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Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

Publié le mardi 30 janvier 2024 à 23h10min

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Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

La 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) bat son plein en Côte d’Ivoire. Dans la pensée populaire, tous les hommes sont des férus de football. Et pourtant, il y a des anticonformistes qui ne sont pas amoureux du ballon rond.

Dire que les hommes aiment le football semble être une évidence. C’est comme dire que le ciel est bleu pour certains. Généralement, on associe le foot aux hommes. Toutefois, il y a ceux qui sont indifférents à ce sport. « Il n’y a qu’une vérité absolue, c’est qu’il n’y a pas de vérité absolue », disait le philosophe Jules Lagneau.

Le Dr Cyriaque Paré est connu pour être l’un des pionniers de la presse en ligne au Burkina Faso. Il est le fondateur et le directeur de publication de Lefaso.net. C’est un secret de Polichinelle pour ses collaborateurs, sa famille et ses amis, le Dr Cyriaque Paré n’est pas un amoureux de football et il l’assume sans complexe. Pour lui, tout est une question de passion. « On peut ne pas avoir la passion du football, mais s’y intéresser. Généralement, les politiciens par exemple qui gravitent autour du football n’aiment pas forcément le football. Mais, ils aiment ceux qui aiment le football parce que cela leur permet de développer rapidement leur visibilité au plan social et politique. Je n’ai pas la passion du football. Je ne suis pas capable de m’assoir plus de 15 minutes pour regarder un match. Je trouve que c’est trop long. Je proposerai que les matchs de foot durent tout au plus 15 minutes. Dans tous les cas, on aura un gagnant », a-t-il dit en riant.

Le Dr Cyriaque Paré est passionné de basketball, de lutte et de lecture

Il a admis ne pas connaître toutes les règles du jeu. Ses collaborateurs ne diront pas le contraire. A chaque match, surtout celui des Etalons, les journalistes de Lefaso.net les mieux aguerris sur le foot font le même exercice. Ils lui expliquent les règles et les enjeux de la compétition pour les différentes équipes à savoir qui part en 8e, en quart et en demi-finale. Le DP (abréviation de directeur de publication) comme on le surnomme, ne maîtrise pas l’art du football comme celui de l’information et de la communication numérique.

Alex Somé est journaliste et community manager dans un média de la place. Comme Dr Cyriaque Paré, il n’est pas un passionné du ballon rond. Depuis sa tendre enfance, il n’a jamais été séduit par ce sport, contrairement à ses camarades. « Je n’ai pas été attiré par le football, surtout dans les compétitions à l’école ou ailleurs » a-t-il signifié. Il avoue qu’il a évité de jouer au football à cause des blessures que les compétitions de foot ont entraîné chez certains de ses camarades de classe ou du quartier. Alex Somé dit connaître quelques règles de ce sport, car, sa profession le lui impose.

Alex Somé est passionné de musique (il est batteur) et de web journalisme

Gérard, nom d’emprunt, ne frémit pas devant un match de foot. « Pendant longtemps, j’ai pratiqué du sport de main, à savoir le handball et le volleyball. Cela a eu pour conséquence que le football passe au second plan. Autour des matchs de foot, il y a tellement de bruit et de passion, souvent même des comportements irrationnels des téléspectateurs et des supporteurs. C’est pour cette raison que lorsqu’il y a un match, je préfère vaquer à d’autres occupations. A la fin du jeu, je m’informe sur le score » a-t-il justifié.

Gérard confie que ce détachement est venu de manière progressive. « Quand j’étais plus petit, j’ai suivi la coupe du monde de 1998 avec la victoire de la France. A l’époque, le Brésil et la France était des équipes redoutables. J’étais pris dans la passion. Mais, en grandissant, j’ai développé cette distance émotionnelle par rapport au foot », a témoigné le trentenaire.

Aucun complexe et de l’incompréhension

Le Dr Cyriaque Paré a dit connaître de nombreux hommes dans son entourage qui comme lui ne sont pas des fanatiques du ballon rond. Il dit ne ressentir aucun complexe sur ce trait de sa personnalité. « Je ne vois pas pourquoi quelqu’un qui n’a pas d’émotion particulière devant 22 gaillards qui courent derrière une boule de cuir devraient paraître anormal », a-t-il martelé.

L’essentiel pour lui, c’est de connaître le score. Il a dit comprendre ceux qui sont passionnés de football, « parce qu’aujourd’hui, c’est plus que du sport. Il y a beaucoup d’enjeux autour. Il y a des conséquences économiques. C’est aussi un phénomène social. C’est de la géopolitique parce qu’avec le football, on peut réussir des actions diplomatiques. Voilà pourquoi je fais la part des choses entre la passion et l’intérêt pour le foot », a-t-il reconnu.

Le directeur de publication de Lefaso.net dit ne pas comprendre néanmoins, tous les milliards qui sont mobilisés pour ce sport. Alors que « ceux qui utilisent leurs têtes gagnent 100 fois moins. Je trouve cela très scandaleux pour notre société » a-t-il tambouriné.

