Burkina / Insalubrité : Un dépotoir de boues de vidange de WC à ciel ouvert à Tanghin (Ouagadougou)
A Ouagadougou, des excréments sont tirés chaque jour des fosses d’aisance des familles. Cependant, certains vidangeurs ont trouvé comme solution de facilité d’aller les déverser dans des zones fortement habitées. C’est ce qui se passe quotidiennement dans une zone à proximité du marché appelé « Énergie Yaar », sis au quartier Tanghin, dans l’arrondissement 4 de la capitale burkinabè.
Nous sommes à Tanghin, un quartier situé dans la partie nord-est de Ouagadougou, entre la clinique Notre Dame de l’Espérance, le marché « Énergie Yaar », l’Université libre du Burkina (ULB) et plusieurs autres établissements primaires et secondaires. Les vidangeurs déversent des excréments humains dans cette zone chaque jour, sous le regard impuissant des riverains.
Certains commerçants disent qu’à partir d’une certaine heure, il est presque impossible de respirer dans cette zone. Ce, à cause des odeurs du dépotoir. Mais pour eux, les personnes les mieux indiquées pour dénoncer le comportement des vidangeurs, sont les propriétaires des parcelles.
« Les propriétaires des parcelles viennent ici chaque fois, ils voient les déchets mais ils ne disent rien. Voyez-vous qu’un grand bâtiment est construit à côté. Si ces personnes ne trouvent pas d’inconvénients, qu’est-ce qu’on peut dire ? Nous autres qui venons chercher notre gagne-pain », a indiqué Moussa Compaoré, mécanicien qui exerce dans les parages.
Selon une commerçante qui requiert l’anonymat, « Entre 10h et 14h, les véhicules défilent ici pour venir vider les excréments. Nous sommes ici avec nos enfants. Nos enfants sont tout le temps malade à cause des odeurs. Moi-même j’ai permanemment des ballonnements à cause des odeurs ».
Pour elle, ce sont ce genre de dépotoir en centre-ville qui sont à l’origine de certaines maladies comme l’épidémie de la dengue. Elle invite les propriétaires à venir occuper leurs parcelles pour mettre fin à cet incivisme.
La commerçante Assèta Nikièma dit aussi souffrir à cause des odeurs. « Quand ils passent, je ne peux plus manger. Je reste dans la faim à cause des odeurs », a laissé entendre la jeune dame.
Rencontré sous un arbre à proximité du dépotoir, Sayouba Zongo dit qu’il ne supporte pas les odeurs. Et condamne le comportement des vidangeurs. Cependant, il sillonne l’endroit pour ramasser les bouteilles et autres objets pour aller les vendre. Interrogé sur l’hygiène des bouteilles, le jeune homme dit qu’il ne cautionne pas le comportement des vidangeurs.
Mais il cherche à survivre grâce à son commerce.
A la mairie de l’arrondissement 4, les personnes habilitées à nous donner des informations sur la manière dont l’hygiène de l’arrondissement est gérée sont en congés, nous a-t-on assuré. Mais un agent de la police municipale avec qui nous avons échangé a fait savoir que les agents de la mairie n’étaient pas informés de l’existence d’un dépotoir à ciel ouvert dans leur zone. « Nous ne sommes pas au courant ; sinon nous allions mener des enquêtes et prendre ces personnes. Généralement, pour ces cas, ce sont les riverains qui dénoncent les auteurs. Mais pour ce cas, nous n’avons reçu aucune plainte », a argué l’agent.
Rama Diallo
Lefaso.net