LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Méningite : Situation très inquiétante au Kourwéogo

Publié le mercredi 19 avril 2006 à 07h28min

PARTAGER :                          

C’est la question que bon nombre de Kourwéogois anxieux, se posent au regard de la situation de la méningite qui sévit sur toute l’étendue du territoire provincial.

L’inquiétude est d’autant plus grande quand on pense que la province est en épidémie depuis la 11e semaine de l’année et aucune vaccination généralisée n’est envisagée. Elle l’est encore davantage car elle évolue négativement de 100 cas à la semaine 11 à plus 254 cas à la 13e semaine avec un taux de létalité de 8,27%. On comprend mal encore la situation quand on voit les élèves qui sont très vulnérables, laissés à eux-mêmes.

L’école, rassemblement d’enfants d’horizons divers et par ricochet un facteur favorisant la propagation de la maladie, semble n’être une priorité pour personne.

Les autorités sanitaires à quelque niveau que ce soit prennent leur temps, tout leur temps comme si la maladie qui fait des ravages de jour en jour, attendait avec eux. A en croire la population, on comprend les services de santé puisqu’ils ont pris le soin de se vacciner et vacciner leurs familles.

Sont-ce les avantages du métier ? Nous en convenons. Mais venir extirper leurs enfants des classes au vu et au su des enseignants et des élèves pour aller les vacciner, cela est arrivé comme si les autres n’avaient pas les mêmes droits, dépasse l’entendement. Les populations ne comprennent pas et dénoncent cette façon d’agir.

Impuissantes devant la progression de la maladie, elles s’en remettent au Tout-puissant.

Les multiples explications données par les services de santé ne convainquent personne quand on sait la récurrence de la maladie chaque année.

Quelque chose doit être fait dans les écoles et des mesures urgentes prises pour éviter la catastrophe.

Déjà, on fait cas de nombreux décès d’élèves.

Moussa CONGO
AIB/Boussé


Loroum : “Il n’y a pas à s’affoler ...”, dixit Dr Yacouba Nombré, médecin-chef du district sanitaire de Titao

Entrée en épidémie depuis le 15 mars 2006, la province du Loroum vit actuellement dans la psychose de la méningite. Afin de freiner la désinformation qui gagne de plus en plus du terrain, nous avons approché à Dr Yacouba Nombré, médecin-chef du district sanitaire de Titao. C’est visiblement un docteur quasiment préoccupé par la situation que nous avons rencontré. Il commence par nous présenter la situation du district et donne ensuite des conseils pratiques pour apaiser le mal.

Agence d’Information du Burkina (AIB) : depuis le 15 avril 2006, le district sanitaire de Titao est entré en épidémie. A la date d’aujourd’hui, pouvez - vous nous faire la situation ?

Dr Yacouba Nombré : (Dr Y.N) : Je pense que c’est une occasion pour nous de faire la situation de l’épidémie de méningite qui sévit au niveau du district sanitaire de Titao depuis le 15 mars. C’est depuis cette date que nous avons déclaré cette épidémie. A la semaine 11 nous avons eu 17 cas pour 1 décès, la semaine 12 nous avons eu 26 cas pour 6 décès, la semaine 13, 14 cas pour 00 décès, la semaine 14, 20 cas pour 2 décès. Ce qui fait que depuis la semaine 11 jusqu’à la semaine 14, nous avons enregistré 77 cas pour 09 décès.

Donc il faut dire que notre seuil épidémique est de 14 cas pour 100 000 habitants. Et comme nous avons une population qui est chiffrée à 149 630 habitants effectivement depuis la semaine 11 nous avons eu 17 cas supérieur donc à 14, nous sommes rentrés donc en épidémie. Voilà la situation de façon macroscopique des cas et des décès que nous avons eus au niveau de notre district.

AIB : Quelle est la frange de la population la plus touchée par cette épidémie. Et comment justifiez-vous cela ?

Dr Y.N : De façon générale, toutes les tranches d’âge sont touchées. Que ce soit les enfants, les jeunes ou les personnes âgées. Mais la tranche la plus touchée se situe entre 5 et 10 ans. Vous savez que la transmission de la méningite se fait surtout par voie aérienne et souvent au niveau de certaines collectivités qui ont quand même une baisse d’immunité. Ces enfants pour la plupart des cas sont des scolaires. Ceci est probablement lié à cette immunité et aussi à des mesures hygiéniques qui ne sont pas assez régulières et qui ne sont pas prises par tous les enfants.

AIB : Peut-on en savoir davantage sur ces mesures ?

Dr N.Y : Effectivement on l’a dit depuis l’installation de la méningite au niveau de notre pays : il faut enduire les fosses nasales de beurre de karité qui va permettre de fermer la dissémination du germe à travers le nez. Donc c’est une des mesures importantes. Deuxième mesure, c’est d’inviter la population à porter des protège-nez afin d’arrêter la transmission du virus par voie aérienne.

AIB : Quelles sont les mesures déjà prises ou en voie de l’être par le district sanitaire en vue de stopper la propagation de cette épidémie ?

Dr N.Y : Je vais d’abord remercier nos autorités parce que dès que nous avons déclaré l’épidémie, nous les avons informées immédiatement et porté aussitôt l’information au niveau départemental. C’est la première mesure qui est importante, d’informer et dire à nos populations que nous sommes en épidémie. (...) Nous avons aussi informé nos supérieurs hiérarchiques que ce soit au niveau de la direction régionale qu’au niveau de Ouagadougou.Il faut dire qu’à ce niveau, la prise en charge des cas est effective et gratuite. Tous les cas sont pris en charge au niveau des formations sanitaires de Titao. Nous faisons donc l’effort pour que ces médicaments ne puissent pas manquer au niveau de notre district sanitaire. Deuxième mesure, nous avons entamé depuis un certain temps des tournées de sensibilisation dans les écoles primaires de Titao. Nous allons l’étendre au niveau du lycée et pourquoi pas aux différentes agglomérations. La question qui demeure c’est pourquoi on ne vaccine pas ?

C’est prévu au niveau du district. Mais vous savez à chaque moment la DLM (Direction de la lutte contre la maladie) se réunit et essaie de voir quel est le district qui a le taux d’attaque le plus sévère. Et c’est en fonction de cela que les priorités se dégagent en faveur de tel ou tel district. Nous sommes en contact permanent avec nos autorités au niveau de Ouagadougou et dès que le vaccin sera disponible nous allons informer les populations à qui on demande de ne pas s’affoler parce que l’équipe est là, toute l’équipe est là. Nous sommes prêts à parer à toute éventualité.

AIB : Quel message avez-vous à l’endroit de la population ?

Dr N.Y : Je pense que la population de cette jeune province mérite d’avoir certaines informations. Je les remercie pour le calme avec lequel ils ont pu prendre ces cas de méningite. Je sais qu’il y a eu un peu de sujets tabous, des interprétations erronées. Il ne faudrait pas s’affoler, il ne faudrait surtout pas s’affoler. Une fois que vous sentez que votre enfant a une fièvre élevée, qu’il vomit et qu’il a des maux de tête, immédiatement, il faut l’amener à l’hôpital où le personnel est entièrement mobilisé pour prendre ces cas en charge. Donc je demande à la population en plus des mesures hygiéniques et diététiques que je viens de dire, de ne pas s’affoler et que nous sommes là pour leur santé.

Propos recueillis par Abdoul Salam OUARMA (atl_room2000@yahoo.fr)
AIB/Titao

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique