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Commerce international : La République populaire de Chine, l’eldorado des hommes et femmes d’affaires burkinabè

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Publié le lundi 4 mars 2024 à 11h10min

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Commerce international : La République populaire de Chine, l’eldorado des hommes et femmes d’affaires burkinabè

Ils sont nombreux, ces hommes et femmes d’affaires burkinabè, qui parcourent plus de 10 000 km pour se rendre en République populaire de Chine. Cette destination attire les Burkinabè grâce à l’attractivité économique de l’Empire du Milieu.

Ouagadougou, mardi 23 janvier 2024. À l’ambassade de la République populaire de Chine (sise au quartier Ouaga 2000), les mardis et jeudis de la semaine, il est difficile de ne pas apercevoir des individus en file indienne. Les visiteurs entrent et ressortent. À l’entrée du bâtiment, des vigiles veillent au grain en fouillant minutieusement les sacs à main. Après cette étape, les aspirants au visa s’installent dans une pièce du bâtiment. « Pourquoi vous voulez vous rendre en Chine ? » « Est-ce votre première fois d’y aller ? ». Ce sont entre autres les questions qui sont posées par les représentants de l’ambassade. Le stress se lit sur les visages. Les demandeurs de visa qui attendent leur tour pour se prêter à l’exercice, devisent.

Une vue des demandeurs de visa.

« Les Chinois sont dynamiques et accueillants »

Il est l’un des coiffeurs burkinabè les plus suivis sur les réseaux sociaux. Sa page Facebook comptabilise plus de 60 000 abonnés ; son compte Tiktok, plus de 30 000 followers et son Instagram plus de 4 000 followers au mois de février 2024. Lui, c’est Parfait Nikièma, plus connu sous le sobriquet de « Parfait Design ».

Coiffeur depuis maintenant 15 ans, Parfait Design a décidé de mettre en place une stratégie qui, à vue d’œil, fonctionne : celle de se rendre en République populaire de Chine pour s’approvisionner en divers produits capillaires et tisser un réseau de fournisseurs. Son objectif est d’agrandir son business. Parfait Design se procure ainsi des mèches de qualité supérieure et en fait des perruques, avec l’aide de ses employés. Cette stratégie lui a permis de tirer son épingle du jeu dans cette activité très concurrentielle. En plus des mèches, il met à la disposition de sa clientèle des articles capillaires de tout genre, du matériel de coiffure dont certains proviennent de la Chine. Aujourd’hui, le chef d’entreprise compte une vingtaine d’employés.

« C’est le pays idéal pour faire des affaires, car il y a beaucoup d’opportunités », Parfait Design.

C’est en 2017 que cet entrepreneur dans le domaine de la coiffure féminine a décidé de s’envoler pour la première fois pour l’Empire du Milieu. « En Chine, on trouve des produits variés en rapport avec notre travail. Leurs produits sont vendus à des prix abordables et sont de qualité. On y retrouve des mèches, des équipements de coiffure, etc. C’est pour cette raison que notre destination, c’est la Chine. J’y suis resté pendant deux semaines. Une fois que j’ai eu des contacts sur place, je suis rentré et j’effectuais les commandes en ligne. Je souhaite repartir dans le pays pour effectuer de nouveaux achats. Voilà pourquoi j’étais à l’ambassade pour me procurer un visa », a-t-il expliqué.

Il dit avoir gardé de beaux souvenirs de son séjour. Parfait Nikièma a avoué qu’il a été émerveillé par ce pays d’Asie de l’Est. « Ils ont un système de travail différent. Les Chinois sont dynamiques et accueillants. Ils travaillent beaucoup. Le pays est très développé », a-t-il affirmé. Comme difficultés, il a évoqué la barrière linguistique et le volet gastronomique. Il a expliqué que, sur place, la traduction se fait par le biais de guides qui monnaient leurs services. Il a côtoyé des guides burkinabè, ivoiriens et d’autres nationalités d’Afrique francophone. « Les coûts demandés par les traducteurs sont abordables. Là-bas, ils sont bien organisés. Chaque marché est dédié à des articles spécifiques. Dans un marché où on commercialise des tomates par exemple, on ne trouvera pas d’autres produits », a-t-il confié.

Les montants à débourser pour le visa.

Cela fait dix ans que Raïssa Tokorokou est dans le commerce. Elle s’est spécialisée dans la vente de vêtements, de chaussures et d’autres accessoires de mode (pour adultes et enfants). Dans l’ambition de fructifier ses affaires, en 2016, elle s’est envolée pour Guangzhou (au Sud de la Chine) connu pour être un grand carrefour commercial dans le pays. Elle s’y est rendue pour nouer des contacts et faire une prospection des prix des marchandises en fonction de celles proposées par son premier fournisseur qui est dans un autre pays.

