9e congrès de l’Ordre des pharmaciens : Les acteurs invités à développer des structures locales de production de médicaments
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« Résilience du système pharmaceutique burkinabè : contexte, défis et perspectives ». C’est sous ce thème que l’Ordre national des pharmaciens du Burkina Faso a lancé son 9e congrès ordinaire à Ouagadougou, ce vendredi 3 novembre 2023. Patron de la cérémonie, le président de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Ousmane Bougouma, a appelé les pharmaciens à développer davantage de solutions endogènes pour une souveraineté nationale dans le secteur pharmaceutique.
Évènement majeur qui marque la vie de l’Ordre national des pharmaciens du Burkina Faso, ce 9e congrès ordinaire, placé sous le haut-patronage du président de l’ALT, Dr Ousmane Bougouma, et la présidence du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Lucien Robert Kargougou, a réuni les pharmaciens des différentes contrées du Burkina Faso et de la sous-région, pour réfléchir autour du thème « Résilience du système pharmaceutique burkinabè : contexte, défis et perspectives ». Il s’agira également de procéder au renouvellement des membres du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens du Burkina Faso, l’instance dirigeante sur le plan national.
Pour le président de l’Ordre national des pharmaciens du Burkina Faso, Dr Alfred Sandouidi, conformément au thème, l’Ordre entend mener la réflexion sur la contribution du pharmacien dans le contexte sécuritaire actuel du pays. Il s’agira clairement, selon lui, de trouver les voies et moyens pour approvisionner les populations des zones touchées par l’insécurité en produits pharmaceutiques. « Les populations, notamment dans les zones à haut défi sécuritaire, ont des difficultés liées à leur accès aux médicaments. Donc, nous devons mutualiser nos efforts et partager les expériences des uns et des autres pour retrouver les meilleures stratégies pour assurer un approvisionnement soutenu et régulier de ces populations, parce qu’il ne faut pas que cette population soit victime d’une double peine. Déjà qu’ils ont des difficultés liées au contexte sécuritaire, surtout qu’il y a pas mal de populations en situation de déplacés internes, donc il faut tout faire pour qu’elles aient leurs médicaments, notamment en ces moments où la dengue et le paludisme sévissent », a souligné Dr Sandouidi.
L’autre grand point qui sera développé lors de ce grand rendez-vous, c’est l’industrialisation locale. En effet, le moment est venu, selon le premier responsable de l’Ordre des pharmaciens, de mettre en place des structures de production de produits pharmaceutiques sur pied au Burkina, pour instaurer une souveraineté sanitaire. « L’idée majeure, c’est que nous devons acquérir notre souveraineté pharmaceutique et pour cela, il faut investir dans la production locale (...). La situation sanitaire actuelle sonne comme une piqûre de rappel parce que nous avons vu pendant la Covid-19 où les pays étrangers se sont barricadés, et nous avions des difficultés d’approvisionnement », témoigne-t-il.
Le patron de la cérémonie, Dr Ousmane Bougouma, président de l’ALT, dit être venu saluer le travail de l’Ordre national des pharmaciens et dire toute son attention par rapport aux conclusions qui ressortiront de ce 9e congrès afin de voir comment, ensemble, ils pourront explorer des pistes de décisions pour travailler à ce que les produits soient disponibles partout au Burkina Faso. Il a encouragé les pharmaciens à développer des initiatives dans le sens de cette production locale de médicaments, pour soutenir les actions de développement endogène et de souveraineté nationale menées par les dirigeants actuels.
« Nous voulons saisir l’opportunité pour appeler l’Ordre des pharmaciens à développer davantage de solutions endogènes afin que la souveraineté que nous recherchons puisse aussi s’exercer à ce niveau, c’est-à-dire que nous puissions aussi avoir une souveraineté au niveau sanitaire », a lancé l’enseignant-chercheur, Dr Ousmane Bougouma.
Du côté des pharmaciens, ils ont sollicité l’accompagnement du politique pour y arriver. « Avec une politique nationale optimiste et vigoureuse en matière de production locale, on pourra se soigner allègrement au Burkina Faso », foi du président de l’Ordre national des pharmaciens, Dr Alfred Sandouidi. Déjà, les apothicaires appellent à l’adoption d’un nouveau code de santé publique, car celui de 1994 est, disent-ils, « obsolète et inopérant ».
Dans son discours de lancement, le président de la cérémonie, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Robert Kargougou, représenté par le ministre de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques, Aminata Zerbo/Sabané, a félicité les pharmaciens pour les efforts déjà fournis dans la fourniture de médicaments de qualité. Il leur a assuré également de la sérénité avec laquelle le département de la Santé attend les conclusions de ce congrès pour diligenter. « Mon département sera à l’écoute des recommandations pertinentes qui sortiront », a-t-il annoncé.
Des acteurs de la pharmacie décorés
La cérémonie d’ouverture du congrès de l’Ordre des pharmaciens a été l’occasion pour le patron et la représentante du président de la cérémonie de visiter les stands d’exposition de produits pharmaceutiques. Pendant une trentaine de minutes, Dr Ousmane Bougouma et sa délégation ont arboré les différents stands pour toucher du doigt les efforts des pharmaciens burkinabè en matière de production locale. À l’issue de la visite, le président de l’ALT a félicité les pionniers de la production locale qui, par leurs actions, ont permis au Burkina de fabriquer déjà quelques produits sur son sol. « Je voudrais profiter de votre micro pour saluer le travail formidable qui a été dit par un célèbre phytothérapeute, le Dr Dakuyo. Lors des visites, nous avons vu que son travail se poursuit (ndlr : Dr Zéphirin Dakuyo a tiré sa révérence le 15 octobre dernier). D’autres pionniers ont vu leurs efforts récompensés par des distinctions de la grande chancellerie. Au total, six pharmaciens ont été élevés au rang de chevalier de l’ordre de mérite burkinabè.
Ce neuvième congrès sera l’occasion pour les pharmaciens de renouveler le bureau de l’Ordre national. Le président, Dr Alfred Sandouidi, au terme d’un deuxième mandat, passera le témoin à un de ses confrères pour présider la destinée des pharmaciens dans les nouveaux défis qui se profilent à l’horizon.
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