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Burkina : Le Réseau d’accès aux médicaments essentiels note une récurrence de la rupture des produits de la gratuité des soins

Publié le jeudi 9 novembre 2023 à 22h19min

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Burkina : Le Réseau d’accès aux médicaments essentiels note une récurrence de la rupture des produits de la gratuité des soins

Le Réseau d’accès aux médicaments essentiels (RAME) a sacrifié à la tradition en animant le jeudi 9 novembre 2023 une conférence de presse pour présenter le rapport alternatif de veille citoyenne 2022. Ce rapport fait l’état des lieux de l’accès aux soins de santé pour les maladies prioritaires au Burkina Faso.

Pour l’année 2022, l’Observatoire citoyen sur l’accès aux services de santé (OCASS) a pu collecter les données dans 825 formations sanitaires contre 710 en 2021, 64% des districts sanitaires touchés contre 56% en 2021. Et ce malgré la situation sécuritaire difficile que connaît le Burkina Faso. Plusieurs domaines sont pris en compte dans le rapport de l’OCASS. Il s’agit de la prise en charge des malades du paludisme, de la tuberculose et du VIH, de la mise en œuvre de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans et de la planification familiale, les interventions des agents de santé à base communautaire, la mise en œuvre de l’assurance maladie universelle dans les zones pilotes, le fonctionnement global et la gouvernance des formations sanitaires et les droits humains et les populations clés.

A en croire Ali Wali, responsable suivi-évaluation au RAME, plusieurs points positifs ont été relevés par l’OCASS en 2022. On note ainsi entre autres que 98% des personnes vivant avec le VIH rencontrées étaient à jour de leurs examens charge virale contre 92,67℅ en 2021, 97% des patients consultés pour paludisme ont bénéficié d’un test de diagnostic rapide. 96% des usagers rencontrés affirment que l’Agent de santé à base communautaire (ASBC) a toujours été disponible et 99,7% des centres de santé visités avaient au moins un gérant de dépôt de médicaments essentiels génériques.

Ali Wali, responsable suivi-évaluation au RAME

Le RAME félicite également le ministère de la Santé et de l’hygiène publique pour ses efforts dans la résolution des dysfonctionnements lorsqu’il est interpellé. En ce qui concerne la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, 99,5% des usagers affirment que leurs motifs de visite ont été satisfaits. Le rapport indique également que 75% des personnes enrôlées pour bénéficier de l’assurance maladie universelle ont pu avoir leurs cartes pour leur prise en charge dans les centres de santé conventionnés.

Difficultés

Les conférenciers du jour ont tenu à féliciter les agents de santé, qui malgré la situation sécuritaire du pays, font preuve de résilience pour offrir des soins aux populations. Malgré leurs efforts, des dysfonctionnements existent et méritent que les autorités sanitaires s’y penchent. Au nombre de ces difficultés, on note que le niveau de fréquentation des enfants de moins de 5 ans pour la vaccination est passé de 29% en 2021 à 24% en 2022, soit une baisse de cinq points. 11% des accompagnants des enfants et 6% des femmes enceintes rencontrés affirment n’avoir pas reçu gratuitement tous les médicaments et pour 81%, ce sont des ruptures de médicaments.

Le rapport révèle également que 66% des responsables de formations sanitaires avouent ne pas intégrer les besoins des ASBC dans leurs commandes, 3% des ASBC n’ont pas reçu leurs pécules au cours de l’année 2023. Des ruptures de molécules ont aussi été constatées dans 39% des centres de santé visités, etc. 2,23% des usagers disent n’avoir pas été satisfaits des prestations à cause du long temps d’attente, des ruptures de médicaments, des paiements à tort et du mauvais accueil du personnel de santé.

Les journalistes présents à la conférence de presse

Recommandations

Face aux nombreux dysfonctionnements relevés, le RAME fait de nombreuses recommandations aussi bien à l’endroit du ministère de la Santé, que d’autres acteurs. Il recommande ainsi entre autres que les autorités sanitaires interpellent les formations sanitaires sur les principes d’utilisation des tests de diagnostic rapide du paludisme et éviter les dépistages systématiques avant les consultations, d’accroître l’implication des acteurs communautaires dans le suivi et le traitement des malades de tuberculose à travers un système de prise en charge communautaire et d’instituer des sanctions fortes pour décourager les cas de rackets, de détournement des produits des patients et des ventes parallèles des produits de la gratuité des soins.

Il appelle le ministère de la Santé à travailler à assurer l’effectivité de la mesure de gratuité totale de l’examen de la charge virale dans toutes les structures publiques et conventionnées. En effet, il ressort du rapport que, 2% des personnes vivant avec le VIH demandeurs de l’examen de charge virale ont affirmé avoir payé un montant variant entre 3 000 et 4 000 F CFA pour réaliser l’examen. Il suggère également de rendre obligatoire la prise en compte des besoins des ASBC dans les approvisionnements et de faire un recyclage de tous les ASBC.

Le RAME dispose par ailleurs d’une ligne verte où il est possible de signaler tout dysfonctionnement dans les formations sanitaires. Il s’agit du 80001120.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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