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Fait divers : Sauvé par l’administration !

Publié le samedi 6 mai 2006 à 09h14min

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Enlever la femme d’autrui, c’était autrefois s’attirer des foudres. Pas question de traverser le village où habitait l’ex mari ou de se permettre le luxe d’aller faire le marché de ce village. C’était se faire comme dirait l’autre, hara-kiri.

De nos jours bien que nous soyions dans un Etat de droit, ces pratiques ont cours dans certaines régions. En pareille circonstance, il faut se chercher, car un mort ne parle pas.

Quand Noaga a senti que sa vie était en danger, en un clin d’œil, il s’était retrouvé dans la cour du secrétaire car le préfet était absent. Ainsi, il eut la vie sauve. Pourtant, il aurait dû savoir que la sorcière est prompte à oublier, par contre tel n’est pas le cas de la mère de l’enfant qu’elle a mangé.

Voilà plus de trois décennies que Noaga était revenu de Côte d’Ivoire. Tous les marchés alentours connaissent son passage, juché qu’il était sur son vélo Peugeot et le poste Wapi en bandoulière. C’était l’époque où tous les revenants de Côte d’Ivoire rapportaient quelque chose. Aussi, les postes radios avaient commencé à inonder les villages, surtout pour écouter les contes du Larlé Naaba. Dans ses randonnées, Noaga avait remarqué Tipoko. Lui faire la cour fit une petite affaire.

Tipoko était mariée à Sandogo et avait eu deux enfants avec ce dernier. Elle n’hésita pas à rejoindre Noaga avec arme et bagages. Quand les réclamations fusaient de partout et surtout qu’ils dépendaient du même chef de canton, craignant d’être convoqué pour se voir retirer Tipoko, une nuit, Noaga s’enfuit pour la Côte d’Ivoire. Ainsi, quand il revint des années bien plus tard avec cinq enfants, l’affaire était consommée. Mais c’est oublier que la rancœur est tenace et les coutumes rigides.

A la fête coutumière du chef de canton, tout bon ressortissant se devait d’aller y assister et surtout de bien fêter. Ainsi, Noaga s’y rendit avec une cuisse de taureau. L’emplacement du marché était petit ce jour pour contenir tout ce monde. Noaga qui s’était fabriqué un hangar avec quelques fourches et des branches d’arbres, s’affairait à se confectionner un étal quand il entendit : « Ya tampi bougo wan tui a zandé ka ? ».

Quand Noaga leva les yeux et vit son interlocuteur, il comprit. C’était le petit frère de l’ex mari de Tipoko et il était dans leur village. Dans la coutume moaga, on peut tout faire à l’amant ou au « rataga » sans que quelqu’un se plaigne. Le petit frère était seul et il s’éloigna, sûrement pour chercher de l’aide. Noaga mit à profit ce flottement pour se précipiter chez le secrétaire puisqu’on était au chef-lieu du département.

C’est ainsi que la horde le rejoignit et demanda à ce qu’on lui remette Noaga. L’agent de bureau mis au courant, les calma et menaça surtout ceux qui vociféraient le plus. Aussi, il demanda au chef de marché, si on pouvait trouver quelqu’un pour vendre la cuisse de taureau puisque le marché battait son plein. Un petit-fils fut trouvé pour cette tâche. Ce dernier vint remettre plus tard 1800 francs comme fruit de la vente de la cuisse.

Ce ne fut que très tard dans la nuit, que des accompagnateurs, par des chemins tortueux réussirent à mettre Noaga sur le chemin de son village. Ce qui est certain, on ne l’y reprendra plus et il devra lors de ses prières, faire des douas pour le secrétaire du préfet qui l’a sauvé.

Rakissé

Sidwaya

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