Elle a commencé silencieusement en début d’année avec quelques cas. Puis l’épidémie de dengue a connu une envolée avec l’arrivée de la saison pluvieuse, notamment au mois d’août 2023. Le 11 août 2023, une note du directeur des services médicaux et techniques du CHU Souro Sanou informe le personnel de l’hôpital que le nombre de cas de dengue augmente au sein de la population et des agents de santé. Il invite de ce fait à renforcer la surveillance. Cette note aura pour conséquence d’attirer l’attention des populations sur l’épidémie.

Au mois de décembre 2023, les derniers chiffres sur la dengue font ressortir 141 789 cas suspects, dont 65 480 cas probables et 695 décès. Selon Dr Joseph Soubeiga, directeur du CORUS, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso enregistrent les plus nombreux cas. « Les régions du Centre et des Hauts-Bassins ont enregistré 82,76% de cas suspects et 83,90% de cas probables », indiquait Dr Soubeiga lors d’un point de presse animé le 23 novembre 2023.

Devant cette épidémie soudaine, le ministère de la Santé et de l’hygiène publique a développé diverses stratégies. Ainsi, outre la sensibilisation et la communication pour mieux faire connaître cette maladie virale pour laquelle il n’existe pas de traitement spécifique et les moyens de s’en prémunir, une campagne de lutte anti larvaire a été lancée. La composante « élimination des gites larvaires à l’intérieur des concessions » lancée le 18 août 2023 a permis d’éliminer plus de 700 000 gites en deux passages dans les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso avec l’aide de 15 000 agents de santé à base communautaire. En plus de la destruction des gites au sein des domiciles, une pulvérisation spatiale a également été menée à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso par des véhicules motorisés et des drones pour les endroits inaccessibles aux véhicules. Débutée le 10 octobre, la pulvérisation spatiale a touché rien qu’à Ouagadougou, environ 200 sites publics. Elle a été étendue progressivement aux autres villes.

Le test de diagnostic rapide de la dengue a aussi été rendu gratuit dans les formations sanitaires. Ces tests sont destinés à ceux présentant les signes de la maladie et non pour tous ceux qui en font la demande.

Le ministère de la Santé a également travaillé au renforcement des capacités des prestataires sur les directives de diagnostic et de prise en charge de la dengue, à la diffusion des directives et du guide de prise en charge de la dengue. D’autres actions concernent la dotation en intrants (médicaments, consommables) pour la prise en charge des cas au niveau des hôpitaux et le déploiement des tentes pour augmenter la capacité d’hospitalisation au CHU Yalgado, au CMA de Pissy, au CMA de Kossodo, au CM de Saaba et au CHR de Koudougou.

Des cas de chikungunya à Pouytenga

Alors que la dengue sévissait essentiellement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, on apprendra que la ville de Pouytenga, elle, faisait face au Chikungunya. Le 03 septembre 2023, le Laboratoire national de référence des fièvres hémorragiques virales (LNR-FHV) a notifié un premier cas confirmé de chikungunya dans le district sanitaire de Pouytenga. Cette maladie est également transmise par le moustique et a des symptômes similaires à ceux de la dengue. A la date du 19 novembre 2023, le Burkina enregistrait 238 cas de chikungunya et fort heureusement aucun décès. Le district sanitaire de Pouytenga dans la région du Centre-est a enregistré 221 cas soit 93,2%. Dix cas ont été identifiées à Ouagadougou, un à Zorgho, deux cas à Bobo-Dioulasso, et quatre cas à Koudougou.

Outre l’épidémie de dengue qui aura marquée cette année 2023 et endeuillée de nombreuses familles et les cas de chikungunya enregistrés, on note la tenue de la campagne de chimio-prévention du paludisme saisonnier au profit des enfants de moins de 5 ans, qui a permis de toucher 4 500 000 enfants de 3 à 59 mois sur toute l’étendue du territoire. On peut également mentionner l’acquisition de trois IRM au profit des CHU Yalgado, de Bogodogo et Souro Sanou.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net