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Football : La formation comme pierre angulaire du développement

Publié le jeudi 6 avril 2006 à 07h43min

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Le football burkinabè ne produit pas toujours les résultats qu’on attend de lui. Cette contre-performance s’explique souvent par les carences des athlètes plus que la qualité des adversaires. Pour pallier cela la FBF à travers la Direction technique nationale a mis en place un programme de formation des encadreurs.

Monsieur Jean Macagno, le Directeur technique national que nous avons rencontré donne plus de précisions sur son déroulement et les bénéfices escomptés.

Quel est le rôle de la Direction technique nationale ?
Le rôle d’une direction technique nationale est mettre en place tous les calendriers techniques pour toutes les catégories. Et faire en sorte que le football se développe.

Quel est votre planning dans ce sens ?

Le planning que nous avons fait va dans trois directions, le développement de la base à la fois en quantité en qualité, la formation des éducateurs à tous les niveaux, la troisième étant celui de l’élite qui est l’émanation des premières. Quand on a des entraîneurs bien formés et qui travaillent au niveau des enfants, on a priori des équipes nationales qui se dégagent au niveau de la base, des détections qui se font et une bonne sélection pour accompagner le pays.

Quelles sont les faiblesses que vous avez constatées en prenant la tête de la Direction technique ?
Le footballeur burkinabè est comme les autres footballeurs africains. La différence que nous avons c’est au niveau des petites catégories où une somme de travail n’est pas encore accomplie. D’abord parce qu’il n’y a pas une organisation, mais aussi il n’est pas accompagné parce qu’il n’y a pas des éducateurs pour lesquels on a un programme de travail desquels on peut attendre des résultats que l’on peut anticiper.

Pouvez-vous nous donner davantage de précisions sur la formation des encadreurs que vous avez entamés ?
Je reviens d’un symposium de la CAF à Casablanca au Maroc où il a été tiré les enseignements de la dernière CAN, en même temps parler des faiblesses et du développement du football africain.

Je me rends compte que ce qui est mis en place au niveau de la formation des cadres et du travail est envisagé dans les secteurs, les arrondissements est tout à fait en adéquation avec les idées qui sont annoncées par la direction technique de la CAF.

Un des axes qui est fortement encouragé de développer est celui qui concerne la formation des juniors au sens large du terme c’est-à-dire tous ceux qui ne sont pas seniors. Nous mettons quelque chose en place pour les « 6-11 ans » simplement pour une animation de qualité sur le terrain et pour mettre en mouvement tous ceux qui s’occupent de ces jeunes.

Quand on fait une détection récemment à Bobo-Dioulasso, on a pu voir pendant les matchs de détection une quarantaine d’enfants de 8-13 ans qui opéraient pendant plus de deux heures et demie, sans quelqu’un pour s’occuper d’eux. C’est un peu l’image de ce qui peut nous manquer, quand on travaille avec les plus jeunes, on s’aperçoit qu’il y a là une dizaine d’années de travail qui à la fois permet au joueur de se développer sur le plan de la coordination technique, du fonctionnement dans un match. On a plusieurs de travail qui ont manqué et quand l’enfant est confronté au football de haut niveau y va avec son bagage, c’est-à-dire tous ces manques.

C’est là qu’il faut travailler en priorité pour compenser. C’est une œuvre de longue haleine. Il y a plusieurs moyens pour y arriver. Le premier, c’est de mettre en place une formation diplômant fédérale burkinabè, propre à notre football. Avec tous les membres de la Direction technique, on a élaboré le contenu. On est sur une formation qui apparemment au niveau des initiateurs qui s’adressent aux enfants de 6 à 7 ans donnent satisfaction puisque les gens qui étaient au premier module reviennent au deuxième et sont demandeurs du travail etc.

Quand, sur 240 inscrits, on a 187 admis, ce n’est pas mauvais. Dans les deux villes de Ouaga et Bobo ou fait les stages d’initiatrice saison 2005-2006, on est en passe d’atteindre 350 candidats reçus. Ce sont autant de personnes qui vont travailler dans les secteurs, les arrondissements pour le développement du football des petits. A Ouaga, nous avons la présence de monsieur Gnanou qui s’occupe du sport au niveau de la mairie et qui est très intéressée par ce projet qui est remonté jusqu’aux instances municipales.

Avez-vous envisagé le suivi de ces encadreurs après la formation ?

Quand vous mettez au monde un enfant, vous lui apprenez à lire à écrire etc. il faut mettre en place quelque chose pour accompagner les plus jeunes sachant que la formation serra alternative ? Nous avons l’intention de former une année dans les deux plus grandes villes, l’année suivante dans les provinces. On a aussi le problème des seniors, mais eux ils sont à la phase de l’utilisation du joueur. Nous allons faire une intervention au niveau des entraîneurs seniors en intersaison (Août-septembre) avec aussi une formation diplômant fédérale. On va prendre à la fois le problème en bas en haut. Reste le problème de la formation des entraîneurs des jeunes.

On va le voir en troisième volet puisque nous avons prévu un diplôme en deux modules. Actuellement, il faut que la Direction Technique nationale aille plus à la base. Pour ces jeunes qui sont pris en main si on prend ceux qui commencent à 10 ans l’année prochaine ils deviennent minimes. Nous voulons voir apparaître un championnat minime sur le plan d’abord communal. Il peut être pareil pour les cadets par contre les juniors, il sera facile de mettre en place des oppositions nationales même si ça va être en deux groupes.