Alex Somé dit ne pas être complexé par le fait de ne pas être un fan du football. Il voit cela comme « une démarcation parce que je ne suis pas comme les autres. Je vois cela plutôt comme un aspect positif. Je n’aime pas être comme les autres. Les gens nous trouvent différents parce qu’il est difficile pour eux de nous comprendre. Je partage le même sentiment envers eux. Pendant le match, lorsque je vois comment les gens s’emportent, cela est atypique pour moi. Je me demande comment on peut en arriver là. Je ne comprends pas comment on peut s’énerver parce que quelqu’un est en train de jouer. Ce n’est pas toi qui joue », s’est-il questionné en riant.

Gérard est un amoureux de la lecture et du piano

Quant à Gérard, il s’étonne car, « par exemple dans les discussions avec des personnes du secteur informel, j’ai constaté qu’ils ont une maîtrise du football. Lorsque j’ai échangé avec un mécanicien ou un commerçant, je me suis rendu compte qu’ils ont une connaissance tellement précise des évènements footballistiques tels que l’actualité, la vie des joueurs, leurs clubs, les coûts des transferts. Cela m’a émerveillé. Les gens sont très engagés et passionnés par ce divertissement » a-t-il dit impressionné.

Malgré l’indifférence qu’ils ressentent pour le ballon rond, les trois hommes disent soutenir les Etalons aux différentes compétitions auxquelles ils participent par devoir de « patriotisme » sans pour autant baigner dans l’exagération.

Samirah Bationo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 janvier à 14:15, par LePrince En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Je suis dans le même lot que ces monsieurs. Je supporte les étalons par patriotisme.

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  • Le 30 janvier à 16:41, par COB En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Je ne suis pas fan de football, mais j’aime bien la chasse dans la brousse profonde et bien sûr les armes de chasse.

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  • Le 30 janvier à 21:11, par Renault HÉLIE En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Bienvenue au club, welcome to the club.
    J’ai toujours DÉTESTÉ le foot, et surtout l’enthousiasme comique des supporters, qui va souvent jusqu’à la violence. J’ai hérité cela de mes parents.
    J’ai souvent vexé des parents et des amis invités à dîner en refusant catégoriquement d’allumer la télé lors de grands matches.

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  • Le 31 janvier à 09:40, par kwiliga En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Le foot a été créé et règlementé en Angleterre au cœur du XIX° siècle, en plein rayonnement de l’empire colonial, il nous a ensuite été importé, comme la langue, la culture, la religion,...
    Aujourd’hui, il porte tous les symptômes de l’impérialisme capitaliste, sur les plans économiques, sociaux,...
    De même que "Gérard", j’ai constaté à quel point de très nombreuses personnes au Faso "ont une connaissance tellement précise des évènements footballistiques tels que l’actualité, la vie des joueurs, leurs clubs, les coûts des transferts..." ils sont souvent fanatiques supporters de clubs étrangers qu’ils sont incapables de situer géographiquement et, même traduits en CFA, ils ont du mal à estimer les salaires et prix de transferts de leurs idoles, tellement ces sommes mirobolantes les dépassent...
    C’est bien dommage, ils feraient mieux de s’intéresser sérieusement à l’économie et à la géopolitique nationale et internationale... mais bon...
    Le "panem et circenses" de Juvénal a été aujourd’hui remplacé par : du riz et du foot. Des impérialistes occidentaux aux dictateurs locaux, tout le monde le pratique, ça semble plutôt bien fonctionner, puisque pendant la CAN, on quitte la CEDEAO, on reçoit des militaires/mercenaires ? russes, on tente d’enlever le président de la CGTB,...

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  • Le 31 janvier à 10:37, par Diongwale En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Le football n’est pas qu’une distraction, il est devenu "la" religion dominante. Raison pour laquelle je la déteste autant que les autres religions importées, mais je suis toutes les CAN pour voir de beaux corps musclés et la chair à l’entre-jambes ballotter dans les shorts ! Sinon, l’hystérie collective que déclenche ce genre d’événement est consternante.

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  • Le 31 janvier à 13:10, par L’étudiant noir En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Ah nous sommes nombreux alors ! Je pensais que j’étais bizarre parce que si ce n’est que moi,le football n’allait pas exister.Me payer ou me forcer de suivre un match serait me torturer.Alors formons une équipe des gens qui n’aiment pas le football 😆😆😆. Bonjour à vous.

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  • Le 31 janvier à 18:49, par Alpha2025 En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    À vrai dire, je trouve que notre engouement pour le foot a quelque chose d’irrationnel. À l’heure des matches, les rues sont vides, ainsi que les bureaux. D’ailleurs on fait des aménagements d’horaires pour que tous puissent suivre en ayant bonne conscience. L’état debloque des budgets importants qui pourraient utilement être investis ailleurs pour que le pays puisse participer, et autant pour que les téléspectateurs puissent suivre les matches. Et surtout qu’ IB ne se hasarde pas à ne pas débloquer les fonds nécessaires au motif "d’effort de paix" ! Il sait que s’il le fait, les rond-point se videront comme par magie.

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  • Le 2 février à 22:28, par SANKARA En réponse à : Burkina : A la rencontre de ces hommes qui n’aiment pas le football

    Un jour quand j’ étais à l’université, notre professeur a dit : ce soir y a pas cours. Étalon joue

    Alors que le football n’apporte rien comparativement à la diffusion du savoir

    Malheureusement
    Un seul joueur prend souvent le salaire de plusieurs professeurs d’université

    Notre développement ne peux donc être que ajourné

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