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Flambée du prix du pétrole : Vous n’avez encore rien vu !

Publié le jeudi 27 avril 2006 à 07h37min

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A ce rythme-là, il y a beaucoup de chance que le salarié moyen, contraint par la hausse presque journalière du prix des hydrocarbures, range sa moto ou sa vieille guimbarde, pour sortir du grenier sa bicyclette du temps où il était élève, voire étudiant.

Ne riez pas, bonnes gens, car c’est sérieux et nous allons tous boire le calice jusqu’à la lie. Fini le temps où on pouvait, avec moins de 1 500 FCFA, faire le plein de sa mobylette P50 ou mettre 5 000 F de gasoil dans sa voiture pour aller de Bobo-Dioulasso à Banfora.

Les Burkinabè subissent ainsi, à la pompe, les conséquences de la fluctuation du marché, depuis que nos autorités ont cessé de subventionner ce secteur pourtant stratégique pour l’économie nationale.

Cette situation grève dangereusement le porte-monnaie du consommateur quand on sait que les prix ne font que s’envoler et que de 2002 à nos jours, le prix du baril de pétrole a triplé.

Traduit concrètement, cela revient à dire que celui qui budgétisait son carburant à 5 000 F en 2002, doit maintenant prévoir 15 000 F.

Difficile de tenir longtemps d’autant plus que dans le même temps les salaires stagnent ou au mieux ont évolué de 5 à 10% en moyenne. On comprend alors la fréquence des grèves « contre la vie chère ».

Mais qui est responsable de cette situation ? Il y a d’abord l’Etat, trop gourmand, qui surtaxe les produits pétroliers, sans quoi, malgré les augmentations itératives, on pourrait raisonnablement avoir à la pompe le litre d’essence à moins de 500F.

Appliquer aussi la détaxe reviendrait à grignoter les recettes de l’Etat ; or ce sont ces mêmes taxes qui permettent de financer le budget sur lequel sont payés les salaires.

Si l’essence est détaxée, il faut nécessairement surtaxer un autre produit pour combler le manque à gagner. Voilà donc le casse-tête des autorités, la quadrature du cercle qu’elles doivent résoudre.

Face à cette flambée des prix, tout un chacun doit avoir le réflexe de réduire sa consommation à sa portion la plus congrue. Certains qui ont vite compris cela font déjà une sorte de journée continue qui ne dit pas son nom.

Quand ils vont le matin au service, ils ne rentrent que le soir. Il y a, en plus, toutes ces randonnées inutiles qu’il faudrait supprimer.

Toujours dans le sens de l’économie, les uns et les autres devraient souvent apprendre à user leurs pantalons ou leurs jupes sur les sièges des transports urbains (bus et taxis). Et voilà l’Etat et les municipalités appelés de nouveau pour organiser, encourager et densifier ce secteur.

Tout un travail en perspective, puisque les infrastructures routières ne s’y prêtent pas, à cause de l’étroitesse des voies et surtout de l’état poussif de nombreux bus et taxis qui, le plus souvent, ne circulent que sur les routes goudronnées qui ne mènent pas à tous les quartiers des villes.

Très sérieusement, les autorités devraient engager une réflexion sur la faisabilité de la journée continue, car son institution pourrait amoindrir la facture pétrolière. D’autres pays autour de nous le font avec succès depuis la dévaluation du franc CFA en 1994.

Il est grand temps de trouver des astuces durables pour que notre pays réduise sa facture d’hydrocarbures puisque les prix ne font qu’augmenter. Ce week-end, le baril a atteint le seuil psychologique de 75 dollars. Mais qu’est-ce qui donne des ailes au prix ?

Energie stratégique et indispensable pour l’économie mondiale, le pétrole ne cesse de coûter cher depuis quelques années. Et tout semble indiquer que ce n’est pas demain que les cours vont retomber.

C’est donc le président Hugo Chavez du Venezuela qui avait raison, lui qui prédisait, il y a déjà un an de cela, que « le monde peut dire adieu au pétrole pas cher ».

Il avait même déclaré que le baril pourrait atteindre les 100 dollars. Il n’avait pas tort puisque les spécialistes, dans leurs projections les plus optimistes, estiment que d’ici 2020, on devrait acheter le baril à 211, voire 300 dollars. C’est dire que les cours ne sont pas près de chuter. Et la conjoncture internationale est là pour nous le rappeler.

Denrée marchande, le pétrole a un coût qui varie en fonction de l’offre et de la demande. Or, avec le réveil économique de la Chine populaire et de certains pays émergents, la demande de pétrole ne fait que croître de jour en jour.

Cette croissance des besoins en produits pétroliers se recense dans tous les pays. Chaque année, le nombre de voitures, d’avions, de motos, de machines, d’ordinateurs, bref, de tous les appareils fonctionnant au carburant ou à l’électricité ne fait qu’augmenter.

Or, les pays producteurs de pétrole n’ont pas assez investi dans la modernisation de leurs outils de production si bien qu’il y a un risque que la production ne couvre pas entièrement les besoins.

C’est pourquoi chaque pays s’empresse de constituer d’importants stocks de sécurité. Ajoutées à la spéculation, les données géopolitiques ne militent pas pour une production assurée et sécurisée du pétrole.

Voilà l’Irak en guerre qui peine à retrouver son rythme de production d’antan. Le Nigeria a, lui, perdu près de 20% de sa capacité de production à cause des attaques rebelles dans le delta du Niger, tandis que le Tchad menace de suspendre sa production si la Banque mondiale ne fait pas une main levée sur ces comptes bancaires.

Que dire de l’Iran (4e producteur mondial) à propos de qui les spéculations sur une prochaine intervention militaire américaine ne sont pas pour arranger les choses ? Il y a aussi les conséquences des ouragans comme Katarina, car depuis son passage, les plates-formes et les raffineries du sud des Etats-Unis n’ont pas retrouvé leur taux de production normale.

Il urge donc de se libérer de l’esclavage du pétrole en diversifiant les combustibles, notamment en développant les énergies renouvelables et les nouveaux carburants comme l’éthanol.

Mais d’ici que ces nouveautés nous arrivent, on aura eu le temps de se clochardiser. Nous n’avons encore rien vu !

San Evariste Barro

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2006 à 13:15, par Some’ Mathurin En réponse à : > Flambée du prix du pétrole : Vous n’avez encore rien vu !

    Salut Barro,
    je suis Burkinabe resident aux usa et lis souvent les news de votre journal. Je suis d’accord de votre analyse economique du chock petrolier en vue. Les prix ne feront qu’augmenter et selon les projections, il y’aura tarissement de cette ressource dont nous sommes esclaves. Bonne fete de biere, de SIAO et de la SNC a tous les Burkinabe.

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