Nous avons une gamme de diplômes : initiateur en trois modules, entraîneur fédéral des jeunes en deux modules et senior en deux modules et un diplôme de spécialiste celui de formateur des gardiens de but parce que c’est une des carences de notre football. Parce qu’au plan de l’élite, il est évident que quand il n’y a pas de rencontres où l’on peut aller détecter les jeunes joueurs, il y a toujours des difficultés pour sortir un groupe qui soit l’émanation des meilleurs du moment pour le Burkina. Il est donc prioritaire qu’on mette en place ces formes d’organisations. Il nous manque une sélection des jeunes de 14 ans qui par anticipation nous permettrait de dégager plus vite une sélection de cadets en l’espace de 4 années.

Le football burkinabè est taxé de bipolaire. Nous constatons que votre démarche est presque la même. Est-ce que les autres provinces ne resteront pas à la traîne ?
Pas du tout. Comme je l’ai dit pour la saison 2005-2006, nous faisons Bobo et Ouaga parce que la population footbalistique est concentrée dans ces deux centres. Il faut mettre les choses en place où sont les enfants. Dans une deuxième saison, la formation va se faire dans les provinces avec le même cheminement. Par cycle de deux ans, nous allons nous retrouver dans les provinces comme dans les deux grandes villes. Des générations d’éducateurs vont être et ce sera après comme une courroie de transmission.

Avez-vous pensé au monde scolaire dans vos plans de développement ?

Le monde scolaire, on fait plus qu’y penser puisque nous allons dans les écoles. J’ai fait une petite étude sur la mise en place qu’on peut faire au niveau des jeunes pour les 6-11 ans sur six saisons, ça représente pour les enfants une charge de travail d’environ 876 heures de football. Le fonctionnement à l’école est simple. Soit vous vous appuyez sur l’OSEP (organisation du Sport à l’école primaire) ou sur l’USSUBF (union des sports scolaires et universitaires au Burkina Faso. A ce jour le calendrier USSUBF, ce n’est pas faute de l’avoir demandé, je crois savoir que c’est par manque de moyens qu’ils n’ont pas pu démarrer, ce qui nous aurait aidé pour les cadets. On gère avec le retard.

Ensuite le football à l’école correspond à un cycle de sport collectif que met en place un enseignant. Il peut choisir de faire du handball, du basket-ball. Le cycle de football n’existe pas dans toutes les écoles. C’est la même chose au niveau du lycée. On dit que le football est le sport N°1 mais quelquefois c’est celui qui est le plus maltraité tout simplement parce que les enseignants tenant compte de cette popularité peuvent choisir de traiter d’autres sports. Ce qui se comprend. Mais actuellement au niveau des jeunes, il y a le football de l’école quand il existe et celui informel de la rue avec parfois un auto apprentissage des gestes techniques qu’ils voient à la télévision.

Mais ce que je peux dire c’est quand fait passer le message du foot à cinq chaque fois nous sommes allés dans les écoles primaires et nous avons pris les garçons et les filles. Nous avons fait en sorte d’avoir une liaison avec les enseignants qui sont intéressés par le travail qu’on fait puisqu’il en y en a qui étaient stagiaires en formation initiateur.

Quels sont rapports avec les centres de formations ?

Pour l’instant nous travaillons avec les écoles de foot, les centres de formations doivent répondre à mon sens à un cahier de charge mise place par la fédération. Si les centres aident à développer le football dans un pays, j’applaudis à condition qu’on ait un terrain décent pour accueillir les enfants, de l’hébergement et ensuite des éducateurs diplômés et travail qui soit contrôlé non pas à la minute près mais au moins dans la planification que ça corresponde au foot de développement dans la catégorie concernée. Dans les clubs professionnels chacun à son propre centre de formation ce qui me paraît être la meilleure. Un club de première division que ce soit en Europe où ici devrait former ses jeunes joueurs pour assurer sa relève et ne pas aller quelque fois à une politique hasardeuse de recrutement.

Si on n’est pas encore prêt à faire tout ça, mettons en place des rassemblements dans les secteurs et faisons en sorte que le club de première division qui s’appuie sur ces secteurs deviennent le club référence pour les enfants. Evidemment les enfants vont garder leur liberté de mouvement.

L’action de formation se mène sur le long terme. Ne craignez-vous pas que l’impatience des supporteurs compromette son succès ?

Nous sommes sur une CAN 2008 au Ghana pour les seniors, la coupe du Monde 2010 en Afrique du sud et nous tenons à être présent dans les deux. Il est anormal qu’une Direction technique nationale n’est pas envie de figurer parmi l’élite africaine. Nous travaillons à la concrétisation. Nous savons qu’un groupe compétitif est un amalgame d’âge où il y a de la maturité, de la jeunesse pour remplir le rôle de petit coup de patte de génie ...
Nous travaillons sur plusieurs tranches d’âge. Nous sommes allés jouer à Rouen contre l’Algérie.

Nous avons amené Assamy OUEDRAOGO. Il n’a pas joué, mais il a vu le niveau. Omar SANOGO qui est un élément du championnat (NDLR : joueur de l’ASFAY) est rentré parce qu’il fallait précipiter la sortie d’un joueur qui risquait le carton rouge. Il a donné satisfaction. On a repéré des joueurs, il faut des matches pour les mettre dans le véritable niveau, au travers de ce révélateur trouver deux voire trois joueurs par poste pour créer une concurrence et sorte que lorsque qu’on vient pour défendre les couleurs on vienne avec l’envie de faire une grande performance.

Par Ahmed NAZE

L’Opinion

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