Satisfaite de ce premier voyage, elle a décidé d’entamer les démarches afin de se procurer un visa. L’ambassade le lui a accordé. Elle compte se rendre une fois de plus en 2024 pour constater l’évolution du marché, y faire des achats pour son commerce et faire du réseautage avec des fournisseurs chinois. Pour elle, en matière d’achats de marchandises, il n’y a pas de pays spécifique. « Nous cherchons juste la qualité. En Chine, c’est la qualité que tu veux qu’on te sert. Généralement, lorsqu’on entend Chine, on a tendance à penser au bas de gamme. Ce qui n’est pas toujours le cas. Si vous voulez la qualité, vous l’aurez », a fait comprendre la propriétaire de la boutique « Bam Bayiri ».

« J’y vais cette année pour me mettre à jour des prix et des marchandises que la Chine propose », Raïssa Tokorokou.

Raïssa Tokorokou a révélé que les Chinois « sont très ancrés dans le business. C’est un peuple accueillant et chaleureux. Déjà, lorsque tu entres dans un magasin, on t’accueille correctement et on te sourit. Cette attitude donne une bonne impression au client et l’encourage à faire des achats. ». La femme d’affaires conseille à tous ceux qui souhaitent faire des affaires en Chine, d’être dynamiques. « Cela va leur permettre de faire de bonnes affaires », a-t-elle lancé.

Basé au grand marché de Ouagadougou (Rood-Woko) depuis 15 ans, Issaka Kouraogo est un grossiste qui tire sa pitance quotidienne de la vente de sacs à main, de chaussures et de la quincaillerie. Avant la crise du Covid-19, il s’est joint à d’autres commerçants, habitués à s’approvisionner en République populaire de Chine, pour se rendre à Guangzhou. Une riche expérience, selon ses propos. « Là-bas, ils sont très accueillants. J’ai séjourné dans le pays pendant 15 jours. La seule difficulté est qu’on n’est pas habitué à la nourriture. Mais, on a fini par s’adapter. Le guide est payé par les fournisseurs. Nous n’avons donc rien déboursé pour le payer. Je suis entré en contact avec le guide grâce aux commerçants burkinabè qui s’y sont rendus avant moi. De façon générale, tout s’est bien passé », a-t-il souligné. Issaka Kouraogo compte se rendre à Guangzhou au cours de cette année 2024 afin de se ravitailler.

Issaka Kouraogo a ouvert trois boutiques au grand marché de Ouagadougou.

Des hommes et femmes d’affaires « professionnels et exemplaires »

Afin de renforcer les relations bilatérales sino-burkinabè et de faciliter l’accès au visa, le service consulaire de l’ambassade de Chine a été ouvert en mai 2023. Le consul, Zhen Gu, affirme que le service a enregistré plus de 3 000 demandes de visa depuis son ouverture. Plus de 90% des demandeurs sont des commerçants. Le consul a tout de même indiqué que des étudiants sont de plus en plus intéressés par la destination Chine. « Les prix des marchandises sont abordables en Chine. Aussi, le transport vers l’Afrique est très accessible », a justifié Zhen Gu. Selon le consul, le textile, les appareils électroniques et la quincaillerie constituent le top 3 des marchandises les plus achetées par les commerçants burkinabè en Chine. Il a confié que selon les informations qui lui parviennent, « les hommes et femmes d’affaires burkinabè sont professionnels et exemplaires en général durant leur séjour. »

Zhen Gu préconise à ceux et celles qui souhaitent prolonger leur séjour en République populaire de Chine pour n’avoir pas pu finaliser leurs achats, de prendre attache avec le Bureau des entrées et sorties pour le renouvellement du visa, au risque d’être en situation irrégulière. Il conseille aux Burkinabè de gérer leurs différends commerciaux à la Chambre de commerce, à la Commission de conciliation ou au tribunal local, par la voie judiciaire. Le consul a déclaré que la Chine et le Burkina Faso appartiennent tous deux aux pays du Sud, et sont de bons partenaires sur la base du respect mutuel et de l’égalité. Les deux pays sont unis par la recherche du développement commun. « Nous continuerons à approfondir les coopérations à travers les actions concrètes, pour soutenir la volonté du peuple burkinabè d’explorer indépendamment la voie de développement conforme à ses propres conditions nationales, ainsi que ses efforts pour parvenir à la paix, à la stabilité et au développement », a-t-il indiqué.

« Une fois en Chine, il faut respecter les règles et tout ira bien », Zhen Gu

Zhen Gu a conclu en certifiant que la Chine est un grand marché où plusieurs produits locaux burkinabè tels que le beurre de karité, le sésame et le coton sont promus. L’ouverture du service consulaire a permis de faciliter l’accès de ces produits locaux au marché chinois, de promouvoir les opportunités d’affaires, d’encourager également les échanges culturels et éducatifs. À noter que la deuxième puissance économique mondiale est le premier partenaire commercial de l’Afrique au cours de ces quatorze dernières années, avec une valeur estimée à environ 282 milliards de dollars en 2022.

Il existe une dizaine de types de visas chinois. Le plus demandé à l’ambassade de Chine au Burkina est celui de type M, pour le commerce. Pour tout renseignement, cliquez sur ici.

Samirah Bationo
Lefaso.net

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