siffler d’admiration pour la « fée » que B.K, avait dénichée. La fête pouvait reprendre de plus belle et les commandes furent lancées. Mariam s’offrit une bière de luxe au compte de B.K, heureux de casquer.

La suite de la soirée pour le jeune homme s’annonçait pleine de promesses. Sitôt la bière ingurgitée, il proposa à l’objet de sa convoitise de l’emmener terminer autrement les choses chez lui. La jeune fille au flair ne la trompant jamais quand il s’agit d’argent avait compris que son client n’était pas « lourd » financièrement et refusa l’invitation. Cette attitude fit tourner la tête à B.K. Il ne pouvait pas comprendre qu’après avoir bu sa bière, Mariam refuse de l’accompagner à la maison.

Une vive dispute s’engagea alors et pour ne pas créer le scandale à l’intérieur du maquis, B.K et son ami réussirent à faire sortir Mariam. Sur le bitume, l’empoignade verbale fit place aux coups de poings. Un véritable pugilat s’engagea entre le sexe « fort » et le sexe « faible ». B.K et son ami tombèrent à bras raccourcis sur Mariam.

Alerté par les cris de la fille, un jeune homme bien éduqué voulut lui prêter main-forte. Ce qu’il ne fallait pas. B.K et son compagnon déversèrent leur colère sur ce dernier. La bagarre ainsi changea d’épicentre. On oublia Mariam et c’était maintenant le « secouriste » d’un soir qui « encaissait ». Jurant qu’on ne le lui dira pas deux fois, la jeune fille profita de la situation pour « se chercher », laissant son « secouriste » à son sort.

Abandonnant là ses chaussures qui l’empêchaient de mieux courir, elle réussit à s’engouffrer dans un véhicule dont les occupants, de potentiels clients, seront certainement heureux de faire la bonne pêche ! C’est bien Jean de la Fontaine qui a raison : le troisième larron s’en tire souvent à bon compte.

L’Opinion