Il y avait du monde autour du domaine de prince Isaac ce jeudi 6 avril 2006. C’est à partir du foyer (le premier au Burkina) de l’épizootie que l’opération de destruction de la volaille devrait commencer. Mais que de problèmes ! Selon les témoignages recueillis auprès des techniciens de l’élevage, Ferdinand Isaac Ouédraogo s’est montré, dès le début, très peu coopératif. Ainsi, dans la nuit du mercredi 5 avril, il a fait s’envoler ses pigeons du camping. Le lendemain dans la matinée, il ne restait que quelques-uns. Une situation qui n’était pas prévue. Néanmoins, les techniciens décident de les endormir avec un produit mélangé à l’eau de boisson. C’est à ce niveau qu’intervient le premier couac de la matinée. L’effet escompté se fait attendre... Les esprits s’échauffent et les explications les plus folles fusent de part et d’autre. Prince Isaac aurait des pouvoirs mystiques et ne craindrait rien quant à la vie de ses pigeons. C’est ce qui le rendrait arrogant et hautain.

Pour gagner du temps face à cet insuccès, l’équipe technique, avec à sa tête le directeur provincial des Ressources animales du Kadiogo, Philippe Toé, propose d’aller abattre les poulets dans les concessions de Gampèla. Refus net des paysans. "Si vous rentrez dans nos cours, nous allons mettre le feu au camping", clament-ils en choeur. Il y a de l’électricité dans l’air. Le préfet de Saaba, Alexandre Sawadogo, entame des pourparlers avec les délégués. Echec et mat. Finalement, on fait appel au niveau central du ministère des Ressources animales, pour obtenir des produits plus puissants pour l’opération. Tout le monde fait donc le pied de grue devant le camping...

Aux environs de midi, le directeur général des services vétérinaires, le Dr Mamadou Paré, arrive sur les lieux avec la solution. La volaille est appâtée avec du petit mil. Six pigeons (qui étaient en cage) et une poule sont capturés et étouffés afin de procéder à des analyses. Cependant le Dr Paré ne comprend pas certaines choses. Cinq gros pigeons (d’une race particulière), qui étaient dans le domaine, ont disparu.

"Faites venir M. Ferdinand Ouédraogo pour qu’il nous éclaire", ordonne-t-il à ses techniciens. L’un des nombreux policiers présent lui répond que prince Isaac a été soustrait de la vindicte populaire dans la matinée du jeudi 6 avril et qu’il se trouve actuellement au commissariat de Saaba. Quand le contact s’établit avec lui, la réponse est encore plus déconcertante pour le Dr Paré : "Les pigeons dans le camping".

Au moment où nous quittions les lieux, les colombes commençaient à picorer le petit mil "empoisonné". Et aux dernières nouvelles, les oiseaux n’étaient pas encore neutralisés dans la soirée.

Par D. Parfait SILGA

L’Observateur